WOUAW. Je ne sais même pas quoi dire. Incroyable coup de cœur immédiat. Je pense que c'est l'un des plus beaux films que j'ai vu ces 5 dernières années et il rentre dans mon top 50. En terme de claque, je m'en suis pris une belle et je ne m'y attendais pas. J'ai passé presque deux heures scotché à ce film, savourant chaque scène, chaque mouvement de caméra, chaque décor, chaque regard. J'ai été ému, ébloui, passionné, conquis. C'est beau putain.
J'attendais beaucoup de Spencer même si j'avais tenté d'en savoir le minimum à l'avance. Pour ceux qui ne suivent pas le blog, je sors tout juste d'une sorte de rétrospective Kristen Stewart, puisque je me suis récemment attelé à savoir si cette actrice avait du talent en découvrant quelques uns de ses films. Indiscutablement, 2021 marquera pour moi une révélation concernant cette actrice. L'époque où je la considérais mauvaise (ne basant mon avis que sur Twilight) est définitivement révolue, et c'est même le contraire qu'il s'est passé : elle figure pour moi désormais parmi les meilleures de sa génération. Elle est incroyable, et Spencer le prouve à de multiples niveaux. Je pense que c'est à ce jour son plus grand rôle et son interprétation la plus juste et sensible.
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J'avais peur, pourtant. Peur du biopic un peu académique autour de Lady Di, pour qui j'ai toujours eu une certaine fascination mais jamais de passion. Je pensais que Spencer retracerait les grands événements de sa vie, mais ce n'est absolument pas le cas. Dès les premières minutes, un message s'affiche : "ceci est une fable inspirée d'une véritable tragédie". Les règles sont posées : ce n'est pas un biopic, mais une fiction ayant pour personnage principal Diana Spencer. Mieux encore : le film ne parlera pas de sa vie, puisqu'il se déroule sur trois jours seulement. Spencer, c'est avant tout un film sur la psychologie d'un personnage enfermé dans ses tourments, qui pourrait presque par moments s'apparenter à un film horrifique.
La première image apparaît et, dès lors, je n'ai pas décroché une seule seconde. Car ce film n'est pas une histoire, c'est une parenthèse supposée de la vie de Lady Di. Le but n'est pas de relater des événements, mais de nous faire ressentir la détresse et le mal-être de la célèbre Princesse de Galles. On passe ainsi 1h50 au plus près de ce personnage, partageant ses joies et ses angoisses. La mise en scène, la réalisation, le montage sont purement brillants. Le film entier est centré autour de Diana, que la caméra observe sous toutes les coutures. On suit ses pas, ses regards. Une réelle intimité se crée entre elle et le spectateur, forcé de ressentir tout ce qu'elle-même ressent. Par certains plans caméra à la main, dignes d'un Terrence Malick, ou quelques gros plans qui nous rapprochent du personnage au maximum - jusqu'à nous communiquer ses tourments - Pablo Larraín maîtrise son film à la perfection.
Le verbe ressentir apparaitra plusieurs fois dans cette critique, car c'est précisément ce que le film produit : des sensations brutales. Je me suis rarement senti aussi proche d'un personnage, j'étais en compassion totale du début à la fin. Le réalisateur parvient à nous imposer l'immense pression que Diana subit lors de cette période de Noël. Une pression qui vient de tous les côtés et donne une impression d'étouffement. On n'a qu'une envie : partir de ce château et vite, pour retrouver la liberté. Spencer met en évidence les codes absurdes de la famille royale, les contraintes, l'absence de vie. Le film met en scène un personnage magnifique, une jeune femme sensible et désireuse de vivre, prisonnière d'un cadre qu'elle n'a pas tellement choisi. J'ai vibré pour elle, pleuré pour elle.
Malgré le côté parfois surréaliste du film, qui est seulement "inspiré" de faits réels, Spencer m'a retourné complètement. Les idées de mise en scène, pour appuyer la détresse du personnage et son envie de s'échapper, sont merveilleuses. Grâce notamment à la musique qui nous place dans un état de stress permanent, on ressent viscéralement la misère de Diana, forcée de garder le sourire et de faire bonne figure auprès de la famille royale. Ces scènes où elle se mutile, où elle est proche de l'implosion, du suicide, m'ont époustouflé. Le film est osé, il est extrêmement efficace dans sa volonté de nous partager l'enfer mental du personnage.
Je ne sais même pas comment qualifier l'interprétation de Kristen Stewart qui est d'une justesse impériale. Tout passe dans les regards - il y a finalement assez peu de dialogues - et l'actrice fait un travail absolument remarquable. Elle alterne les regards de jalousie, de tristesse, de colère, de frustration, de désespoir. Mais surtout : à aucun moment, je n'ai vu Kristen Stewart. Je n'ai vu que Diana Spencer. C'est quand même fou, alors que je viens de voir pas moins de 6 ou 7 films avec cette actrice et que je me suis donc imprégné de son jeu, ses mimiques, sa voix. A plusieurs moments, je me suis fait des réflexions du type "Ah oui, c'est vrai, c'est elle !". Elle incarne Lady Di avec une telle perfection (dans son accent, sa posture) que j'ai cru à 100% à ce personnage fragile et torturé. Une femme douce et injustement meurtrie, mais également une mère extraordinaire. Car le film insiste de nombreuses fois sur ce sujet en nous présentant Diana comme une mère parfaite, joueuse, drôle, cherchant par tous les moyens à évader ses fils d'une vie engoncée. Cette scène lors de laquelle elle joue au commandant avec ses fils autour de quelques bougies est adorable en tous points.
Je passe rapidement sur l'atmosphère du film. Elle est parfaite. La lumière est magnifique, apportant parfois un effet d'éclairage à la bougie (j'ignore si les scènes ont été réellement tournées à la bougie, mais j'ai retrouvé cette sensation unique à la Barry Lyndon). Que ce soit par la musique ou par la réalisation prodigieuse, il y a une vraie démarche de mise en scène qui font de Spencer un vrai film de cinéma. Certaines prises de vue sont époustouflantes. Je pense notamment au bref passage lors duquel Diana est exposée à des photographes / paparazzi, et que la caméra semble harceler Diana à quelques centimètres de son visage, allant de gauche à droite, tandis que celle-ci tente par tous les moyens de dissimuler ses pleurs. Une séquence folle.
Mais la plus belle séquence (et je finirai là-dessus) est à mon goût la scène des souvenirs, lorsque Diana se retrouve seule dans son ancienne maison. Je ne vais pas y aller par 4 chemins ; j'ai pleuré. La nostalgie et moi, c'est une très longue histoire et je suis de toutes évidences toujours aussi touché par ce sentiment. Spencer insiste sur l'enfance de Diana, qui sert pour elle de refuge lorsqu'elle se sent mal (c'est-à-dire tout le temps). L'épouvantail est un symbole très fort, le symbole de son père et de son enfance, loin de cette vie qu'elle ne peut plus supporter. La scène des souvenirs, lors de laquelle Diana s'offre enfin le droit de pleurer toutes les larmes de son corps, est des plus émouvantes. La musique déprimante m'a saisi, les flashbacks de moments heureux m'ont bouleversé. Wouaw, vraiment wouaw. C'est magistral.
En bref, j'attendais beaucoup de Spencer (vraiment beaucoup) malgré mes quelques craintes. Et finalement, le film a dépassé mes attentes les plus folles, en s'avérant encore plus brillant, plus vivant et plus émouvant que tout ce que j'espérais. Les plans sont sublimes, la musique est sublime, Kristen Stewart est sublime, les thèmes sont sublimes. Spencer est sublime.
J'ai déjà envie de le revoir.