Diamants sur canapé - de Blake Edwards

Diamants sur canapé - de Blake Edwards

      Depuis presque 10 ans, j'attendais de voir ce film avec impatience, résolument persuadé que son statut de chef d'oeuvre était indiscutablement justifié. J'attendais la motivation, le moment idéal, mais j'ai dû malheureusement affronter une légère déception, bien que le film soit assez savoureux à regarder. Je connais assez peu Audrey Hepburn et je l'ai appréciée dans tous les films que j'ai vus (Drôle de frimousse, notamment, a été pour moi comme un bonbon il y a quelques années). Il faut bien admettre que l'actrice est toujours aussi pétillante et éblouissante dans Diamants sur canapé et qu'elle fait quasiment tout le film à elle seule. Malgré tout, cet énorme atout est contrebalancé par d'autres éléments plus fâcheux qui m'empêchent de placer ce film dans mon top 300 pour le moment. Cependant, je n'exclus pas qu'après des visionnages supplémentaires, ce film finisse par me charmer de plus en plus.

Diamants sur canapé - de Blake Edwards

      Tout d'abord, je vais passer rapidement sur le comique issu du personnage de Mickey Rooney. L'acteur interprète un japonais et il est clair qu'en 2021, les scènes dans lesquelles il intervient sont démodées et pas drôles pour un sou. Même s'il est difficile de reprocher à un film vieux de 60 ans - et donc, prenant place dans une société aux moeurs différentes d'aujourd'hui - ces séquences de yellowface, elles m'ont laissé un mauvais goût dans la bouche.

 

      En dehors de ce personnage qui va inexorablement très (très) mal vieillir au fil des décennies, Diamants sur canapé souffre également d'une morale finale qui m'a personnellement assez perturbé. Même si ce n'est pas le thème principal du film, celui-ci vante quand même un principe d'appartenance amoureuse qui me dérange. Le personnage d'Audrey Hepburn ne cesse de montrer du désintérêt pour celui de Goerge Peppard pendant tout le film, et l'insistance permanente de ce personnage masculin a fini par me gonfler sérieusement. L'un des derniers échanges entre ces deux personnages, dans le taxi, m'a laissé complètement perplexe. Holly tente d'exprimer sa soif de liberté, de ne vouloir appartenir à personne, et Paul insiste une nouvelle fois en s'énervant (!), prétendant que son sentiment amoureux est plus important que celui d'Holly, et que celle-ci lui appartient donc. Elle finira par céder. Soit j'ai mal compris les sentiments d'Holly pendant la majeure partie du film, soit il y a un problème de morale.

Diamants sur canapé - de Blake Edwards

     Pour finir avec les points faibles, le personnage de George Peppard est insipide à souhaits, et je n'ai pas cru un seul instant à cette histoire d'amour naissant. Je ne crois pas une seconde à l'intérêt d'Holly pour Paul, tout simplement parce que l'acteur ne fait rien pour être attirant. Son personnage est vide d'intérêt, tantôt mou, tantôt colérique, et il a fini par me sortir par les yeux. Il est dommage de se retrouver avec un personnage si fade, face à une Hepburn totalement investie dans son rôle, brillante à tant de reprises. Le contraste est assez saisissant et j'ai donc trouvé la conclusion du film décevante de ce côté. J'aurais bien plus apprécié le dénouement de Diamants sur canapé s'il avait osé la subversion en conservant jusqu'au bout une Holly fidèle à elle-même et à tout ce qu'elle prêche depuis le début. Cela aurait sûrement été plus pessimiste pour ce personnage, mais ça aurait complètement changé mon ressenti en sortant de ces deux heures.

Diamants sur canapé - de Blake Edwards

      Passons aux points positifs, car malgré ce côté romantique sans saveur, Diamants sur canapé est néanmoins parvenu à me plaire et à me surprendre. Il y a un aspect de la personnalité d'Holly qui est traité à merveille : le fait qu'elle soit totalement perdue et qu'elle ne parvienne jamais à trouver la stabilité. La fin du film, en-dehors du côté George Peppard, est magnifique notamment lors de cette recherche du chat étrangement poignante. Quel bonheur cela aurait été, si cette scène avait eu lieu sans Paul Varjak, et qu'Holly n'avait pas retrouvé son chat ! Je pense que ce simple changement scénaristique aurait donné à ce film une dimension incroyable, alors qu'en l'état, je trouve qu'il perd son sujet et en devient oubliable.

 

      Le film regorge également de scènes évidemment merveilleuses, comme la chanson Moon River à la guitare, efficace et mélancolique. Je vais être pénible mais, une fois de plus, je trouve inutile la présence de Paul Varjak dans cette scène, venant quasiment gâcher la beauté du moment. Il n'en reste pas moins que la BO du film est somptueuse et colle à la perfection au personnage d'Audrey Hepburn, elle-même exquise.

Diamants sur canapé - de Blake Edwards

     Pour conclure, Audrey Hepburn apporte au film tous ses côtés positifs. Elle est pétillante, passionnante, et Diamants sur canapé n'aurait pas été le même sans cette incroyable actrice. Cependant, je pense également que le film souffre de personnages secondaires catastrophiques. Celui de Mickey Rooney bien sûr, mais plus grave encore : celui de George Peppard. Diamants sur canapé sans romance, avec Audrey Hepburn seule face à sa mélancolie, ça aurait été un tel pied !

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M
Audrey Hepburn est une personnalité que j'ai toujours admiré (non pas tant pour son métier d'actrice que pour la femme qui se cache derrière ces rôles) et pour cette raison j'ai récemment décidé de faire le tour de sa filmographie juste après avoir vu "Diamants sur canapé" au cinéma. Même si j'ai passé un très bon moment durant le visionnage, je n'en demeure pas moins entièrement d'accord avec votre critique et j'ai pensé que vous apprécieriez davantage la comédie policière "Charade" que je trouve bien plus savoureuse pour ma part.
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S
D'accord, merci beaucoup les conseils ! Tes trois coups de coeur m'intéressent vraiment pas mal, je les essaierai peut-être prochainement.
M
Bien sûr ! Ce sont là des avis totalement subjectifs mais voici les films que je regarderai de nouveau sans l'ombre d'un doute : <br /> - La Rumeur (1961). Pour le situer, je dirais qu'il est un peu à l'instar du film "La Chasse". Il raconte les conséquences et l'ampleur que peut engendrer une simple rumeur.<br /> - Voyage à deux (1967). Alors celui-ci, je le mettrais dans la parfaite lignée des "Blue Valentine" "Manchester by the Sea" et "Marriage Story". Autrement dit, comment un amour sincère peut-il devenir un enfer ? J'ignore si c'est justifié mais je l'ai trouvé tout à fait exquis, avec des répliques qui font mouches du genre : "Qui sont ces gens qui restent assis sans se parler ?". "Des gens mariés". Ou encore les moments amusants lorsqu'ils rencontrent une famille clairement atypique lors de leur virée en voiture (j'ai rarement eu autant envie de gifler un personnage à travers mon écran). J'ai vraiment passé un bon moment, c'est pourquoi je suis convaincue de le renouveler !<br /> - Seule dans la nuit (1967). C'est un huis clos où Audrey Hepburn incarne une femme aveugle qui se fait agresser à son domicile. C'est sans doute le film d'angoisse de sa filmographie. Il ne s'agit probablement pas d'un chef d'œuvre, mais j'ai véritablement ressenti la tension du personnage avec une empathie certaine du fait qu'elle soit "plongée dans les ténèbres". A voir également ! Tout comme "127 heures", lorsque je suis dans une situation désagréable dans ma vie je pense à ces films et cela me permet de relativiser : "Finalement la vie n'est pas si mal, ça pourrait être pire".<br /> <br /> Voilà mes trois coups de cœur - que j'ai peut-être eu à chaud, certes - mais qui m'ont tout bonnement ravi ! L'élégance et la classe de cette actrice transcendent l'écran tout comme les années car l'aura de cette femme reste (pour moi) à ce jour inégalée.<br /> C'est une petite sélection, mais d'autres films tels que "Comment voler un million de dollars" "My Fair Lady" "Drôle de frimousse" "Vacances romaines" "Sabrina" et "Au risque de se perdre" valent également la peine d'être vus selon moi. J'ai juste été un peu moins convaincue de "Deux têtes folles" (le plus loufoque) "Guerre et paix" (le film à costume) et "Le vent de la plaine" (le western). Mais ce n'est, encore une fois, que mon humble avis. Et quand je regarde mes favoris, je me dis que c'est indiscutablement dans la noirceur que je la préfère (visiblement).
S
Exact, je me souviens de Charade que j'avais - de mémoire - plutôt apprécié même si je n'ai plus en tête les détails. Y'a-t-il des incontournables d'Audrey Hepburn qu'on pourrait me conseiller ?