Ayant peu de temps à accorder à l'écriture de critiques en ce moment, mais souhaitant néanmoins garder une trace écrite de mes avis sur mes différents visionnages avant de les oublier, je vais régulièrement publier des articles avec des mini-critiques de films que j'ai vus récemment. Je vais ainsi réserver les gros articles aux films sur lesquels j'aurai une réelle envie de débattre et exprimer mon point de vue. Voici donc quelques films en vrac visionnés dernièrement.
Titane (Julia Ducournau, 2021)
Intrigué par mon récent visionnage de Grave, par la bande-annonce qui donnait envie, et par la Palme d'Or qu'a reçu Titane au dernier Festival de Cannes, c'est enjoué que je suis allé voir le deuxième film de Julia Ducournau. Celui-ci m'a laissé de marbre et j'admets ne pas avoir compris où la réalisatrice voulait en venir avec cet objet étrange. Si la thématique de Grave était claire et plutôt intéressante (montrer avec du trash que la monstruosité sous tous ses aspects fait partie intégrante de notre société), celle de Titane est plus ambiguë, voire gênante par moments. Lorsque j'ai découvert Grave il y a quelques semaines, je m'étais posé la question (ici-même) de savoir si la cinéaste avait davantage de choses à dire, ou si cette violence et ces atmosphères de malaise étaient finalement assez gratuites. Je pense que Titane donne la réponse et montre également les limites du cinéma de Ducournau : au-delà de la forme - parfois magnifique -, il y a peu de fond. Le malaise en soi ne me dérange pas et Titane n'a rien d'insoutenable. J'ai trouvé parfaitement ridicule que sur 7 personnes dans la salle de cinéma, 4 soient parties avant la fin de la séance. C'est une attitude que je peux comprendre lorsqu'il s'agit de films réellement percutants comme Irréversible, mais attribuer à Titane ce statut de "film choc", c'est lui donner trop d'importance.
Certains aspects du film sont réellement intrigants, comme le personnage de Vincent Lindon qui apporte une aura toute particulière à cette relation père-enfant à la limite du malsain. Cependant, d'autres éléments m'ont semblé grossiers voire complètement ridicules, comme la relation sexuelle avec la voiture ou tout simplement le dénouement du film affreusement lourdingue. Julia Ducournau reprend, en plus, des idées de son premier long-métrage (les personnages qui se grattent par-dessus leurs blessures, etc.), ce qui témoigne à mon goût d'un manque d'inventivité. Bref, Titane n'est pas une claque, ni un film-choc, et il n'y a - à mon sens - rien à en retirer. On quitte la séance perplexe, sans comprendre ce qu'on a tenté de nous montrer. Du malaise pour du malaise ? Je passerai mon tour la troisième fois.
Regression (Alejandro Amenabar, 2015)
Le film m'a attiré immédiatement avec son casting très alléchant. Etant fou d'Ethan Hawke, et cherchant à savoir si Emma Watson a réellement le talent que j'ai entraperçu dans Le monde de Charlie et The Bling Ring, j'ai également été surpris d'y voir David Thewlis, connu pour avoir interprété Remus Lupin à ses côtés dans la saga Harry Potter. Et puis, évidemment, Alejandro Amenabar. Ce réalisateur qu'on voit trop peu alors qu'il nous a pondu en 2001 l'un des meilleurs films d'horreur de tous les temps : Les Autres.
Malheureusement, Regression n'est pas à la hauteur de ce casting en or. Malgré une idée de base assez intrigante, le film perd de son intérêt au fur et à mesure et, au risque de m'attirer les foudres des fans, je trouve que la faute revient à Emma Watson. J'ai beau l'adorer dans la saga qui l'a fait connaître, je trouve que sa présence fait du tort au déroulement de Regression. Son jeu d'actrice - dans ce film - est parfois contre-productif et de nombreux effets scénaristiques sont gâchés à cause de cette faiblesse. C'est d'autant plus visible qu'elle donne la réplique à Ethan Hawke, acteur impeccable qui est constamment juste dans son rôle. Regression, néanmoins, se laisse regarder ne serait-ce que pour son démarrage. J'ai effectivement adoré toute la première partie du film ; l'ambiance instaurée est sacrément prenante même si elle n'est pas vraiment nouvelle puisqu'elle est empruntée à d'autres classiques du genre. Mais quelques plans sont diablement jolis. De plus, le dénouement est relativement intéressant dans le sens où Regression souligne l'importance de ne pas se fier trop vite aux apparences, mais il est regrettable que le propos du film n'aille pas spécialement plus loin. Résultat : j'ai apprécié le film mais j'ai la certitude qu'il n'y a absolument aucun intérêt à le voir une deuxième fois. Sympa, mais oubliable.
Instinct de survie (Jaume Collet-Serra, 2016)
Le pitch du film est vraiment excitant : une surfeuse se retrouve sur une plage secrète et là, c'est le drame : elle se fait bouffer la jambe par un requin et ne trouve d'autre refuge qu'un rocher au beau milieu de la mer. Cernée par le prédateur assoiffé de sang, elle est piégée sur cet abri de fortune, et la marée monte...
Encore une fois, Instinct de survie est un film plaisant à regarder une fois, mais dont on peut clairement se passer. Etant particulièrement adepte des films de ce genre, qui apparaissent régulièrement sur nos écrans depuis quelques années, je trouve qu'on est bien loin d'autres films similaires. On pense forcément à des films comme 127 heures, Frozen ou Buried, mais Instinct de survie n'est jamais à la hauteur de ceux-ci malgré une idée de départ alléchante. La réussite de ce genre de films est basée sur leur capacité à surprendre et à faire avancer leur intrigue de manière palpitante. De ce côté, il est clair que le scénario manque cruellement d'idées et de rebondissements. Pour un film de moins d'1h30, déjà, il est dommage de prendre quasiment une demi-heure pour aboutir à la situation critique du personnage principal. Le démarrage du film, d'ailleurs, est assez faible avec des effets assez grotesques (les messages reçus par la protagoniste sur son téléphone nous apparaissent à l'image par l'intermédiaire de bulles) et une mise en contexte bien trop longue et inutile (quelques mots auraient suffi à nous faire comprendre que cette plage est isolée et méconnue). Le lien qui est fait entre la mère du personnage principal et cette plage est intéressant au premier abord, jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'il n'est d'aucune utilité dans le déroulement du scénario.
Puis, lorsque l'intrigue démarre pour de bon, on assiste à tous les clichés possibles et imaginables. Aucune surprise et aucun réel stress : si le film dure 1h30, c'est que le personnage va nécessairement s'en sortir pendant au moins 1h20. Là où d'autres films parviennent quand même à passer outre cette mécanique en proposant des surprises ou un vrai suspense, Instinct de survie peine à convaincre avec des scènes qui servent clairement à combler les trous pour atteindre une durée "cinéma". Le personnage de la mouette est ridicule au possible, comme si les scénaristes avaient voulu s'inspirer de Seul au monde avec le ballon Wilson, mais sans les subtilités qui se cachent derrière. Les différentes "courses-poursuites" qui parsèment le film ne sont pas crédibles et la dernière partie centrée sur la balise tendent au grand n'importe quoi. Bref, Instinct de survie est un film banal et dispensable qui ne vaut même pas pour son actrice principale - Blake Lively étant quand même globalement insipide. En d'autres termes : agréable pour faire passer une soirée d'ennui profond, mais complètement crétin à de trop nombreuses reprises.
Brothers's nest (Clayton Jacobson, 2018)
Même si on est loin d'un chef d'oeuvre, je vous invite à découvrir ce film totalement inconnu. Il fait partie de ces films que peu de personnes ont vu mais qui demeurent originaux dans leur démarche. Brother's Nest raconte l'histoire de deux frères qui entrent par effraction dans la maison de leur enfance dans le but de commettre un crime familial. Je ne peux malheureusement pas dire grand chose de plus afin de ne pas spoiler les événements du film, mais Brother's Nest a le mérite de surprendre à de multiples reprises, notamment à travers un humour noir parfois savoureux. Pas au point d'être inoubliable, le film vaut clairement le coup d'oeil pour son côté décalé et pour ses propositions inattendues.
To the bone (Marti Noxon, 2017)
Quel dommage ! To the bone aurait pu être une merveille, mais il fait encore partie de ces films qui croient que l'amour peut résoudre tous les problèmes. Cette plongée Netflix dans le monde de l'anorexie est pourtant marquante d'un point de vue visuel, avec une actrice exceptionnelle qui porte le film d'un bout à l'autre à la perfection. La performance de Lily Collins est bluffante ; de celles qui laissent une empreinte profonde. Que ce soit sa vertigineuse perte de poids comme l'attitude ou le regard qu'elle insuffle à son personnage, l'actrice s'est donnée corps et âme pour ce rôle et le résultat est incroyable.
To the bone se penche sur l'anorexie avec un angle pour le moins intéressant : en la regardant de l'intérieur. Le rôle de Keanu Reeves est tristement anecdotique et je ne comprends pas pourquoi un acteur de cette trempe n'a pas été mieux utilisé dans un tel rôle. Cependant, force est de constater que le film se concentre entièrement sur le personnage d'Ellen et que le côté effacé du personnage de Keanu Reeves est un choix très logique. Le film m'a donc beaucoup marqué notamment grâce à l'investissement de Lily Collins, mais je n'ai pas apprécié sa conclusion à la morale chancelante. Le film veut nous faire croire que l'amour est un remède contre la maladie et je trouve ce propos un peu con-con. Je saisis l'idée, bien sûr, que l'anorexie implique un inquiétant repli sur soi et que, donc, l'ouverture sur les autres peut sauver une victime de cette maladie. Mais j'ai trouvé le dénouement très simpliste et décevant alors que certaines scènes sont d'une poésie hallucinante. Cette séquence mère-fille entre Lily Collins et Lili Taylor sur le lit, notamment, est aussi folle que puissante et restera gravée en moi très longtemps. C'est juste dommage qu'elle soit immédiatement entâchée par une conclusion à la limite du mièvre.