Grave - de Julia Ducournau

Grave - de Julia Ducournau

      Suite à la Palme d'Or remportée par Titane, le dernier film de Julia Ducournau, je me suis enfin lancé dans son premier long-métrage qui me faisait de l'oeil depuis déjà quelques années. Le fait de l'avoir découvert cinq ans après sa sortie fut probablement une erreur car, ayant souvent entendu parler de ce film et de ce qu'il raconte, je n'ai pas vécu cette expérience comme je l'aurais dû. Cependant, Grave reste une belle surprise, aussi subversif qu'inhabituel dans le cinéma français.

Tags Critique analyse explication du film

     Ce film est incontestablement un film à découvrir, ne serait-ce que pour son aspect marquant. De nombreuses images sont percutantes et me resteront en tête très longtemps, comme ce moment où le personnage principal "franchit le pas" pour la première fois. Même si je ne comprends absolument pas les multiples articles racontant que des spectateurs se sont évanouis en assistant aux projections, il faut bien admettre que c'est un film choc qui crée souvent le malaise et rien que pour ça, Grave est plutôt audacieux. A la manière de Cronenberg, Julia Ducournau n'hésite pas à montrer les choses, aussi dégoûtantes soient-elles, et on assiste à des scènes parfois très crues (sans mauvais jeu de mot) et franchement déstabilisantes.

Grave - de Julia Ducournau

      La réalisatrice met en scène la monstruosité ainsi que la transformation (physique et mentale) sous un angle qui m'a beaucoup intrigué et, si j'en crois les quelques infos qui circulent, Titane reprend ces codes de manière encore plus brutale. De quoi accroître mon impatience de découvrir cette Palme d'Or qui fait beaucoup parler. Les deux interprètes principales (Garance Marillier et Ella Rumpf) sont incroyables d'un bout à l'autre. Leurs expressions, leur langage corporel, l'évolution de leur attitude, notamment celle du personnage principal qui débute le film la tête haute pour le terminer tête baissée et menaçante, tout ceci m'a fasciné. La relation entre les deux soeurs est également passionnante et pleine de surprises, et je dois bien avouer que je n'avais pas du tout anticipé certains rebondissements qui rendent l'histoire bien plus folle que ce que j'imaginais au départ. Je ne vais rien spoiler, mais j'ai adoré la façon dont sont traités les liens familiaux avec, notamment, un dénouement complètement dingue. Enfin, le film laisse entendre un lien étroit entre le cannibalisme du personnage principal et sa sexualité, et ce rapprochement est également réussi du début à la fin à travers le personnage de Rabah Naït Oufella, excellent dans son rôle.

     

Grave - de Julia Ducournau

      Malgré toutes ces qualités, Grave est-il pour autant un film entièrement réussi ? Là-dessus, je n'ai pas encore un avis très clair car, s'il m'a marqué et fasciné, je me demande si le film a un réel but. Est-ce uniquement une expérience brutale un peu voyeuriste, ou le film va-t-il plus loin ? En soi, les films expérimentaux qui ne laissent aucune autre trace qu'un choc visuel ne m'ont jamais dérangé. Etant un défenseur absolu d'Irréversible et Enter the Void, ce n'est pas un aspect que je pourrai reprocher à une oeuvre cinématographique. Seulement, si Grave avait voulu transmettre un quelconque message autre que l'acceptation de l'anormalité dans notre monde, je suis clairement passé à côté et ceci me pose donc question. J'ai hâte de découvrir le deuxième film de la cinéaste pour me faire une idée plus précise sur son style et ses thématiques.

Grave - de Julia Ducournau

     En conclusion, Grave est un premier film marquant et forcément inoubliable, que je vous conseille de découvrir (il est en ce moment sur Netflix) si ce n'est pas encore fait. N'hésitez pas à me partager vos théories sur ce film et ce qu'il signifie, car je suis actuellement perplexe à propos de cet étrange objet.

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