Wouaw. Je ne m'y attendais pas, mais Papa est peut-être le plus beau film que j'ai vu cette année. Tout du moins, c'est celui qui me hantera le plus longtemps. J'ai découvert cette comédie dramatique de 2004 la semaine dernière et je l'ai déjà vu 3 fois. J'ai regardé les scènes coupées, écouté les commentaires de Maurice Barthélémy, chose que je ne fais quasiment jamais sur un DVD (la dernière fois, c'était probablement Le Seigneur des Anneaux, donc ça date). Ce film de 1h10 est un petit bijou, y'a pas d'autre mot.
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Je ne vais pas rentrer dans les détails car, lorsqu'on parle d'un film de moins de 75 minutes, on a vite fait de trop en dire alors que la clé de ce genre d'histoires réside dans le mystère qui entoure les personnages. Je peux simplement dire qu'il s'agit d'un road movie mettant en scène un père et son fils et qu'on y suit à la fois leurs galères mais aussi leur complicité, avant de découvrir un autre lien, très fort, qui les unit.
Tout tient en une réplique, il s'agit d'une question que l'enfant pose à son papa : "Pourquoi t'es jamais triste ?". Avec toutes les clés en main, cette question est bouleversante et il faut dire qu'Alain Chabat incarne ce père joueur et rieur à la perfection. Le rôle a été écrit spécialement pour l'acteur, par Maurice Barthélémy, et ça se ressent dans ses moindres répliques et mimiques. Alain Chabat s'imprègne de son personnage avec un naturel étonnant et le film se conclut avec la certitude qu'on ne peut pas rêver meilleur père pour un enfant. Il est doux, drôle, sensible, émouvant, subtil. Le jeune Martin Combes, par ailleurs, délivre également une merveilleuse interprétation et on n'a aucune difficulté à imaginer le lien puissant qui unit les deux personnages.
Tout au long de ce périple en voiture, les situations s'enchaînent ; tantôt cocasses et "feel good", tantôt profondes et plus sombres. Le film ne fait jamais l'erreur de s'engouffrer dans le pathos alors qu'il aurait été naturel d'y foncer tête baissée. Mais non, le scénario est finement écrit et l'ensemble est parfaitement dosé, avec des pointes d'humour qui viennent désamorcer une situation qui n'est presque jamais énoncée à voix haute. Le drame plane sur les personnages mais tout est en retenue. Ce père et son fils semblent pouvoir parler de tout et de rien sans tabou, mais le sujet principal, plus douloureux, se ressent sans dialogues, uniquement grâce aux yeux d'Alain Chabat. Vraiment, sa performance est d'une justesse folle et je pense qu'il s'agit tout simplement de l'un des plus grands rôles de sa carrière.
Pour conclure, je ne peux pas parler de Papa sans citer l'extraordinaire musique du film. Bien sûr, on y entend quelques chansons populaires telles que Antisocial de Trust (qui ouvre le film en donnant le ton, juste après que le personnage de Chabat dise à son fils qu'il doit arrêter de lui péter les couilles) ou encore Soleil d'Hiver de Niagara que le papa fredonne d'ailleurs à son fils pour l'endormir (avec la voix extrêmement douce et réconfortante de Chabat, un vrai bonheur).
Cependant, le chef d'œuvre de ce film reste à mon gout la composition de Philippe Morino, qui s'est occupé de la musique extradiégétique. Si les musiques qui parcourent le film n'ont pas de nom (puisqu'aucune BO n'a été commercialisée), ce sont elles qui ont poussé mes larmes à sortir. L'une d'elles, en particulier, conclut le film en accompagnant l'une des plus belles scènes que j'ai pu voir de ma vie dans le cinéma français. Je n'ai pas de mot pour cette fin, magnifiée par l'ambiance sonore de Philippe Morino, avec ces quelques notes qui me hantent depuis plusieurs jours. Je vous laisse écouter cette merveille ci-dessous...
Papa n'est pas un coup de cœur, donc. Il va bien au-delà de ça, car il va me rester en tête et m'obséder pendant plusieurs semaines. C'est pour des émotions comme ça que j'aime le cinéma.