J'ai perdu mon corps - de Jérémy Clapin (12/16) - Critique

J'ai perdu mon corps - de Jérémy Clapin (12/16) - Critique

      Il y a une expression que j'utilise très rarement sur ce blog (environ 6 ou 7 occurences en l'espace de 12 ans). La dernière fois, c'était en 2022 pour A mouthful of air. La prochaine fois, ce sera à la fin du paragraphe suivant.

 

J'ai perdu mon corps - de Jérémy Clapin (12/16) - Critique

      J'ai perdu mon corps, c'est l'histoire d'une main, de Naoufel et de Gabrielle. A la manière de La Chose dans La famille Addams, nous suivons cette main sans vraiment comprendre comment elle a été séparée du reste de son corps. Par l'intermédiaire de flashbacks, son histoire nous est donc racontée en parallèle... En me proposant de regarder J'ai perdu mon corps, PouletPlastique a ajouté : "Pour le grand sentimental que tu es". Je ne sais pas s'il mesurait réellement le cadeau qu'il me ferait en me faisant découvrir ce film d'animation français sorti en 2019. Était-ce un coup de chance pur et simple, ou a-t-il analysé mes goûts et compris le type de cinéma qui me faisait vibrer ? Je n'en sais rien, toujours est-il qu'avec J'ai perdu mon corps, on touche du doigt... mon "idéal cinématographique".

 

J'ai perdu mon corps - de Jérémy Clapin (12/16) - Critique

      Dès les premières minutes, j'ai su qu'une électricité toute particulière me mettait en connexion avec ce film. Au bout de 15 minutes à peine, j'ai marqué une pause dans mon visionnage afin de me placer dans les conditions optimales, pour ne rien rater de cette expérience. Je sentais que j'allais vivre quelque chose. La suite s'est passée exactement comme je l'avais rêvée : j'ai savouré chaque instant de ces 1h16 car tout était absolument parfait pour moi. Tout ce que j'aime au cinéma se trouve concentré ici, comme si quelqu'un avait pris le temps de consulter mes goûts en terme de musique, d'ambiance visuelle et sonore, de thématiques, pour les réunir ici. 

 

     A vrai dire, je ne sais pas exactement comment écrire cet article sans faire un étalage de toutes les qualités de J'ai perdu mon corps. J'ai beau me creuser la tête, je ne lui vois strictement aucun défaut. Le film est le parfait exemple de ce que la musique est capable de faire pour le cinéma. La bande originale, composée par Dan Levy du groupe The Dø, est une merveille de A à Z. Chaque envolée musicale m'a pris par les émotions de manière intense et ce, dès la première scène. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais certaines ambiances sonores me chamboulent, me chavirent, me saisissent même sans contexte. Le thème principal, par exemple, va probablement circuler entre mes deux oreilles pendant plusieurs mois.

       Mieux encore, les musiques qui servent à accompagner les séquences de souvenirs sont d'une beauté émotionnelle remarquable, à l'instar de cette composition qui a bien failli me faire verser quelques larmes au bout de 6 minutes de film seulement. Oui, il a fallu si peu de temps pour me conquérir intégralement, tant cette ambiance sonore est magnifique.

      Bien sûr, ce n'est pas qu'une affaire de musique, sinon ce serait trop facile. Si j'ai tant été envahi par l'émotion, c'est que le film attaque directement avec des séquences de souvenirs. Quiconque lit le blog de temps en temps sait que c'est mon point faible. Ou plutôt devrais-je dire, mon point sensible, car c'est une sensation merveilleuse. Tout ce qui est lié à l'enfance, à la mémoire, aux souvenirs, me bouleverse lorsque c'est présenté avec la poésie de J'ai perdu mon corps. En plus, il s'agit des souvenirs d'une main. Jérémy Clapin nous présente des séquences centrées sur ce que cette main a vécu durant toutes ces années, avant d'être séparée de son corps. C'est une idée tellement fabuleuse, et les images sont si belles, bon sang !

 

J'ai perdu mon corps - de Jérémy Clapin (12/16) - Critique
J'ai perdu mon corps - de Jérémy Clapin (12/16) - Critique
J'ai perdu mon corps - de Jérémy Clapin (12/16) - Critique

      Le parcours de cette main tient en haleine (c'est fou, la main est presque humanisée : elle est triste, nostalgique, elle s'assied, elle a peur, etc.), notamment dans les moments de frayeur comme lors de cette scène dans le métro où nous avons peur pour elle. Parallèlement à ça, nous suivons également le passé de son propriétaire Naoufel, qui tombe amoureux d'une jeune femme en lui livrant une pizza. La scène de l'interphone n'était pas initialement présente dans le roman Happy Hand de Guillaume Laurant (que je n'ai pas lu), dont le film est une adaptation. Pourtant, c'est sans doute la plus belle séquence du film, parfaitement réalisée, avec un travail sur le son exceptionnel. Je n'ai fait que sourire comme un idiot. J'ai tellement aimé ça.

 

J'ai perdu mon corps - de Jérémy Clapin (12/16) - Critique

      Mais ce n'est pas la seule liberté prise par le réalisateur, car Jérémy Clapin a ajouté de nombreux éléments permettant de lier les histoires et les personnages, comme le fil rouge de la mouche, du Pôle Nord ou encore de la pizza. Tout ceci ajoute à la cohérence de l'ensemble, notamment au propos sur le destin. Tout est d'une douceur et d'une poésie... La romance, elle aussi, est traitée à la perfection. Il n'y a aucun mauvais sentiment, c'est juste de la délicatesse et de la tendresse, enrobées de nostalgie. Je n'ai cessé de sourire comme un con à chaque fois que mon cerveau me disait : "Et oui, c'est tout ce que t'aimes".

 

Cela va jusqu'aux respirations apaisantes qu'on entend lorsqu'une main de bébé saisit le doigt du personnage principal.
Cela va jusqu'aux respirations apaisantes qu'on entend lorsqu'une main de bébé saisit le doigt du personnage principal.

Cela va jusqu'aux respirations apaisantes qu'on entend lorsqu'une main de bébé saisit le doigt du personnage principal.

       Bref, merci PouletPlastique. Sans cette proposition, je serais sûrement passé à côté de cette merveilleuse pépite pendant plusieurs années. Voyez-le, c'est l'un des plus beaux films d'animation que j'ai vus. J'ai ressenti la même chose que devant La Tortue Rouge. Que devant Your Name. Il faudra que je le retente rapidement pour savoir s'il mérite un top 50 (oui, carrément).

 

 

 

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