Voici un court article pour parler un peu de cinéphilie et des grands classiques du cinéma, que toute personne qui se prétend cinéphile se doit d'avoir vus. On entend souvent dire - en général de la bouche de ceux qui ont eu le courage (ou l'obligation) de se taper l'intégralité des filmographies d'Hitchcock, Kurosawa et Tarkovski - que pour se forger une culture cinématographique, il est essentiel d'avoir vu une liste de "grands classiques" qu'il serait honteux de ne pas apprécier à leur juste valeur. Evidemment, je ne me range pas du côté de ces dictateurs de la pensée et je n'ai jamais considéré qu'il fallait absolument s'être extasié devant Citizen Kane ou Le Parrain pour pouvoir se permettre de discuter cinéma de manière crédible.
Le mot "cinéphile" a évolué au cours des décennies et, à l'origine, il désigne simplement une personne qui aime le cinéma, quelle que soit l'expression de cette passion. Même si j'encourage à découvrir des films de toutes époques et de tous horizons, je ne me permettrais pas de juger la cinéphilie de quelqu'un si cette personne est davantage intéressée par des blockbusters bourrins des années post-2010. Pour ma part, même si je tente d'étendre ma culture cinématographique au fil des années en m'aventurant là où je n'aurais pas osé m'aventurer il y a 15 ans, il suffit de regarder mon top 400 (ou mon scandaleux top 50) pour se rendre compte du manque de diversité dans les films que je propose sur ce blog. Ici, nous sommes sans doute sur un taux de 75% de cinéma américain, et probablement sur un pourcentage similaire concernant des films post-1990.
Et je m'en fous, je n'en éprouve aucune honte. Quand j'ai commencé à écrire sur le blog, mon film préféré était Into the Wild (ou Le Seigneur des Anneaux), je n'avais pratiquement jamais vu de films avant 1970. Chaplin, Hitchcock ou Truffaut étaient pour moi des noms assez flous, je n'avais d'yeux que pour Bruce Willis ou Natalie Portman. Pourtant, croyez-le ou non, j'étais tout aussi cinéphile en 2010 qu'aujourd'hui, car j'avais déjà cette soif de découvrir ces milliers de pépites qui s'offraient à moi, et j'avais quotidiennement cette envie de consacrer une ou deux heures de ma vie à un film, quel qu'il soit.
Aujourd'hui en 2024, il me reste encore des milliers de choses à découvrir, notamment dans le cinéma russe ou le cinéma asiatique sur lesquels je suis une grosse bille. Je viens juste de passer la barre des 2000 films vus dans ma vie, et je trouve ça absolument ridicule, face à des spécialistes qui en auraient vu 5000, 10000 ou 20000. Pourtant, je continue d'écrire sur ce blog sans honte et de partager mes maigres impressions, dans le seul but de partager mes émotions et de faire vivre toutes ces voix qui se multiplient dans ma tête lorsque je découvre un nouveau film.
J'ai donc décidé d'écrire cet article afin de déculpabiliser ceux ou celles qui pourraient subir des remarques de pseudo-cinéphiles qui aiment chier sur ceux qui n'ont pas un bagage suffisamment étoffé à leur goût. Je me suis retiré des réseaux sociaux il y a longtemps à cause de ces gens qui pensent détenir la vérité ultime et qui viennent vous insulter si vous osez affirmer que vous n'avez pas apprécié Le parrain ou Les dents de la mer. Ces gens ne doivent pas vous empêcher de partager vos avis et vos goûts, sous prétexte qu'un groupe de spécialistes aléatoires a décidé qu'il fallait aimer ces films, et point barre.
N'ayez pas honte de vos goûts ni de vos lacunes. Vous pouvez prendre votre temps et ne découvrir Citizen Kane qu'à 60 ans, on s'en fout. Vous pouvez même très bien passer votre vie entière sans voir ce film, ça ne changera rien à votre statut de cinéphile. Je n'ai pas honte de dire que lorsque j'ai vu Citizen Kane pour la première fois il y a 5 ou 6 ans, ça n'a changé ni ma vie, ni ma perception du cinéma. Je suis ravi de l'avoir vu, mais je ne vois pas pourquoi il faudrait particulièrement avoir vu celui-ci plutôt qu'un autre. Même s'il est intéressant de revenir aux sources du cinéma ou de se pencher sur les films qui ont fait avancer les techniques cinématographiques, il n'y a pas de priorités ni d'urgence. Et puis, d'ailleurs, il est plutôt jouissif de se garder des "classiques" sous le coude pour faire durer le plaisir. Quand je vois le nombre monumental de films qu'il me reste à voir, comme Casablanca, M le Maudit, Nosferatu, en passant par Les enfants du paradis, Les enchaînés ou Scarface, Stalker, Les 7 Samouraïs, je suis heureux d'avoir choisi de ne pas tout avoir bouffé en 15 ans, car je sais qu'il me reste de superbes découvertes à faire pour les 15 ans à venir. Et puis, si ça se trouve, je n'en ai pas envie. Et qu'est-ce que ça peut foutre ?
Pour ceux que ça intéresse, voici une liste de 100 films que je viens de créer sur Vodkaster. Ce sont mes grosses "lacunes" cinématographiques (si tant est que cette expression ait vraiment un sens !) et je suis fier de les étaler ici.