Un enfant de 10 ans, à la fin de la 2nde Guerre Mondiale, ne rêve que d'Hitler et a espoir, un jour, d'entrer dans ses rangs. Sa passion est telle que son ami imaginaire n'est autre que le Führer lui-même. Cependant, un jour, Jojo découvre une jeune fille cachée dans sa maison.
J'avais entendu beaucoup de bien de Jojo Rabbit mais je craignais pourtant d'être déçu. Quelle erreur ! Le film m'a emporté avec lui dans son humour, son émotion et son propos. Même s'il va exactement là où on l'attend et qu'il nous réserve très peu de surprises, Jojo Rabbit n'en reste pas moins fort et marquant pour de multiples raisons.
Tags Critique analyse explication du film
Premièrement, on a droit en début de film à un humour complètement décalé par l'intermédiaire de Taika Waititi qui, en plus de réaliser le film, campe un Adolf Hitler étonnamment délirant. Sans rire aux éclats, j'ai été surpris par l'audace du film qui, mine de rien, nous montre de jeunes garçons répéter "Heil Hitler" à tout bout de champ. Roman Griffin Davis est à fond dans son rôle et incarne cet enfant admirablement, donnant la réplique à une Scarlett Johansson lumineuse. Les scènes mère-fils sont touchantes et donnent le rythme de la première partie du film avec notamment une séquence merveilleuse où le personnage de Scarlett Johansson se grime en son mari pour regagner le respect de Jojo. Le film prend ainsi son temps pour nous présenter le contexte de cette histoire et, surtout, la personnalité de Rosie qui ne pense qu'à danser et à rendre à Jojo l'innocence dont il a besoin.
Puis, lorsque vient la rencontre entre Jojo et Elsa, je n'ai plus lâché l'écran une seule seconde. La relation entre les deux personnages est magnifique et douce. Thomasin McKenzie est pour moi la grande révélation de ce film. Elle incarne son personnage avec une sensibilité incroyable et son visage m'a fasciné pendant près d'1h30. Je trouve son interprétation complètement folle et, même si on sait exactement comment Jojo et Elsa vont évoluer l'un par rapport à l'autre, le côté passionnant du film réside dans le fait de découvrir comment ils vont finir par s'apprivoiser. Et, bien sûr, de suivre tout le processus qui va permettre à Jojo, étape par étape, de grandir et de voir l'absurdité de ce qu'il prônait jusqu'alors.
Le film est merveilleux et poignant, notamment lors du dernier acte où les horreurs et absurdités de la guerre éclatent aux yeux des personnages et du spectateur. L'une des scènes, entièrement musicale, m'a complètement retourné et happé. Jojo Rabbit est bien plus qu'une comédie, il y a même de réels moments de tension entre les différents gags. Toute la scène où la Gestapo décide de faire une inspection est un impeccable mélange d'humour percutant (lorsque tout le monde doit saluer tout le monde à tour de rôle avec l'éternel "Heil Hitler") et de suspense haletant.
En bref, Jojo Rabbit est un magnifique film sur l'amour et la tolérance, sur fond d'humour complètement décalé et original. Le casting est brillant ; je pense à Scarlett Johansson bien sûr, mais aussi à Sam Rockwell dont le petit rôle est assez marquant, ou encore le gigantesque Stephen Merchant qu'on voit à peine quelques minutes mais qui laisse une empreinte indélébile à l'écran.
Mais surtout - j'insiste et je conclurai là-dessus - je tiens encore à saluer la performance de Thomasin McKenzie. Je l'avais découverte dans Old où son personnage m'avait intrigué, puis dans Last Night in Soho où elle crève l'écran et vole 1000 fois la vedette à Anya Taylor-Joy. Mais là, plus encore, elle m'a bluffé par son regard et sa douceur. Une actrice à suivre de très près.