Quelques films en vrac #24 - Sorties de l'été

Quelques films en vrac #24 - Sorties de l'été

      Parmi ces quatre films sortis ces dernières semaines, nous avons : un documentaire sur un compositeur de génie, un thriller français passionnant, une comédie d'action divertissante et un drame coréen convenable.

Ennio

(Guiseppe Tornatore)

Quelques films en vrac #24 - Sorties de l'été

      Si vous cherchez un documentaire complet sur le travail d'Ennio Morricone depuis ses débuts dans les années 50, vous serez servis avec ce film de plus de 2h30 qui retrace avec beaucoup de détails le parcours du compositeur. Ennio est long, trop long sans doute, mais une fois le train en marche, il est difficile de décrocher du wagon. Le film passe en revue l'intégralité (ou presque) de la filmographie de ce musicien de génie, avec des images d'archives, des extraits de films et des commentaires de Morricone lui-même. Pour les non-initiés aux techniques musicales (comme moi), on apprend beaucoup de choses même s'il est parfois assez compliqué de bien saisir toute la virtuosité qui se cache derrière telle ou telle idée, mais le film parvient parfaitement à rendre compte du talent extraordinaire d'Ennio Morricone. Certains passages offrent leur lot de frissons même si, pour ma part, ce fut surtout le revisionnage de toutes ces séquences cultes du cinéma qui m'a conquis. 

 

      Sur la forme, j'ai néanmoins trouvé ce documentaire assez peu inspiré et trop linéaire. Les années défilent les unes après les autres, ce qui amène parfois une forme de lassitude. Le ton global, quant à lui, est par moments très ampoulé, ce qui a pu gâcher mon plaisir. L'ouverture et la fermeture du film, selon moi, sont de trop ; elles ne consistent qu'en une succession de commentaires de personnalités, utilisant tous les superlatifs possibles pour insister sur le génie de Morricone. Ce n'était pas nécessaire, car quiconque s'intéresse un minimum au cinéma ou aux musiques de films n'a pas besoin qu'on le persuade du talent incommensurable de ce compositeur. Mis à part ces quelques lourdeurs et ce manque de subtilité (gros plans sur un Ennio Morricone silencieux ou prêt à pleurer, avalanches d'éloges qui durent bien trop longtemps), le film reste un document passionnant.

 

La nuit du 12

(Dominik Moll)

Quelques films en vrac #24 - Sorties de l'été

     Premier film de l'année que je retourne voir une deuxième fois. L'ayant beaucoup aimé la première fois il y a deux semaines, j'ai dû effectivement le revisionner pour savoir s'il méritait sa place dans mon top 300. Ce soir, j'ai donc décidé de lui octroyer ce privilège car La nuit du 12 m'a finalement marqué bien plus que ce que je pensais. Même s'il est malheureux de le formuler ainsi, le fait de voir l'intégralité du casting jouer proprement et de manière crédible est déjà un atout considérable pour un thriller français. Le film est, en effet, porté par une ribambelle d'acteurs brillants, à commencer par Bastien Bouillon et Bouli Lanners qui incarnent à merveille ces deux policiers taciturnes. Les deux personnages rendent le film palpitant. Leurs regards, leur attitude me sont restés en tête plusieurs jours. Je ne vais pas citer tout le casting mais Pauline Serieys et Camille Rutherford tirent clairement leur épingle du jeu avec deux personnages complexes, permettant de traiter le véritable sujet du film, puisque l'enquête policière ne sera finalement qu'une toile de fond pour un propos bien plus profond.

 

     En plus d'avoir le mérite d'aborder le sujet du féminicide et des violences conjugales, La nuit du 12 le fait de manière très intelligente et adroite, sans aucune lourdeur. Contrairement à d'autres films récents dont j'ai parlé ici-même (coucou Men d'Alex Garland !), ce thriller policier de Dominik Moll ne sombre jamais dans le grotesque et l'exagération. Tout sonne juste et tout semble nous pousser à la réflexion. On ajoute à ça une musique complètement dingue et assez inhabituelle dans ce genre de films ; elle apporte une atmosphère toute particulière notamment lors des plans d'ouverture et de fermeture (qui se répondent l'un l'autre). Bref, vous l'aurez compris, je vous encourage fortement à aller découvrir La nuit du 12 en salles tant qu'il y passe, c'est l'un de mes gros coups de cœur de cette année. Elégant, sobre, efficace, subtil.

Bullet Train

(David Leitch)

Quelques films en vrac #24 - Sorties de l'été

      Divertissement extrêmement sympathique avec un casting hors norme (certains acteurs pourtant très populaires n'apparaissent que quelques secondes), ce qui est clairement le point fort de Bullet Train. Tous les personnages sont facilement identifiables et j'ai éprouvé un plaisir primaire à voir s'affronter Brad Pitt, Aaron Taylor-Johnson, Zazie Beetz, Hiroyuki Sanada ou encore le magnifique Michael Shannon.

 

     Le scénario est suffisamment écrit pour apporter des surprises régulièrement, si bien que je ne me suis pas ennuyé une seule seconde. Les incohérences sont justifiées par un humour absurde omniprésent et des dialogues délirants et tout ceci a suffi à me faire rire pendant 2 heures. Bien sûr, Bullet Train est loin du chef d'œuvre car il tente maladroitement de copier ses aînés (et la comparaison n'est pas en sa faveur), mais il n'en demeure pas moins un divertissement explosif de très bonne facture. Je ne pense pas le revoir un jour car il m'a semblé trop étiré sur la longueur et qu'il n'est pas assez jouissif pour qu'un deuxième visionnage s'impose. Malgré tout, c'était un putain de bon moment.

Decision to leave

(Park Chan-wook)

Quelques films en vrac #24 - Sorties de l'été

     J'ai vu le film il y a 4 jours et j'ai pensé l'avoir adoré. Malheureusement, quelques jours suffisent parfois à savoir si un film restera gravé dans la mémoire. Pour ma part, la réponse est clairement non ; je me suis surpris à devoir relire le synopsis et revoir des images du film pour me souvenir des principaux éléments afin d'écrire cet article. 

 

     Decision to leave manque sans doute de toute l'énergie et de toute la folie dont Park Chan-wook faisait preuve il y a une vingtaine d'année avec - notamment - Old Boy, qui reste mon film préféré du cinéaste. Je suis loin d'être un spécialiste de ce réalisateur, mais je suis bien obligé de constater que chacun des films que j'ai vus après Old Boy ont tous eu deux effets consécutifs : je les ai adorés sur le moment, puis je les ai oubliés très rapidement. Mis à part Stoker, que j'avais réellement détesté, je n'ai aucun mal à dire que j'ai apprécié tous ses longs-métrages. Il y a en effet une certaine virtuosité dans cette caméra et dans cette manière non-linéaire de raconter des histoires. Decision to leave est ingénieux à plusieurs reprises sur le plan de la mise en scène, je me souviens avoir remarqué des idées de transitions merveilleuses pendant la séance. Seulement voilà, je ne sais pas si c'est de ma faute ou non, mais je n'ai pratiquement rien retenu du film. C'est bête à dire, mais je ne suis même pas certain de me souvenir comment il s'est terminé. Il m'est arrivé la même chose pour Mademoiselle, Lady Vengeance, Sympathy for Mr Vengeance... C'est très curieux. Je retiens par contre une scène sublime au sommet d'une montagne, j'étais scotché. 

 

      Bref, j'ai adoré Decision to leave sur la forme, mais il lui manque probablement un fond plus percutant. Sans propos pour accompagner la forme, difficile de ne pas trouver ce nouveau film de Park Chan-wook anecdotique.

 

 

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T
Ça se voit, il n’y a clairement rien d’optimiste dans le film.<br /> <br /> Ce qui est intéressant dans ce film qui commence par la conclusion de l’histoire c’est que même en commençant par la fin et en continuant dans quelque chose de plus « doux », il y’a une certaine surenchère.<br /> <br /> Le fait que celui qui se fait exploser le crâne au début n’est pas le violeur, les propos du personnage de Monica Bellucci dans le train sur le plaisir sexuel qui doit être de temps en temps égoïste et le fait qu’elle soit enceinte a la fin du film. <br /> <br /> Très intelligent comme film, je crois que les gens sont passés à côté en restant focalisés sur les 2 scènes chocs, c’est dommage.
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S
Exactement, les gens ne retiennent que les deux scènes pour cracher dessus. Mais plus le temps passe et mieux le film est évalué par tout le monde. C'est surtout les réactions à la sortie de Cannes qui étaient négatives je crois.
T
C’est pour ça je pense que je vais prendre mon temps avec ses films, je vais pas enchaîner sa filmographie d’une traite au risque de ressentir une overdose à terme. <br /> <br /> Pour revenir à Irréversible, en regardant ton article j’ai vu que tu t’étais pris la tête sur l’interprétation de la fin. <br /> Pour moi le film commence dans un enfer, ça m’a tout de suite fait penser à Sodome et Gomorrhe sur le coup.<br /> En voyant la fin je me suis dis ce mec est fort, le film met clairement en opposition l’enfer et le paradis et que tout peut basculer en une journée, car pour moi le personnage de Monica Bellucci, après avoir apprit qu’elle été enceinte, rêve, dans ce qui s’apparente à un jardin d’Eden, entourée d’enfant. <br /> Le livre qu’elle lit sur les rêves ou encore l’affiche de 2001 l’odyssée de l’espace laisse à penser qu’elle imagine son futur. <br /> <br /> Je sais pas si avec le temps tu as réussie à trouver une bonne interprétation de la fin, mais pour moi c’est ça.
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S
Alors c'est bizarre, je ne me souviens plus du tout de mon article mais pour moi la fin est très claire, surtout maintenant que je connais bien Noé et sa thématique de la destruction. <br /> <br /> "Le temps détruit tout", c'est la réplique principale du film. Le film commence par la fin dans une violence qui semble gratuite, puis en remontant le temps on voit que ça s'adoucit, le début de leur relation était beau. <br /> <br /> À la fin du film on apprend qu'elle était enceinte avant de mourir, ce qui justifie le déchaînement de violence de Cassel-Dupontel. Tout a été détruit en une nuit. <br /> <br /> Noé est un réalisateur très pessimiste.
T
C'était mon premier Gaspar Noé et je pense que je vais encore digérer Irréversible avant de voir un autre film de ce cinéaste. Pour m'être un peu renseigné sur ce réal j'ai vu qu'il avait un style bien frappant et je pense qu'il faut être préparer pour ressortir tous les aspects de ce genre de films, j'ai lu aussi qu'il était bien pote avec Darren Aronofsky ce qui ne m'étonne clairement pas.<br /> Je pense me faire Enter the Void et Climax prochainement quand l'envie m'en viendra vu que ce sont les films qui ressortent le plus de sa filmo.<br /> <br /> Vu que t'es prof, je sais pas si dans ton établissement ca se fait mais en Seconde on avait une matière qui portait sur la prévention contre la drogue, le racisme et ce qui touche à la religion et on avait 3 films a regarder sur l'année, Requiem for a dream, American History X et La passion du Christ de Mel Gibson. Requiem for a dream à bien fait son effet sur moi, je suis rester un peu traumatisé par ce film ahah. D'ailleurs pour ca que je le met pas dans mon top.
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S
Intéressant, mais je ne me vois pas diffuser ces films en classe. Les conseiller, peut-être, mais je trouve ça assez risqué de les montrer. <br /> <br /> Pour Gaspar Noé je comprends complètement. Mon premier a été Enter the void, grande classe mais dur à digérer aussi. J'ai assez vite enchaîné avec Irréversible mais ensuite j'ai pris mon temps. En général je me contente d'un Gaspar Noé par an maximum... Enfin depuis cette année avec Love et Vortex j'ai enfin vu tous ses longs métrages, il ne me reste que ses courts.
T
Salut, j'attendais que tu reprennes une activité sur ton blog, pour justement éviter de te faire chier pendant tes vacances en commentant. Alors je ne vais pas te parler de ton article que je n'ai pas lu, vu que je dois aller voir Bullet Train dans la semaine mais il faut que je te parle d'un film.<br /> Il faut que j'en parle parce que je suis rarement sorti d'un film dans cet état. J'ai eu la même sensation qu'après avoir vu Requiem for a dream. Je me suis tout de suite empresser d'aller checker ton article sur Irréversible, qui date de 2011 certes, mais je pense qu'on oublie pas un film comme ca.<br /> <br /> J'avais entendu des choses horrible sur ce film et le scandale qu'il avait provoqué lors de sa sortie et ca m'avait un peu freiné, mais j'ai sauté le pas et merde malgré l'atmosphère malsaine au possible je l'ai trouver extrêmement touchant.<br /> <br /> Le film est frappant avec des scènes hyper dures mais l'histoire en elle même est bouleversante et je crois je me suis jamais autant posé la question "qu'est ce que j'aurai fais" au cours d'un film. J'y ai pensé pendant un semaine tellement il m'a marqué.
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S
Salut ! Tu peux commenter quand tu veux, j'ai des vacances très tranquilles 😉 <br /> <br /> Effectivement Irréversible, on n'oublie pas un film pareil... 10 ans plus tard il est ancré dans mon esprit et, comme toi, je trouve que le "scandale" qu'il y a eu autour à été exagéré. Il y a deux scènes très dures à regarder certes, mais l'ensemble est superbement cohérent avec un trio d'acteurs au sommet de leurs talents. <br /> <br /> T'as vu beaucoup de Gaspar Noé avant ? Si ce n'est pas le cas, je te conseille Enter the Void qui pour moi a été un coup de coeur ultime (il sera difficile de le déloger de mon top 10 celui-là), mon préféré du cinéaste. <br /> <br /> Et si tu veux retrouver des "sensations" ou plutôt un "choc" similaire à Requiem for a dream, fonce voir Climax, mais il faut être bien accroché.
M
Hello! Merci pour ces commentaires! Quand tu dis "ses ainés" par rapport à Bullet Train, à quels films penses-tu? Je pensais lire le livre avant de regarder le film ^^
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S
Hello ! <br /> Pour les "aînés" je pensais globalement à Tarantino et Guy Ritchie, on retrouve le même style, même montage, même humour. Mais en beaucoup moins bien !