Impressionnant de voir qu'après 3 films sur le même sujet, les studios
Pixar nous ont toujours fourni de la qualité. Les trois
opus de
Toy Story fourmillent d'idées ingénieuses, d'humour et de sensibilité. Tous les personnages sont drôles et le duo de tête est tout
simplement génial.
Woody le cow-boy est peut-être même celui qui s'avèrera le moins drôle d'entre tous, son rôle est plus émotionnel car c'est presque
systématiquement lui qui va nous émouvoir. Quant à
Buzz, c'est bien lui qui amuse à chaque fois. Le spationaute fier et sûr de lui n'a pas fini de nous faire
rire aux éclats. On aurait pu penser qu'une fois le premier volet terminé,
Buzz aurait perdu en charisme car c'est le fait qu'il soit persuadé d'être un
ranger de l'espace qui le rend marrant. Mais là encore,
Pixar regorge d'ingéniosité pour nous faire retrouver à chaque fois ce
Buzz un peu naïf. C'est malin et c'est toujours bien amené. Quoiqu'il en soit les trois volets nous amènent tous à une réflexion sur les jouets et rendront nostalgiques
les plus sensibles. A voir au moins une fois dans sa vie (au moins).
Toy Story
Le premier volet avait déjà tout pour lui. Le principe de
Toy Story, en 1996, est vraiment
inventif : "
Et si les jouets étaient vivants ?". En apparences, il est consacré aux enfants mais ravira finalement les
spectateurs de tous âges, même ceux qui se cachent derrière des "
pouah, un dessin animé, c'est débile et c'est pour les gosses
!". Il est difficile de ne pas retomber en enfance devant
Toy Story, qui est à voir avec des yeux de gosse. Pas d'humour bas de
gamme pour faire rire les gamins, non, ça va plus loin que ça grâce à des personnages auxquels on s'attache immédiatemment. Parce que c'est beau d'avoir un scénario de base en béton, encore
faut-il tenir derrière. La présentation des jouets est ravissante et on découvre un monde qu'on n'aurait pas soupçonné : des dizaines de jouets et gadgets qui n'ont qu'une seule peur : être
abandonnés par leur propriétaire, ne plus être aimés. Dans la chambre d'
Andy se trame un véritable univers caché. Les jouets sont unis, solidaires et
Woody le cow-boy se trouve être le jouet préféré d'
Andy. Mais c'est l'anniversaire de ce dernier et tous ont la même peur
qui les tiraille chaque année : quels cadeaux va-t-il recevoir ?
Woody est celui qui a le plus à perdre car tous les ans, il redoute l'arrivée d'un jouet qui
soit meilleur que lui. Les petits soldats en plastique sont donc en mission et racontent en direct le déballage des cadeaux à leurs camarades. Et ce qui devait arriver arriva : un tout nouveau
jouet,
Buzz l'Eclair, prend la place du malheureux cow-boy.
Le principe est assez bon, car l'astronaute est à mourir de rire. Il est persuadé d'être un vrai ranger de l'espace né dans le but de neutraliser
le méchant
Empereur Zurg.
Woody, agacé et jaloux par l'attraction que fait ce nouvel arrivant, même aux yeux de ses amis,
va tout faire pour le remettre à sa place et lui faire comprendre qu'il n'est qu'un jouet inutile. Bref, je vais pas résumer tout le film mais c'est exactement ce qui fait tout l'humour de ce
premier volet :
Buzz. Cet aventurier a été conçu pour ne jamais avoir peur, pour voler et lancer des lasers, mais ne se rend pas compte qu'il n'en est rien.
C'est ce qui le rend drôle au début, surtout avec sa petite tête rondouillarde, son gros menton et sa naïveté. Mais également attachant et triste lorsqu'il constatera avec effroi que
Woody a raison sur toute la ligne. La chanson "
Je suis ton ami" est franchement pleine d'émotion et de
tristesse, dans une faible mesure comparé à ce que va nous offrir
Toy Story 3 mais quand même. Le film aborde également un sujet qui est
censé toucher les enfants : il faut prendre soin de ses jouets. C'est un constat qui fera la morale des trois volets et le propos est saisissant. En humanisant les jouets et en les rendant
sensibles, plein de sentiments, Pixar nous touche. Dans cet épisode, le grand méchant est un être humain,
Sid. Un gosse sadique qui adore torturer ses jouets,
mal lui en prendra.
Quoiqu'il en soit, ce monde animé est touchant et les personnages en font la force. On ne peut que rire des malheurs de
M.Patate, des inepties de
Rex le gentil tyrannosaure, de
Bayonne le cochon-tirelire.
Zig-Zag, avec son regard de chien battu, nous émeuvera de temps à autres. Et que dire des petits hommes verts et de la cultissime scène du grappin ? Ca
restera longtemps en mémoire et on ne s'en lasse pas. Bref, ce film est une merveille.
Toy Story 2
Ce deuxième opus est, à mon goût, le plus faible scénaristiquement parlant, mais de peu. Sorti en 1999, le film donne surtout l'occasion d'inverser les
rôles entre
Buzz et
Woody. Le cow-boy ayant sauvé la vie de l'astronaute dans
Toy
Story, c'est maintenant au tour de
Buzz de lui rendre la pareille. En effet,
Woody se fait enlever par un
vilain brocanteur en voulant sauver
Siffly le mignon petit pingouin. Ce que j'ai trouvé dommage dans ce volet, c'est toute l'histoire du passé de
Woody. En fait, je n'ai pas aimé le passage où il découvre qu'il était le héros d'une série TV, que c'est une star et qu'il a un choix à faire entre le musée et
Andy. Les nouveaux personnages (à part
Pile Poil mais on ne le voit pas beaucoup) ne sont pas particulièrement
attachants, en particulier
Jessie, la cow-girl pas très amusante. L'histoire de ce nouveau personnage est pourtant intéressante car ça annonce un peu le
troisième volet et l'évolution d
'Andy vers l'âge adulte. Cependant, le passé de
Jessie n'est absolument pas touchant, le
pompon pour la chanson du film atrocement lourde et sans originalité. A ce compte là,
Toy Story 3 a eu raison de ne pas renouveller l'idée de
la séquence musicale. On ne peut pas égaler le "
Je suis ton ami" du premier volet, en tout cas c'est difficile, et ce n'est pas avec
ces vers poussifs que la saga allait relever le défi.
Cependant, outre ce passage, le reste du film est un pur bijou. Le concept du "allons sauver notre ami" et de la solidarité entre jouets est toujours
présent mais ça n'est pas redondant. Le seul souci pour les scénaristes était de rendre
Buzz aussi drôle que dans
Toy
Story. Pour ceci, ils ont eu le nez fin en arrivant à la conclusion suivante : si
Buzz n'est plus dans son délire d'aventurier spatial, il
perd beaucoup de son charme. Ainsi, ils ont eu recours à une idée fabuleuse : introduire un deuxième
Buzz l'éclair. On s'amuse alors à voir que ce deuxième
Buzz a exactement les mêmes réactions que son prédecesseur et c'est franchement hilarant. Ses répliques sont toutes à mourir de rire, comme lorsque
Rex demande "
Pourquoi on prend pas l'ascenseur ?" et qu'il lui répond en escaladant
"
Parce qu'ils n'attendent que ça !". En plus de ça, un autre personnage débarque dans l'univers de
Toy Story :
Zurg, l'ennemi juré de
Buzz l'éclair. Ce qui me donnera l'un de mes
gros fous rires de la journée avec la référence désopilante à
Star Wars (clin d'oeil inaccessible aux enfants mais qui réjouira les grands,
ce qui fait toute la subtilité de la saga). Lorsque
Buzz dit à
Zurg "
Vous avez tué mon père !" puis que celui-ci répond "
Non Buzz, je
suis ton père", je n'ai pas pu retenir mon rire, surtout que
Buzz crie à la façon de
Luke Skywalker avec la musique et tout ce qui va avec, ce qui nous donne une scène des plus absurdes, mais qu'est-ce que c'est bon ! De même lorsque
Buzz fait joujou avec son père en criant "
Ah ça c'est mon papa à moi, youpi !", bonne partie de rigolade. Et le film
fourmille de références, comme à
Jurassic Park et
Goldfinger, mais surtout à
Star Wars (ça n'arrête pas).
En plus de ça, le scénario est relativement imprévisible et c'est ça qui en fait un film de qualité. Par exemple, lorsque
Woody se fait repeindre par-dessus le "ANDY" sous sa botte, on imagine directement que ce détail va lui attirer beaucoup d'ennuis, surtout au coeur d'une fabrique de
jouets. Il n'en sera rien puisque c'est
Buzz qui fera l'objet d'un quiproquo assez marrant (lorsqu'il désactive le casque du deuxième
Buzz l'éclair qui se met à suffoquer, j'étais plié de rire). Bref, ce volet est pour moi le plus faible car il n'apporte pas grand chose à l'histoire de
Toy Story et que la rencontre entre
Woody et son "ancienne famille" est barbante (ah oui et les jouets qui
conduisent la voiture c'est légèrement grotesque et pas très fin mais bon). Mais à part ça, rien à dire, j'ai pris mon pied avec des multitudes de tranches de rire et sans ce passage, j'aurais
largement préféré
Toy Story 2 à
Toy Story. Mention spéciale aux bonus/bêtisier lors du
générique final, une excellente idée pleine d'humour bien senti.
Toy Story 3
Et on finit donc avec ce qui est pour moi le grand chef d'oeuvre de
Pixar dont j'attendais
beaucoup moins.
Toy Story est une saga qui ne s'essouffle pas et qui gagne en qualité pratiquement à chaque volet, et c'est une chose assez
rare pour être soulignée. J'ai eu un peu peur au début avec le pitch de ce film de 2010, car je me disais qu'en introduisant le concept de la garderie pour enfants ça allait être terriblement
chiant. Et bien absolument pas. En fait, ce que je craignais, c'est que
Pixar nous montre nos héros préférés entrain d'essayer d'échapper aux
griffes des gamins terrifiants. Mais pas du tout puisque finalement, les grands méchants de ce troisième volet ne sont plus des humains mais d'autres jouets avec l'affreux nounours parfumé à la
fraise,
Lotso, ce qui change un peu et nous prend encore à contrepied.
La grande force de ce film est de nous montrer un
Andy qui a grandi. Le gamin est maintenant un adulte qui part
pour l'université et a délaissé ses vieux jouets depuis longtemps, au fond d'une malle.
Woody, Buzz et leurs compagnons vont tout faire pour attirer son
attention mais rien n'y fera. Résultat : on se prend de pitié pour tous ces pauvres jouets abandonnés, avec qui on ne joue plus. C'en est même nostalgique.
Toy Story 3 est plus sombre donc, plus triste, et c'est ce qui fait sa très grande puissance émotionnelle. A présent, on commence à bien connaître nos
héros et il aurait été nul de nous resservir une troisième fois la même sauce. Je me demandais pourquoi le film était autant encensé partout et la curiosité m'a donc gagné : je l'ai vu et je ne
suis pas déçu. Une pure merveille inattendue. Le début du film nous replonge dans la nostalgie de
Toy Story en nous montrant un petit film de
Andy gamin, sur fond de "
Je suis ton ami" (oui bon, j'adore cette chanson !). Ca fait bien le
parallèle avec la nouvelle situation assez désespérante pour les jouets : leur propriétaire ne s'occupe plus d'eux et nombre d'entre eux ont disparu (en particulier la bergère et le tableau
électronique). Le film commence à nous surprendre lorsque
Andy doit trier ses jouets dans trois cartons distincts : ceux qu'il emmène à l'université, ceux
qu'il met au grenier, et ceux qu'il jette. Entre
Woody et
Buzz, il choisit alors de garder
Woody et de mettre
Buzz au grenier, qui personnellement m'a mis sur le cul et m'a frappé. Voir ainsi l'incompréhension de
Buzz face à ce rejet est triste.
Bref, tout le film est génial en terme d'humour, notamment lorsque
Buzz est "réinitialisé", encore un coup de
maître de la part des scénaristes pour rapprocher le personnage des débuts de la saga et le rendre franchement drôle. Certains ont trouvé débile et inutile le fait de faire passer le cosmonaute
en mode espagnol, mais personnellement ça m'a fait mourir de rire pendant 10 bonnes minutes (sérieux). Plusieurs répliques sont vraiment drôles, comme le cochon-tirelire "
Venez, allons voir ce qu'on vaut sur Internet". De même, le personnage de
Ken est tout simplement
énorme, bien travaillé et excellent dans sa relation avec
Barbie. Je ne m'y attendais pas. Encore une fois, les clins d'oeil abondent et ça fait rire. On
sourit de surprise lorsque le clown
Rictus nous fait un slam avec la voix de
Grand Corps Malade. La
référence à
Mission Impossible est bienvenue, mais aussi à
Toy Story, comme
l'apparition du méchant
Sid en éboueur, ou lorsqu'
Andy, à la fin, prend
Woody sur
ses épaules comme il le faisait quand il était petit.
Et c'est là que je me dois de parler de l'émotion dans
Toy Story 3. Ce film est
étonnament puissant car il nous ferait presque pleurer à deux reprises. La première, bien sûr, c'est lorsque nos héros, touchants, se retrouvent dans l'immense "four" où ils sont destinés à une
mort certaine. Il est rare qu'un dessin animé traite la mort de façon aussi violente psychologiquement parlant. Cette scène, où tous les jouets se prennent la main, acceptant leur triste sort,
est bouleversante. Leurs regards sont poignants (c'est con à dire pour des images de synthèse, mais c'est pourtant vrai) et on a envie de verser des larmes tandis qu'ils descendent doucement vers
les flammes, sur un fond de musique semblable à
Terminator. D'ailleurs, j'étais tellement à fond dans le truc que j'étais persuadé que ce
troisième volet se terminerait comme ça, avec la mort des personnages. Si ça avait été le cas, je pense que
Toy Story 3 n'aurait pas perdu en
qualité, car ça nous aurait donné un final de taré, du jamais vu dans l'ère du dessin animé. Cependant, il ne faut pas oublier que c'est un film d'animation, et qu'en tant que tel il est destiné
aux enfants. Dans un dessin animé, les héros ne doivent pas mourir. Mais très honnêtement, j'y ai cru. Et j'y croyais tellement, j'étais tellement prêt à pleurer, que l'apparition du "grappin
sauveur" m'a presque déçu, même si les petits aliens inversant les rôles sont à mourir de rire ! Mais bien évidemment, la fin de
Toy Story
n'est pas décevante loin de là. Elle restera dans les mémoires comme terriblement déprimante à cause d'une autre scène, encore plus triste. C'est celle du départ d'
Andy, bien sûr. Jamais un film pour enfants ne m'a fait cet effet, je pense. Le film nous laisse sur un sentiment de joie mêlée à une tristesse effroyable.
Andy abandonne ses jouets à un autre enfant et lui explique qu'il faut en prendre soin, car ils sont exceptionnels. C'est tellement poignant et bouleversant, pour ces
jouets qui, pour la dernière fois de leur vie, vont regagner toute l'estime de leur propriétaire et jouer une dernière fois avec lui. Le fait d'avoir fait rejouer
Andy avec
Woody, Buzz et compagnie est très fort car c'est finalement tout ce qu'ils attendaient depuis des années. Ca m'a
franchement marqué. De même, le départ d'
Andy en voiture, ajoutant un petit "
merci les
amis" est à pleurer. Bref, beaucoup d'émotion dans ce film, tellement que je n'en revenais pas moi-même. Vraiment un énorme chef d'oeuvre qui se conclut sur une image de ciel bleu
parsemé de nuages blancs, cette même image qui a ouvert le premier volet en 1995. Brillant.
Dialogue trouvé sur Pixar-Planet :
"Andy : Alors c'est toi Bonnie ? Je m'appelle Andy. Mon petit doigt m'a dit que tu aimais beaucoup les jouets. Ils sont à moi mais... je pars très loin
d'ici, et il faut que je trouve quelqu'un d'exceptionnel pour jouer avec eux. Elle c'est Jessie, la cow-girl la plus courageuse du far-west. Elle adore les animaux, mais son préféré, c'est son
copain Pile-Poil. Tiens. Lui c'est Rex, le plus méchant, le plus terrifiant des dinosaures de toute la Terre. Le couple Patate, Monsieur et Madame, faut jamais les séparer car ils sont follement
amoureux. Ce bon vieux Zig-Zag est le plus gentil de tous les chiens. Voilà Bayonne, il veillera sur ton argent de poche. Mais c'est aussi l'un des plus lamentables méchants de tout les temps :
l'affreux Docteur Côte de Porc. Ces petits hommes verts viennent tout droit d'une autre galaxie : Pizza-Planet. Et lui, c'est Buzz l'Eclair ! Le plus génial de tous les jouets ! Regarde ! Il peut
voler, et il lance des rayons laser. Il a juré de protéger la galaxie du maléfique empereur Zurg.
Buzz [voix robotisée] : Vers l'infini et l'au-délà
!
Andy : Alors il faut que tu me promettes de bien prendre
soin de ses jouets. Il compte beaucoup pour moi.
Bonnie : Mon cow-boy !
Andy : Woody ? Qu'est-ce qu'il fait là dedans ?
Bonnie : Il y a un serpent dans ma botte !
Andy : Quoi ?
Woody [corde vocale] : Il y a un serpent dans ma botte !
Andy : Tu sais, Woody, c'est mon meilleur ami depuis je ne me souviens même plus. Il est courageux, autant qu'un vrai cow-boy. Gentil et malin. Woody est
vraiment extraordinaire. C'est le plus fidèle de tous. Tu verras, il sera toujours à tes côtés, quoi qu'il arrive. Tu crois que tu peux t'en occuper à ma place ? Alors d'accord !
...
Andy : Merci les amis...
...
Woody : Bonne route, partenaire..."
En conclusion, cette saga est un pur bonheur visuel, humoristique, émotionnel et nostalgique. Je suis désespéremment fan et je ne pense pas être
tout seul ! Merci à
Pixar pour ce bijou mais également aux doubleurs qui sont absolument sensationnels.