The Green Knight - de David Lowery - Critique

The Green Knight - de David Lowery - Critique

      Ça fait quasiment un an que j'attends avec impatience ce film de David Lowery qui m'avait bouleversé en 2018 lorsque j'ai découvert le merveilleux A Ghost Story. Pourtant, The Green Knight est un supplice sans queue ni tête de plus de deux heures, à l'opposé de la poésie et de la puissance de son précédent chef d'oeuvre.


      Je pense que c'est à ce jour le plus gros ascenseur émotionnel de ma vie de cinéphile. Une déception pareille, c'est si rare que je n'ai effectivement pas souvenir d'en avoir déjà vécu de telles. C'est bien simple : je m'étais préparé à vivre un moment savoureux, à la hauteur de A Ghost Story, et je me suis finalement retrouvé à souffler et à me faire chier pendant deux heures, devant l'absence totale d'intérêt que m'a procuré ce film interminable. Lorsqu'au bout de 15 minutes, j'ai remarqué que le rythme s'annonçait catastrophique, j'ai commencé à détourner mes yeux de l'écran pour faire autre chose en même temps. Une telle réaction n'est jamais bon signe, ça non. J'ai cru, pourtant, que The Green Knight allait décoller avec, justement, l'apparition du Chevalier Vert dans l'intrigue. Certes, on a droit à une scène plutôt intrigante au centre de la Table Ronde et j'ai réellement eu espoir de voir le film commencer à ce moment. Quelle erreur !

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The Green Knight - de David Lowery - Critique

      The Green Knight n'est qu'une succession d'étapes sans aucun intérêt, faites de rencontres aussi chiantes qu'inutiles. Là où on nous vendait un voyage initiatique de Gauvain, on se retrouve avec une accumulation de plans qui n'ont aucun sens et ne traduisent jamais la psychologie du héros. Les personnages rencontrés n'aident jamais Gauvain à évoluer, et surtout, l'ensemble est d'un soporifique à toute épreuve. Il n'y eut guère que les paysages irlandais magnifiques et quelques couleurs envoûtantes pour m'empêcher de plonger tout droit dans un sommeil profond.

 

      Je suis affreusement déçu et fâché d'avoir perdu deux heures de ma vie devant ce truc dont j'ai déjà, une demie-heure plus tard, oublié la moitié des éléments. Le rythme est inexistant, les dialogues sont plats, le voyage du héros est chiant et monotone. J'ai passé un horrible moment, vraiment, à me demander où tout ceci allait nous mener... pour réaliser au bout de 120 minutes que ça ne menait strictement à rien. Ce sont juste de belles images qui racontent du vide. Rien de plus. Les personnages sont tous fades, à l'exception du Chevalier Vert qui apporte, lors de ses rares apparitions, un semblant de mystère et de poésie. Mis à part ça, le film est composé de personnages complètement plats et inintéressants. La moitié n'ont aucun intérêt dans l'intrigue : pourquoi diable tous ces plans autour de la fée Morgane, qui ne servent à rien sinon à appuyer le jeu catastrophique de Sarita Choudhury ? Pourquoi toute cette séquence complètement stupide et incompréhensible autour de Lord, joué par Joel Egderton ? La seule chose qui a un peu titillé mon attention (c'est dire, par ailleurs, à quel point le film m'a passionné), c'est que cet acteur a justement joué le rôle de Gauvain dans Le Roi Arthur d'Antoine Fuqua en 2004. Etait-ce volontaire ? Après tout, peu importe, on s'en fout complètement !

The Green Knight - de David Lowery - Critique

      En plus d'être à peine fidèle à la légende dont il est issu, The Green Knight peut tout autant s'avérer visuellement beau en ce qui concerne les paysages et la lumière, que franchement dégueulasse lorsqu'il s'agit de représenter un simple renard (personnage qui, au passage, est tout aussi crétin que le reste de l'intrigue). Les effets spéciaux concernant ce renard sont d'une laideur extrême, et quid de ce passage délirant où il se met à parler (pour ne rien dire) ? Etait-ce un hommage à Antichrist de Lars von Trier ? Encore une fois : peu importe, on s'en fout.

 

      Les dialogues, de manière générale, sont chiants au possible, sans ampleur. Le film, par ailleurs, ne propose aucune sorte d'action qui pourrait permettre à cette intrigue de gagner en intérêt et en souffle. C'est bien joli, de belles images, encore faut-il qu'elles racontent quelque chose. Je n'ai rien contre les films contemplatifs, hein, il faut savoir par exemple que je suis le plus grand admirateur de Terrence Malick. Et, pour rester dans le thème, A Ghost Story est à mon goût une merveille et ne quittera probablement jamais mon  top 50 . C'est peut-être de là, d'ailleurs, que vient mon immense déception : David Lowery aurait-il déjà donné tout ce qu'il avait avec A Ghost Story ?

 

      Et s'il n'y avait que ça ! Les musiques du film sont également soporifiques et parfois, même, complètement en décalage avec l'ambiance du film. En dehors de toutes ces compositions à l'atmosphère mystique, qui régissent 80% de la BO, on a droit à des musiques sorties d'on-ne-sait-où, comme lorsque Gauvain se met à fuir dans le dernier acte du film. Par ailleurs, ce personnage est détestable au possible et je ne comprends même pas l'intérêt de raconter son histoire. On nous vend une aventure de courage et de bravoure et on se retrouve avec un lâche qui ne fait que de mauvais choix et tombe dans tous les panneaux possibles et imaginables. Impossible de s'attacher à ce personnage, interprété en plus par un Dev Patel d'une platitude incroyable. Il ne transmet aucune émotion et je n'ai jamais compati à son sort.

The Green Knight - de David Lowery - Critique

      Le récit, quant à lui, est entrecoupé régulièrement d'intertitres qui n'ont ni queue ni tête et ne font, au contraire, qu'appuyer la lenteur de cette intrigue et l'absence de rebondissements dans la quête de notre anti-héros. A chaque apparition d'un nouveau titre, ma seule réflexion a été "ok, c'est parti pour un autre chapitre... mais combien en reste-t-il avant le dénouement ?". Je ne comprends pas. Je ne comprends ni la volonté de proposer cette histoire sur grand écran, ni la volonté de le faire sur deux heures entières. Je ne comprends pas, non plus, ce que le film veut nous dire et pourquoi il existe. Je suis certain à 100% que dans une semaine, je l'aurai totalement oublié, tant son impact sur ma réflexion et mon émotion a été inexistant.

 

      Bref. Je suis terriblement peiné de démonter à ce point un film dont j'attendais tant et qui, malheureusement, m'a ennuyé et gêné au plus haut point. Cette année 2022 commence mal, vraiment mal.

 

 

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