A Beautiful Day - de Lynne Ramsay - Critique

A Beautiful Day - de Lynne Ramsay - Critique

    Ayant toujours adoré Joaquin Phoenix, c'est avec plaisir que j'ai enfin décidé de me plonger dans You were never really here (A Beautiful Day en France) hier soir. Le film m'a envoûté dès les premières secondes et ne m'a pas lâché jusqu'à la fin du générique final.

Tags Critique analyse explication du film

A Beautiful Day - de Lynne Ramsay - Critique

     Si le film a souvent été comparé à Taxi Driver du fait des similitudes dans les deux scénarios, j'aurais plutôt tendance à le rapprocher de Drive pour son esthétisme et son ambiance sonore. A Beautiful Day est un film assez court (1h22) et je pense que j'en ai savouré chaque minute, totalement conquis par l'ambiance que la réalisatrice a su instaurer et la complexité du personnage que Joaquin Phoenix a su interpréter.

 

     Le scénario est très simple, ce qui n'a jamais été un défaut pour moi tant qu'un film raconte quelque chose ou parvient à faire passer des émotions. Les premières minutes du film m'ont profondément impliqué dans cette histoire grâce à la bande son sublime de Jonny Greenwood. L'apparition du titre dans le taxi, notamment, a provoqué en moi une sensation que je n'ai pas ressentie depuis longtemps, en imposant une atmosphère sonore réellement incroyable. Pour ceux qui n'ont pas vu le film, peut-être cet extrait, incluant justement cette magnifique musique lors de l'ouverture du film, vous convaincra-t-il à découvrir ce long-métrage fascinant (l'apparition du titre autour de 2:20 m'a filé de sacrés frissons).

 

 

        Deuxièmement, outre cette ambiance somptueuse qui parcourt tout le film pendant 80 minutes, il faut bien noter que A Beautiful Day bénéficie d'une réalisation et d'une photographie mémorables. La plupart des images et des plans se sont imprégnés dans ma rétine et il aurait été difficile de détourner mon attention de l'écran lors de certains passages époustouflants. Toute la séquence de la rivière, notamment, est phénoménale du moment où il marche dans la forêt (certains moments m'ont rappelé Mean Creek et ont donc titillé ma nostalgie) jusqu'à la scène sous l'eau.

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     Bref, You were never really here m'a marqué avec son visuel et sa bande originale, m'impliquant même jusqu'au générique final sur lequel j'avais les yeux rivés, happé une fois de plus par l'atmosphère. Je peux compter sur les doigts d'une main les films qui m'ont captivé jusqu'à leur générique final inclus, et A Beautiful Day rejoint donc cette liste très courte, au côté notamment de Michael Clayton qui possède à mon goût le plus beau générique de clôture jamais créé.

 

     Cependant, une ambiance visuelle et sonore ne suffit pas à faire un bon film. Mais A Beautiful Day regorge encore de qualités. Il faut d'abord souligner le travail incroyable de Joaquin Phoenix, sans qui le film n'aurait pas tout à fait la même saveur. Cet acteur monstrueux annonce déjà ici les prémices de sa prestation dans Joker et il continue donc de figurer dans mon top 2 des plus grands acteurs de cette génération, juste à côté de Leonardo Dicaprio. Il donne à son personnage une dimension et une profondeur folles, ce qui me semble être un exercice difficile pour un film si court. Par l'intermédiaire de flashbacks finement dosés qui ne délivrent que quelques images au compte-goutte, on comprend aisément les émotions qui l'animent ; de sa violence sans but issue d'un traumatisme d'enfance à ses pensées suicidaires qui le rendent d'autant plus attachant.

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     Enfin, et c'est ici que le lien avec Taxi Driver prend son sens, j'ai adoré le lien qui unit subrepticement Joe et Nina. Par bribes, au détour d'une étreinte et d'un regard, la connexion qui existe entre ces deux personnages est montrée discrètement, mais m'a néanmoins beaucoup marqué. J'ai adoré le fait que Joe ait des faiblesses qui nous sont régulièrement présentées au cours du film. Des moments de doute, de tristesse qui viennent abîmer son assurance apparente et le rendent parfois fragile, notamment lorsqu'on nous rappelle qu'il agit principalement sous l'effet des événements qui l'ont fait souffrir étant enfant. Ces failles sont d'autant plus appuyées lorsqu'on assiste au dénouement du film et au sort de Nina, dans lequel Joe n'intervient finalement pas de manière décisive.

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      Enfin, la violence est astucieusement dissimulée par du hors-champ ou des artifices de réalisation vraiment bien pensés (j'ai notamment apprécié toute la séquence lors de laquelle on nous montre Joe se débarrassant des ravisseurs à travers les images de la vidéo-surveillance). La brutalité liée à l'utilisation d'un marteau comme arme (pouvant une fois de plus nous rappeler Drive ou même Old Boy) est joliment atténuée, soit par l'absence d'image, soit par l'absence de son.

 

     Pour conclure, j'ai adoré ce film plutôt original, au scénario très simple mais efficace, brillamment interprété et réalisé. Un petit bijou de ces dernières années qui rejoint indiscutablement mon top 300.

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