Bieeen. Voici venu le temps des tops de l'année 2022. Et cette année, je me suis bien foiré. Malgré des résolutions, en janvier, maintenues jusqu'en août, je n'ai pas du tout accompli l'objectif que je m'étais fixé : voir 200 films dont 100 "imposés". Effectivement, je ne serai finalement pas parvenu à atteindre les 100% de mon objectif 2022, puisque le compteur est resté bloqué à 58% depuis cet été.
Malgré cette foirade de fin d'année que je ne dois (pratiquement) qu'à moi-même, je suis satisfait de mon bilan puisque j'ai quand même regardé 150 nouveaux films cette année, parmi lesquels quelques merveilles. Ce n'est pas ma meilleure année depuis la création du blog, loin de là, mais c'est quand même l'année du passage de ma liste de 300 à "400 films à voir absolument". Beaucoup de coups de cœur, donc, mais très peu concernent les films réellement sortis en 2022.
En effet, je ne suis presque pas allé au cinéma cette année car ce fut l'une des années les moins intéressantes depuis 10 ans, à mes yeux. Trop de suites... trop de franchises ont envahi nos salles. De plus, parmi toutes les sorties un minimum "originales", mes déceptions se sont enchaînées à une vitesse folle. Des films comme The Green Knight, Licorice Pizza, Men, Buzz L'Eclair, Nope, Don't Worry Darling, Les crimes du futur ou The Northman, que j'attendais pourtant comme des messies, pourraient se retrouver dans un flop 10 si j'avais choisi d'en faire un. Tout ceci a contribué à mon absence dans les salles ces 4 derniers mois et j'ai donc inévitablement raté des choses que je comptais pourtant aller voir. Exit, donc, un paquet de films qui se retrouveront, peut-être, dans mon top 2023.
Conclusion : sur les 20 films de ce classement (en réalité, ils sont 22), réalisé à partir des 150 films de tous genres et toutes époques que j'ai vus cette année, seuls 5 d'entre eux sont sortis en 2022. Pour les lecteurs qui ne sont intéressés que par ces films, j'ai tamponné les images d'un petit macaron "2022".
De manière assez surprenante, de nombreux films français apparaissent dans ce classement, et certains occupent même les meilleures places. En effet, dans le top 10, on trouve 5 films français, chose qui n'a jamais dû arriver précédemment sur le blog. Bref, c'est donc parti pour ce top 20, et je commence par un cas un peu particulier...
Spencer est un cas très particulier car le film est sorti en France en janvier 2022, mais sa sortie réelle en salles (notamment en Belgique) a eu lieu fin 2021. Certains savent peut-être déjà que Spencer a été mon coup de cœur ultime en 2021, au point de le placer directement dans mon top 50.
Du coup, ce magnifique film de Pablo Larraín était, l'an dernier, arrivé en première place de mon top 2021. Il se trouve, malgré tout, que la plupart des cinéphiles ont décidé d'intégrer Spencer dans leurs tops 2022, et j'ai donc choisi de l'y placer aussi. De cette façon, même si le film fait doublon sur le blog, j'appuie une nouvelle fois le doigt sur un fait indiscutable : Spencer m'a marqué pour longtemps. Cette année, il sera donc présent sous la bannière du "hors compétition", mais il ne fait aucun doute que le film aurait encore été en première place du classement cette année, juste devant Annette.
Annette (2021), de Leos Carax, est sans hésitation le plus beau film que j'ai vu cette année. Je l'avais raté l'année dernière lors de sa sortie et je regrette amèrement de ne pas avoir pu le découvrir en salles. Il m'a surpris, fait vibrer, pleurer, frissonner. Outre sa BO d'une grande qualité (signée The Sparks), dont mes écouteurs et mon autoradio se souviendront longtemps, le film est un enchaînement de scènes et d'idées toutes plus folles les unes que les autres. Du cinéma, du vrai, au milieu de toutes ces merdes commerciales. Je l'ai regardé en avril et le film m'a hanté pendant plusieurs mois. L'article complet par ici.
Parmi toutes les oeuvres qui m'ont ému aux larmes dans ma vie, rares sont celles à avoir atteint l'intensité de Papa (2004). Ce film de Maurice Barthélémy, du haut de ses 1h10, est un petit bijou d'émotion. Alain Chabat, dans une retenue délicieuse, trouve ici le meilleur rôle de sa carrière, et de loin ! Le film est un road trip bourré de non-dits entre un père et son fils et je préfère ne pas en dire plus : il faut absolument le découvrir sans savoir de quoi il en retourne. En tout cas, ça m'a retourné de manière progressive jusqu'à un final d'une grande tristesse et mélancolie. La dernière scène, effectivement, m'a obsédé pendant plusieurs semaines, à tel point que j'ai eu beaucoup de mal à enchaîner sur d'autres films par la suite. J'en parlerai plus en détails dans mon top "scènes 2022". Article complet.
Concernant 2022, mon énorme cœur de l'année est passé totalement inaperçu. Du cinéma comme je l'aime. Intrigué par l'affiche et par le thème de la dépression post-partum (très peu abordé au cinéma), j'ai lancé A mouthful of air (Le souffle coupé, en français) sans réellement savoir à quoi m'attendre lorsqu'il est sorti en VOD en janvier. Résultat : j'y ai trouvé des scènes inattendues, parfois d'une grande émotion. Le film est admirablement réussi et parvient à merveille à nous faire plonger dans l'enfer mental de cette jeune femme que la naissance d'un enfant vient bouleverser complètement. La séquence d'introduction, notamment, est la chose la plus marquante que j'ai vu en 2022. Presque un an plus tard, j'en ai encore des frissons. Article complet.
Depuis le temps qu'on me dit de regarder Le Scaphandre et le Papillon (2007), j'avais mis la barre très haut. Malgré ça, j'ai trouvé ce film conceptuel absolument magnifique. J'ai été bluffé par la façon dont a été adapté le livre de Jean-Dominique Bauby, prisonnier à l'intérieur de son propre corps suite à un accident. Le film est une plongée en vue subjective dans le quotidien du personnage. Toutes les images à la première personne m'ont marqué (c'est-à-dire une grande partie du film, puisqu'il est très rare que la caméra s'égare en dehors du corps de Jean-Do). La voix de Mathieu Amalric est parfaite pour ce genre d'expériences et le réalisateur Julian Schnabel a eu l'intelligence d'utiliser la vue subjective pour insérer des séquences de rêves ou de souvenir, inévitablement très fortes en émotion. C'est brillant du début à la fin. L'article.
Grâce à un petit jeu que j'ai organisé en début d'année, un lecteur du blog m'a fait découvrir Quand passent les cigognes (1957) et il a remporté la première place. Cette merveilleuse romance nous est présentée dans un noir et blanc somptueux et le film regorge d'idées de mise en scène prodigieuses. L'article complet.
Welcome to the Rileys (2010) fait partie de ces films qui marquent durablement grâce à des acteurs tant investis dans leurs rôles qu'ils donnent à leurs personnages la parfaite dose d'émotion et de crédibilité. Welcome to the Rileys, c'est la rencontre entre un homme marié qui a perdu un enfant et une adolescente paumée qui a grandi sans repères. Chacun va trouver en l'autre ce dont il a besoin afin de tisser un lien des plus bouleversants. Le talent de James Gandolfini vient côtoyer celui de Kristen Stewart pour former l'un des duos les plus passionnants que j'ai pu voir depuis longtemps. Et puis, la musique est exquise. L'article complet.
Rien à dire. C'est beau, c'est intense, c'est parfait. J'ai découvert Le vieux fusil (1975) sur le tard, mais ça valait le coup d'attendre. Philippe Noiret met une telle force dans son personnage que j'ai été happé par son regard dans chaque scène. Noir, mais sublime.
Les Innocents (1961) est un chef d'œuvre méconnu de Jack Clayton. La beauté des images est indéniable et j'ai adoré le mystère créé par ces deux enfants. Le film n'est pas sans rappeler Les Autres, que le film de Clayton a très probablement inspiré. Article détaillé.
Cette année fut également pour moi la découverte de deux coups de cœur dans le cinéma de Cédric Klapisch, même si mon chouchou restera toujours Le Péril Jeune. Je ne m'attendais à rien avec Deux moi, et pourtant ça a été une bouffée d'air frais. Klapisch a un don pour mettre en valeur ses personnages et les relations qui existent entre eux. Deux moi n'est pas un film qui raconte comment deux êtres se rencontrent, mais comment chacun doit se réparer psychologiquement pour permettre une telle rencontre. C'est à la fois fin et touchant. J'adore. Article.
Je termine le top 10 avec Jojo Rabbit (2016). Même si j'ai beaucoup hésité pour cette 10e place, c'est le jeu impeccable de Thomasin McKenzie et Scarlett Johansson qui a fait pencher la balance. Une très belle histoire sur fond de 2nde guerre mondiale. Article.
La garçonnière est un classique de la comédie américaine des années 50-60. Jack Lemmon est pétillant et délicieux et j'ai particulièrement apprécié l'ambiguïté constante sur la relation entre les deux personnages principaux. Est-ce juste une amitié, ou un amour naissant ? Jack Lemmon, avec son personnage de célibataire désabusé, donne tout son charme à ce film. Article complet par ici.
Après La garçonnière, encore un film dont je repousse le visionnage depuis 15 ans... et qui se retrouve dans mon top 400 ! Chinatown m'a conquis notamment pour sa photographie, son atmosphère de polar noir et l'élégance de Jack Nicholson. A voir absolument !
Alain Resnais réalise en 1968 un film intrigant que peu de monde peut se vanter de connaître aujourd'hui. C'est l'histoire d'un homme qui teste une machine permettant de revenir dans le passé pendant quelques secondes. Malheureusement, la machine déconne et l'homme est bloqué dans ses souvenirs qui commencent, s'arrêtent et s'enchaînent n'importe comment. Enfin, presque n'importe comment, car il n'y a rien d'aléatoire là-dedans ! Alain Resnais a réfléchi pendant des mois à l'ordre dans lequel il devait monter (et répéter) les séquences et on se retrouve avec l'un des plus beaux montages que j'ai jamais vus sur un film. Je t'aime je t'aime (déclaration qu'on pourrait faire à Claude Rich) est expérimental, et malgré tout c'est efficace, cohérent et bouleversant. Chapeau. L'article.
Une très agréable surprise que je ne peux pas spoiler, mais qui vaut le détour ne serait-ce que pour la performance inattendue de Vincent Lacoste. L'acteur met son regard tantôt triste, tantôt compatissant, au service du récit. Amanda (2018) m'a charmé par sa délicatesse et sa vérité. Un joli moment. L'article complet en suivant ce lien.
Kristen Stewart, encore et encore, oui. Ce n'est pas un hasard si l'actrice se retrouve à 3 reprises dans ce top, étant donné que j'ai continué en 2022 la découverte de sa filmographie, que j'avais entamée en 2021. The Guard (ou Camp-X Ray) est un très beau huis clos sur la relation d'amitié qui se lie entre un détenu de la prison de Guantanamo et sa geôlière. La sobriété et la fragilité de Kristen Stewart font tout le sel de ce film. Article.
Même si le récit s'égare parfois un peu, Nocturnal Animals (2016) est un film qui fait du bien dans le cinéma. Outre ses 3 temporalités différentes, qui s'alternent de manière fluide, et ses idées visuelles assez fortes, le film a un côté brutal qui fascine. Chaque acteur est utilisé à la perfection, que ce soit l'excellent Jake Gyllenhaal, l'inquiétant Aaron Taylor-Johnson ou le flegmatique Michael Shannon. Voir l'article par ici.
Pas la peine de justifier la présence de ce film fondateur ici. Rashōmon est un classique et lorsqu'on le découvre pour la première fois, on comprend pourquoi. Article complet.
En corps, sorti cette année en salles, est donc le deuxième Klapisch de ce classement. Malgré quelques légers défauts (en matière de casting, par exemple), En corps propose quelques séquences inoubliables. J'en garde notamment une musique qui donne de la pêche, un joli discours sur la persévérance, un François Civil délicieux de gêne et, surtout, une scène de 5 secondes d'une puissance incroyable en fin de film. Article.
Basé sur l'univers de Predator, Prey est un film d'une efficacité redoutable avec une idée de départ plutôt maline : Et si la créature était déjà venue sur Terre au XVIIIe siècle ? Le film n'est pas non plus une révolution et répète quelques poncifs de notre époque, notamment en ce qui concerne le thème de l'émancipation de la femme, mais il fait le job. Probablement l'un des meilleurs films de la franchise. Par ici, l'article.
Ce film belge m'a intrigué et c'est le seul que j'ai vu deux fois en salles cette année. Je ne l'aurais peut-être pas fait si la concurrence était plus rude, mais le film est tout de même de grande qualité. Quelques séquences fortes en font une œuvre mémorable, mais ce n'est pas étonnant venant de Dominik Moll. Article.
Je termine ce classement avec C'mon C'mon (en français : Nos âmes d'enfants). Une fois de plus, Joaquin Phoenix fait sensation dans cette relation oncle-neveu passionnante. Je vous le conseille même si quelques défauts l'empêchent de figurer plus haut. La musique est merveilleuse. Mon article complet.
Et voilà ! Année 2022, je te dis adieu (et je m'en porte pas plus mal). Chers lecteurs et lectrices, je vous retrouve dans quelques jours pour mon top des meilleures scènes vues en 2022, puis en 2023 pour encore plus de cinéma et d'émotion.