Je poursuis ma petite liste de mini-critiques avec 6 autres films découverts récemment ; certains m'ont beaucoup déçu tandis que deux d'entre eux vont rejoindre mon top 300.
I don't feel like home in this world anymore (Macon Blair, 2017)
Lorsqu'il s'agit d'Elijah Wood, il y a peu de chances pour que je puisse être objectif. Je l'ai découvert étant enfant avec des films comme Le Bon Fils ou Forever Young et il demeure l'un des rares enfants-stars à continuer de réussir au cinéma. Tout chez lui me fascine, en particulier cet humour absurde qui semble constamment lui coller à la peau. Elijah Wood me fait rire, m'émeut, et j'adore le voir camper des personnages tous aussi originaux les uns que les autres. La trilogie du Seigneur des Anneaux, pour laquelle il est le plus connu, l'éloigne un peu de ses rôles de mec loufoque et absurde mais il parvient néanmoins à y exceller. Il suffit d'arpenter sa filmographie pour y découvrir des pépites méconnues, à commencer par Tout est illuminé dont je vante les mérites à qui veut les entendre depuis 10 ans ou encore la série Dirk Gently où ses talents sont utilisés à 100%. Il est même parvenu, en quelques minutes seulement, à devenir l'un des personnages les plus inoubliables de Sin City. Bref, Elijah Wood me plait et, lorsque je vois son nom dans un casting, j'ai tendance à foncer sans réfléchir.
I don't feel like home in this world anymore offre une nouvelle fois à cet acteur un rôle à la hauteur de son style avec un personnage déjanté et parfaitement crédible qui m'a fait rire à de multiples reprises. Le film en lui-même n'est pas parfait, loin de là, mais il regorge d'un humour absurde qui fait du bien et nous offre 45 premières minutes absolument excellentes. Ensuite, malheureusement, le film s'égare un peu dans son scénario tout en proposant quand même des séquences de pur plaisir qui peuvent faire penser à du Tarantino ou du Guy Ritchie. Le personnage principal, joué par Mélanie Lynskey, est surprenant au début et évite habilement de très nombreux clichés, mais j'ai fini par la trouver lassante, par manque de nuances dans son jeu. En conclusion, I don't feel like home in this world anymore surprend avec des scènes inattendues et vaut le coup d'oeil au moins pour Elijah Wood. Le film est extrêmement plaisant à regarder même s'il n'est pas inoubliable.
American Nightmare 1&2 (James DeMonaco, 2013-2014)
Quelle déception. American Nightmare est pour moi l'exemple même du film qui possède une idée de base magnifique (les USA font passer une loi selon laquelle, tous les ans, les citoyens américains ont l'autorisation de commettre tous les crimes qu'ils souhaitent pendant une période de 12 heures), mais qui la traite de façon grotesque. En sortant du premier film, je me suis simplement dit "Quel gâchis !". Gâchis de n'avoir pas su exploiter une idée géniale. Gâchis de n'avoir pas su utiliser Ethan Hawke à son vrai niveau. Avec un tel pitch, digne d'un Battle Royale ou Hunger Games, on aurait pu s'attendre à autre chose qu'une vulgaire chasse à l'homme où la plupart des ressorts scénaristiques sont attendus. Je n'ai pas compris pourquoi la plupart des personnages étaient si clichés, que ce soit dans le premier comme dans le deuxième volet. A part la remise en question du père joué par Ethan Hawke dans American Nightmare, face à sa fille choquée par son comportement, je n'ai pas trouvé que ces deux films exploraient des voies intéressantes ou portant à la réflexion.
C'est là leur principal problème, d'ailleurs : ces films ne font pas réfléchir, ils ne font que montrer l'évidence en usant d'énormes clichés cinématographiques. Soit dit en passant, le dénouement d'American Nightmare 2 est si prévisible qu'il en est ridicule. Les "méchants purgeurs" du premier volet sont d'un cliché...! Ils donnent l'impression que toutes les personnes participant à la purge sont des malades mentaux psychopathes à travers leurs comportements complètement lunaires (les femmes tueuses se baladent en robe blanche comme des échappées de sectes ou d'asiles, c'est si grotesque !). Il aurait, pourtant, été tellement plus intéressant de montrer les purgeurs comme des hommes et des femmes ordinaires (non pas qu'ils le soient, mais cela aurait été bien plus flippant que ces fous aux sourires grossièrement machiavéliques). Certes, cet aspect est quand même utilisé à quelques reprises, mais j'ai trouvé ça insuffisant. Tout sonne faux et ça m'a personnellement gonflé. Qui plus est, ces deux films ne font quasiment que traiter l'aspect "meurtre" de la purge alors que la liste des crimes envisageables lors de cette nuit de purge est très longue. A croire que le meurtre est le crime le plus odieux sur Terre, mais est-ce vraiment le cas ? Ces deux volets n'explorent jamais cette idée. En bref, je n'ai pas aimé ces deux films et je vais cesser de regarder cette saga qui semble ne présenter aucun intérêt.
Pierrot le Fou (Jean-Luc Godard, 1965)
Après avoir vu 6 ou 7 de ses films, je ne sais toujours pas que penser de Jean-Luc Godard. Certains d'entre eux me semblent maîtrisés, aboutis et émouvants, comme Vivre sa vie qui m'a intensément marqué, d'une part parce que ce fut mon premier rendez-vous avec la Nouvelle Vague et que ça m'a foutu une claque, d'autre part parce que j'y ai découvert Anna Karina et son magnétisme fou. D'autres sont tout à fait regardables même s'ils ne m'ont pas marqué au point de les aduler, comme Le Mépris, A bout de souffle ou Alphaville. Et enfin, il y a ce que j'appellerais les "expérimentations de Jean-Luc Godard" et qui me laissent complètement perplexes. C'est bien simple : je n'en comprends pas le but, ni les motivations. Je ne comprends pas ce qu'elles signifient ni, d'ailleurs, si elles ont pour but de vraiment vouloir dire quelque chose. Dans cette catégorie se rangent par exemple Une femme mariée ou encore l'imbuvable Une femme est une femme qui fut pour moi une torture à regarder.
Et c'est dans cette dernière catégorie que je rangerai aussi Pierrot le Fou. Il y a là une énorme incompréhension de ma part face à tant d'engouement pour ce film que j'ai trouvé horrible à regarder, du début à la fin. Comme dans Une femme est une femme, les scènes ne semblent avoir aucun sens, tout comme l'utilisation catastrophique du son. Le film donne l'impression que Jean-Luc Godard fait mumuse avec sa caméra et avec les boutons qui contrôlent le son et la musique, pour obtenir finalement un grand n'importe quoi d'idées foutraques et sans intérêt à regarder. Certains diront sans doute que j'exagère (non) ou que je suis un ignorant (peut-être). Cependant, même Anna Karina, que j'ai adoré dans tous les films où je l'ai vue, ne m'a pas fasciné un seul instant dans Pierrot le Fou. Et si le cinéma de Godard consiste essentiellement à expérimenter des trucs en donnant le sentiment qu'il ne sait jamais vraiment ce qu'il fait, alors je suis définitivement insensible à son cinéma. Pour résumer, je me suis forcé (VRAIMENT forcé) à regarder Pierrot le Fou jusqu'au bout, mais ce fut une véritable torture car je n'ai cessé de passer mon temps à penser que j'avais autre chose de mieux à faire. Et, lorsqu'au bout de 25 minutes, j'ai regardé où j'en étais, j'ai cru à une erreur et je me suis demandé comment j'allais pouvoir tenir encore 1h30. Je l'ai fait, en étant la plupart du temps très peu concentré sur les images, et j'ai souffert. Mais je suis fier de l'avoir fait car alors, je n'aurai plus jamais à le refaire.
Mississippi Burning (Alan Parker, 1988)
Film incroyable. J'ai attendu de nombreuses années avant de découvrir Mississippi Burning, car je n'avais vu que deux films d'Alan Parker auparavant ; Midnight Express et Birdy (qui sont exceptionnels), et je sais qu'il faut se placer dans de certaines conditions pour les voir. Ce sont des films engagés, parfois durs, et il faut vouloir les voir avant de les lancer (ce ne sont pas vraiment des films à regarder pour "passer le temps").
J'ai donc lancé Mississippi Burning et c'est un film incroyable. Tout d'abord, le sujet est particulièrement fort et engagé, comme semble l'être toute la filmographie de Parker, mais il est également bien plus agréable à regarder que ce que je pensais. Bien sûr, la réalité montrée dans le film est loin d'être agréable, mais le point de vue est plutôt original et permet au film d'être toujours palpitant. En effet, le génie de ce film est de nous plonger au coeur de cet enfer de racisme et d'injustice, pour nous montrer la dure réalité du Mississippi de 1964, puis de nous laisser entrevoir une issue par l'intermédiaire de deux agents du FBI venus rétablir la justice au milieu de ce bourbier. J'ai adoré la façon avec laquelle ce film nous tient en haleine en permanence, lorsqu'on voit les agents échouer encore et encore tout en restant inflexibles et plein d'espoir. Les voir ainsi tenir tête aux ordures qu'ils combattent est jouissif et il est clair que le casting est impeccable. Willem Dafoe trouve ici un rôle parfait pour lui en flic conventionnel et droit. Gene Hackman lui donne la réplique à merveille et il est toujours génial de voir son personnage proposer de nouvelles méthodes, avec son ironie et son sourire qui cachent une grande fermeté. Brad Dourif est incroyable et il m'est difficile d'imaginer un acteur pour le remplacer dans ce rôle. Frances McDormand, enfin, illumine le film de sa présence et représente la douceur et l'espoir qui pourraient permettre à cette population de devenir plus respectable. Bref, outre ce casting qui frise la perfection, le message porté par Mississippi Burning est universel et intemporel et l'avancement de cette enquête est réellement captivant, d'un bout à l'autre. Un classique.
Comment c'est loin (Orelsan et Christophe Offenstein, 2015)
On termine avec Comment c'est loin, film que je voulais découvrir depuis longtemps et qui ne m'a clairement pas déçu. On y suit la routine de deux rappeurs (Orelsan et Gringe, jouant leurs propres rôles de manière étonnamment juste) qui, n'ayant rien foutu depuis un long moment à part traîner et boire, sont soumis à un ultimatum : ils ont 24 heures pour écrire une bonne chanson sous peine de tout perdre.
Pour commencer, je dois signaler que j'ai un attachement particulier à Orelsan puisque je suis (de près ou de loin) sa carrière depuis ses débuts, à l'époque où il commençait à percer. Etant originaire de Normandie et ayant fait toutes mes études supérieures à Caen, écouter Orelsan était à cette époque pour moi un passage obligé. Comment c'est loin est donc, pour commencer, un film qui titille ma nostalgie, puisqu'il prend place dans les rues de Caen et que j'y retrouve des références qui me parlent. Le bar intitulé "l'Embu", par exemple, ne peut que toucher mon coeur de normand. Cependant, le film ne m'a pas plu uniquement pour cette identité régionale. Il est également incroyable de drôlerie et regorge d'idées que, je l'avoue, je n'avais pas soupçonnées sur le papier. Je savais qu'Orelsan était un personnage génial, bien sûr, mais j'ignorais qu'il était capable d'écrire un film aussi fin et drôle à la fois. On y trouve beaucoup d'absurde, mais aussi des chansons de qualité qui s'intègrent toujours à la perfection dans la narration. J'ai été réellement bluffé par cette capacité à faire rire par la chanson de manière parfaitement fluide. Orelsan raconte beaucoup de choses à travers Comment c'est loin, avec légèreté et de malice. Les personnages de Gringe et Orelsan, savoureusement nonchalants et décomplexés, sont magnifiquement écrits et leur complicité transperce l'écran. En bref, Comment c'est loin est bourré d'imprévus et sa BO est une tuerie. Je le recommande donc vivement et il rejoint mon top 300 sans trop d'hésitation.