Un homme vient de perdre sa femme, emportée par un cancer. Luttant chaque jour désespérément pour ne pas la rejoindre, il tient le coup en punissant tout son entourage de son sarcasme et sa négativité. After Life est une série créée par Ricky Gervais et je vous la recommande chaudement, c'est une pépite. Les 3 saisons sont un ravissement et je n'en attendais pas moins de cet auteur génial.
Ca fait déjà quelques années que le travail de Ricky Gervais me passionne. J'aime sa vision de la vie, de la mort, de la religion, avec toute l'ironie qui le caractérise et qu'il insuffle dans la plupart de ses projets. Ses oeuvres sont souvent intelligentes, pleines de second degré, avec un fond qui donne envie de vivre à 100%. The Invention of Lying, que j'ai découvert cette année, traitait déjà la majorité des idées qu'on retrouve dans cet After Life, et il faut dire que la série le fait encore mieux.
L'humour est omniprésent, mais toujours teinté d'un côté dépressif incarné à merveille par l'acteur. Que ce soit son sourire ou ses pleurs, Ricky Gervais est un maître dans l'art de passer du rire aux larmes et c'est une expérience très agréable pour le spectateur qui a l'impression de naviguer à travers toutes les émotions de la vie. After Life ne nous prend jamais pour des cons et c'est une chose que j'ai particulièrement apprécié. Par exemple, la manière d'aborder Tony en tant que personne irrémédiablement inconsolable est un point fort de la série. A aucun moment, on ne tente de nous montrer que le personnage va évoluer, non. Les choses sont claires : Tony est détruit et, pour lui, la vie s'est terminée avant l'heure. Cette fatalité est ingénieusement retranscrite par la routine que le personnage subit lors de chaque épisode : il fait la même chose tous les jours dans le même ordre. Il se réveille, regarde une vidéo de sa femme disparue, nourrit son chien, prend son courrier, visite le cimetière et la maison de retraite, va au bureau où il est chargé d'interroger des personnes lambdas à travers la ville, puis rentre seul sur son canapé pour décider de son sort.
Les personnages secondaires de la série ne sont pas tous aussi bien écrits que le personnage principal, ils servent presque simplement de décor pour Tony, comme des checkpoints à valider avant de terminer la journée. Je dois admettre que les intrigues secondaires ne sont pas toutes réussies, mais la série ne s'attarde jamais vraiment dessus et met l'accent sur la dépression de Tony et ses techniques pour y faire face. Son personnage est absolument merveilleux et on ressent la patte de l'auteur à travers lui. Tony n'est qu'une version imaginaire d'un Ricky Gervais tragique, avec ses réflexions pessimistes sur la vie après la mort, notamment. Le personnage est désopilant, émouvant, il sonne juste à tout moment et le spectateur ne peut qu'éprouver une empathie démesurée à son égard. Certaines séquences vont me marquer longtemps, comme celles où Tony devient plus grave et se retrouve seul avec lui-même, capable d'avaler des cachets à tout instant. Dans ce sens, le final de la saison 2 est absolument somptueux et j'ai eu du mal à m'en remettre.
Bref, même si quelques personnages sont un peu en-dessous (le personnage d'Emma, ci-dessous, est totalement désagréable en saison 3), je vous conseille cette série très plaisante à regarder, surtout si vous aimez l'humour sarcastique, l'humour noir ou tout simplement la vision toute particulière de Ricky Gervais sur la vie.