La malédiction : l'origine - de Arkasha Stevenson

La malédiction : l'origine - de Arkasha Stevenson

      Ne passez pas à côté. Je ne sais pas vraiment pourquoi je suis allé voir The First Omen en salle, je ne sais pas vraiment si c'est un coup de cœur au point de le faire entrer dans mon top 400, mais je sais que je dois écrire cet article pour vous encourager à aller le voir. Premier long-métrage de la réalisatrice Arkasha Stevenson, La malédiction : l'origine est un préquel au film d'horreur La malédiction (The Omen) sorti en 1976. Vous n'avez jamais vu cette saga ? Et bien moi non plus, et je vous assure que ce n'est pas grave : j'ai adoré ce volet malgré tout, ne serait-ce que pour sa volonté d'être un véritable film de cinéma.

 

La malédiction : l'origine - de Arkasha Stevenson
La malédiction : l'origine - de Arkasha Stevenson

      Le cinéma d'horreur de ces dernières années peine franchement à m'exciter, à tel point que j'ai du mal à considérer les films horrifiques récents comme des projets sincères et ambitieux. Chaque nouvelle sortie crée en moi de longs soupirs de lassitude et je commençais à désespérer de découvrir quelque chose d'un tant soit peu novateur ou, au moins, avec une vraie vision d'auteur. Par hasard, la semaine dernière, je suis tombé sur une critique qui vantait les qualités de La malédiction : l'origine. La chronique parlait de plans stylisés, de ralentis, d'Under the Skin de Jonathan Glazer, de Possession d'Andrzej Żuławski.

 

     Je n'aurais jamais pris la peine de m'intéresser à ce film, car tout portait à croire qu'il s'agirait d'une catastrophe : le titre complètement bidon, le fait que ce soit une suite / prequel d'une franchise datant de 50 ans, et surtout la thématique de l'église et du couvent (redondante ces dernières années, puisqu'on s'est farcis La Nonne et Immaculée très récemment). C'est donc amusé que je me suis dirigé au cinéma près de chez moi pour l'unique séance en VO. Et là...

 

La malédiction : l'origine - de Arkasha Stevenson

      ... et aussi...

 

La malédiction : l'origine - de Arkasha Stevenson

     ... ou encore...

La malédiction : l'origine - de Arkasha Stevenson

      J'ai été saisi par la beauté du film, par son souci de montrer des images soignées, léchées, travaillées. Le film s'ouvre sur des séquences en ultra-ralenti qui impressionnent pour leur audace ; il y a ici de vrais choix de mise en scène qui forcent le respect, loin des bouillies qu'on voit habituellement dans le cinéma d'horreur récent. On sent le soin apporté à la photographie, la lumière (sublime), la réalisation, les ambiances. Oui, le film est visuellement magnifique, et il faut se lever de bonne heure si on veut trouver des exemples de films d'horreur aussi audacieux sur les cinq dernières années. 

 

     Certaines séquences sont époustouflantes de beauté, non seulement dans leur esthétique mais aussi dans la manière de traiter la psychologie du personnage principal. L'une des séquences, par exemple, montre Margaret envahie de toutes parts dans une foule de manifestants ; on a droit à des plans crispants sur les mains qui la frôlent, qui l'agrippent, qui renforcent la sensation de harcèlement qu'elle subit. Quelques secondes plus tard, on assiste à la scène d'un point de vue extérieur et on change de perspective. La fluidité de cette séquence... sa justesse... c'était prodigieux. Tout ça pour un premier film, c'est proprement stupéfiant.

 

La malédiction : l'origine - de Arkasha Stevenson

      Et puis... 

 

La malédiction : l'origine - de Arkasha Stevenson
La malédiction : l'origine - de Arkasha Stevenson
La malédiction : l'origine - de Arkasha Stevenson

     Nell Tiger Free. Je n'avais jamais particulièrement fait attention à cette actrice que j'ai dû voir très rapidement dans Broken et Game of Thrones, mais elle m'a laissé sans voix. Son interprétation est envoûtante de la première à la dernière seconde, elle s'investit pleinement dans ce rôle et on la suit avec un immense plaisir dans la résolution de cette enquête qui, par ailleurs, donnera lieu à de nombreuses surprises. La scène la plus mémorable du film est un plan-séquence centré sur son personnage en pleine évolution. Sans spoiler, ce moment garantit des frissons de malaise dans l'épine dorsale, tant le jeu de l'actrice est dingue.

 

     Ce n'est pas, d'ailleurs, la seule à s'en tirer admirablement, puisque l'ensemble du casting est brillant, joliment mis en valeur par la géniale mise en scène de Arkasha Stevenson.

 

La malédiction : l'origine - de Arkasha Stevenson
La malédiction : l'origine - de Arkasha Stevenson

     Qui plus est, en terme d'horreur et de peur, La malédiction : l'origine se démarque de tous ses camarades par quelques partis pris diablement intelligents. Le film ne cherche pas à faire peur à tout prix, et c'est remarquable. Je me suis surpris, au bout de 45 minutes, à penser : "Et bien, ça ne fait pas tellement peur... Mais bon sang, c'est quand même cool !". Alors, certes, le film n'évite pas certains écueils, on a droit à quelques grands clichés du cinéma d'épouvante : deux ou trois jumpscares pour tenir le spectateur éveillé (très rares cependant), une femme qui rit de manière diabolique lors d'une scène (assez navrante quand on voit la qualité du reste du film), quelques effets gores ou tapageurs, et une dernière scène stupide qui aurait dû être effacée.

 

     Mais si on enlève ces quelques petits défauts qui ne témoignent que d'une volonté de contenter le spectateur en manque de sensations, La malédiction : l'origine n'est effrayant que lorsque c'est nécessaire. Les effets horrifiques s'installent de manière insidieuse, et, parfois sans prévenir, on assiste à des scènes hallucinantes en terme d'idées visuelles. Je repense notamment à ce monstre tapi dans l'ombre qui se lève doucement et peine à apparaître dans notre champ de vision, ou encore cette vision de Margaret, le visage retourné, qui s'éloigne lentement de la caméra. J'en ai eu des frissons d'effroi et, pour ça, la réalisatrice n'a pas cédé à la facilité. Pas de cuts en tous genres ni de rythme faussement effréné, pas de musiques particulièrement stridentes : tout passe par l'atmosphère visuelle. 

 

     Le film est à la fois d'une propreté et d'une beauté remarquables, mais aussi totalement poisseux et sale par moments, c'est tout à fait passionnant. Bref, je vous le conseille car, malgré quelques passages assez limites en terme de clichés, La malédiction : l'origine pourrait bien être l'un des films d'horreur les plus ambitieux de ces dernières années. Il serait bête de passer à côté à cause de son affiche ou de son titre.

 

 

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