La forme de l'eau - de Guillermo del Toro - Critique

La forme de l'eau - de Guillermo del Toro - Critique

      Définitivement, je ne serai jamais fasciné par l'univers de Guillermo del Toro mais là, en plus, je suis profondément irrité d'avoir perdu mon temps. Ayant trouvé Le Labyrinthe de Pan sympathique sans plus, puis détesté Pacific Rim, j'ai laissé une chance à La forme de l'eau en espérant comprendre la multitude de récompenses qu'il a obtenues, mais non. Ce film m'apparait extraordinairement surcoté ; je ne lui ai trouvé ni âme, ni émotion, ni charme. Je vais faire une liste rapide de tout ce qui m'a déplu dans La forme de l'eau.

Tags Critique analyse explication du film

La forme de l'eau - de Guillermo del Toro - Critique

      Un film plagiat ?

 

      C'est le principal reproche que j'aurais instinctivement envie de faire au film car ça m'a beaucoup gêné. Bien sûr, les cinéastes s'inspirent généralement d'autres œuvres pour imaginer leurs propres films, et il n'y a pas de mal à être influencé par ce qui nous a touché. Seulement, la plupart des réalisateurs savent se les approprier pour produire quelque chose de neuf. Avec La forme de l'eau, j'ai eu l'impression constante d'avoir déjà vu ailleurs les scènes qui se déroulaient sous mes yeux et ça m'a laissé un goût amer. Je regrette de n'avoir pas noté au fur et à mesure toutes les références que j'ai repérées, tant chaque aspect du film m'a fait penser à d'autres œuvres cinématographiques.

     

      La musique, pour commencer, semble tout droit sortie du Fabuleux destin d'Amélie Poulain et c'est quelque chose qui m'a frappé dès le départ, notamment parce que la BO de La forme de l'eau est extrêmement pénible à écouter. C'est bien simple, j'ai eu l'impression dès les premières minutes que la musique du film ne lui correspondait pas. La plupart du temps, d'ailleurs, je me suis dit que les scènes aurait eu bien plus d'impact sans musique du tout. A la limite, j'aurais pu comprendre l'idée, mais j'ai également eu cette désagréable impression que Guillermo del Toro a voulu faire de son personnage principal une pâle copie d'Amélie Poulain elle-même. Une jeune femme fragile, sensible, silencieuse et naïve (d'une candeur qui frôle même le ridicule à de nombreuses reprises !), qui vit seule dans un appartement et s'attache aux petits détails. Elle a un voisin qui aime peindre et elle lui rend visite.

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       A ce moment, je débute à peine le film et je ne me formalise pas, mais je trouve cette analogie quand même plutôt curieuse, d'autant que j'ai réellement le sentiment de suivre "les aventures d'Amélie Poulain dans les années 50". Puis, petit à petit, je remarque que la patte de Jean-Pierre Jeunet vient s'incruster un peu partout, et notamment dans les décors. Le mobilier utilisé, notamment cette télévision à l'ancienne ou encore la salle de bain, me rappelle alors Delicatessen. Lorsque je me dis que ça devient trop gros, je réalise que non seulement de nombreux éléments de décors sont réutilisés, mais en plus Guillermo del Toro se permet de "recréer" en partie un passage de Delicatessen avec cette eau qui envahit totalement l'appartement.

La forme de l'eau - de Guillermo del Toro - Critique

      Qu'à cela ne tienne, lorsque le film se termine (et nous reparlerons plus bas du scénario que j'ai trouvé franchement ridicule), je commence à me dire qu'au moins, la créature inventée par le cinéaste est sortie de son imagination et qu'elle demeure une attraction assez originale de ce film. Seulement, en me renseignant un minimum, je découvre une autre drôle de ressemblance...

 

La forme de l'eau - de Guillermo del Toro - Critique

      Alors je me dis... "merde, ça commence à faire beaucoup là, non ?". Oui, je sais, on va me dire (à juste titre !) que La forme de l'eau est un hommage à L'étrange créature du Lac Noir, que Guillermo del Toro souhaitait revisiter. Ca, je peux l'admettre, mais alors... les personnages principaux sont des hommages, les décors sont des hommages, l'ambiance musicale est un hommage... la créature elle-même est un hommage ? Dis-donc, ça fait beaucoup d'hommages d'un coup ! 

 

     Je veux bien croire aux coïncidences, mais plus je creuse, plus je me renseigne... et j'apprends qu'il existe aussi de nombreuses similitudes au niveau du scénario, entre La forme de l'eau et une pièce intitulée Let Me Her You Whisper de Paul Zindel. Dans cette pièce, une femme travaillant comme agent d'entretien dans un laboratoire décide de libérer une créature aquatique qui se trouve là. Je sais, je sais, del Toro a gagné son procès ! Mais bordel, quand on s'informe sur la manière dont s'est terminée cette affaire en appel, on parvient à lire entre les lignes que les ayants-droits de cette pièce se sont couchés contre un joli chèque. Bref.

 

     Je passe sur toutes les références qu'on peut encore voir au fil des minutes tant il m'a fait penser à d'autres films comme La belle et la bête de Cocteau ou même Avatar. Tout ceci me gonfle, principalement parce que le film est... mauvais.

 

     Car, admettons...

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      Oui, admettons que ce film ait été une œuvre intégralement pensée par Guillermo del Toro, et oublions tout ce que je viens de dire. Et bien, même sans toutes ces histoires, le film est bourré de défauts et je peine malheureusement à comprendre ses 4 Oscars : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure musique et meilleurs décors.

 

     Au moins, aucun acteur n'a été récompensé pour ce film et j'y vois donc quand même une certaine cohérence, car le jeu des comédiens (hormis Michael Shannon, ce mec est un génie) est catastrophique. Je n'ai aucun avis particulier sur Sally Hawkins mais son interprétation est complètement exagérée et sonne faux de A à Z. L'actrice force clairement le trait de la fragilité et de cette fausse candeur dont je parlais précédemment. Même la scène du "Fuck You", qui aurait pu être absolument tordante, se retrouve gâchée par le visage robotique de la comédienne qui, à mon goût, ne parvient à rendre aucune émotion pendant 2 heures (et c'est pas faute d'essayer). Je n'ai jamais cru à cet amour qu'elle porte soudainement à la créature - si je peux me permettre, d'ailleurs, cette relation m'a semblé un brin zoophile, mais passons. Cette romance ne fonctionne à aucun moment car, même si la créature parvient à apprendre quelques mots comme "oeuf" ou "moi toi", la communication entre les deux êtres demeure radicalement limitée et il n'y a aucune raison (hormis leurs difficultés de langage) pour que l'un soit attiré par l'autre. Bref.

 

     Niveau casting, la palme de la pire recrue revient quand même à Octavia Spencer que je ne peux décidemment toujours pas encadrer. Dès que je la vois apparaître, j'ai un réflexe de recul - non, de rejet - automatique. Je ne sais pas pourquoi cette actrice continue de tourner un peu partout tant elle nous ressort éternellement son rôle de femme forte qui tire la tronche et fait les gros yeux. Cette femme mono-expressive n'est pas une bonne comédienne ; elle ne sait pas faire passer une émotion sans la caricaturer à l'outrance (et oui, avant qu'on me le dise, j'ai vu La couleur des sentiments et j'ai bien aimé ce film). C'est pour moi l'une des actrices les plus surestimées de ces dernières années.

 

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      Outre Michael Shannon qui est génial, j'adore Richard Jenkins mais je l'ai trouvé globalement creux dans cette histoire. Quelqu'un m'explique l'intérêt de toute cette blague autour des tartes au citron qu'il collectionne dans son frigo ? Je n'ai pas compris. J'ai cru jusqu'au bout que la créature allait raffoler de ces tartes au citron et que ça allait la nourrir, mais non. A la place, on nous ressert un scénario à la E.T. - oui oui, encore des similitudes avec un autre film culte, et je ne le fais vraiment pas exprès - où la créature doit se cacher dans une maison et attendre le retour de l'humain auquel elle s'est attachée.

 

      Pour finir, on pourrait croire que j'ai au moins apprécié le rôle de Michael Shannon puisque je l'ai positivement mentionné à deux reprises. Malheureusement, son personnage est également un échec et il met à lui tout seul en évidence un dernier gros point noir de La forme de l'eau : son manichéisme affreux. Là, c'est davantage un problème personnel puisque je sais parfaitement que le manichéisme caractérise globalement le cinéma de Guillermo del Toro. Les contes : c'est son délire. Soit dit en passant, ce n'est pas le mien. 

 

     Le problème, c'est que chaque personnage de ce film est tout blanc ou tout noir, sans demi-mesure. Le méchant est vraiment très méchant (tout y passe : racisme, misogynie, manque de respect envers les handicapés) et les gentils sont vraiment très gentils. Je trouve ça cul-cul, niais et grossier. Les personnages sont bloqués dans leurs stéréotypes et on ne leur permet aucune évolution, ce qui donne des personnages qui stagnent et m'ont profondément fait chier. 

 

La forme de l'eau - de Guillermo del Toro - Critique

     Bref, je m'arrête ici car je pense que j'ai suffisamment justifié à quel point ce film m'a déçu et déplu sur tous les points. C'est une histoire morbide sans queue ni tête, qui souffre d'un terrible manque de rythme (l'intrigue ne démarre réellement qu'au bout de 30 minutes) et d'un scénario aussi convenu que possible. Restent quelques belles images, car le travail de la lumière et des couleurs est assez somptueux, mais tout ce travail de photographie est au service de décors et de personnages auxquels je n'ai jamais cru tant ils sont artificiels.

 

 

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