Film proposé par Cocodeal lors du dernier jeu, La fille de Ryan est seulement mon troisième film de David Lean. Je suis très frileux lorsqu'il s'agit de films de cette époque et de ce genre, surtout lorsqu'ils durent plus de trois heures, je remercie donc Cocodeal pour m'avoir sorti de mes sentiers battus.
La fille de Ryan est un drame romantique dans l'Irlande de 1916. Au cœur du conflit qui oppose irlandais et anglais en toile de fond, le film se concentre principalement sur la communauté d'un petit village isolé, et notamment les émois de Rosy, une jeune femme en quête de son bonheur. Si j'ai eu beaucoup de difficultés à accrocher lors de la première partie, j'ai fini par me prendre au jeu et à savourer ce qu'il y avait à savourer.
Les choses qui m'ont posé problème sont d'ordre purement personnel, c'est une affaire de goût, je ne vais donc pas trop m'étaler dessus. J'admets m'être un peu ennuyé lors de la présentation des divers personnages et habitants de ce petit village. Même si certains traits de personnalité des personnages sont intéressants, comme la lâcheté de Ryan ou encore la douceur de Charles, le jeu très caricatural voire grossier de certains membres du casting (Trevor Howard et John Mills en tête) m'a gêné. De plus, je ne suis pas vraiment adepte des grandes romances d'époque, de type Autant en emporte le vent. Malgré tout, contrairement au classique de Victor Fleming qui m'avait paru détestable, La fille de Ryan m'a convaincu à la longue, car il contient de belles qualités.
Le major Doryan, par exemple, m'a fasciné dès son introduction. En plus d'apparaître devant un paysage sublime sous une photographie somptueuse, son regard triste et tragique capte l'attention dès les premières scènes. Par ailleurs, le film entier est une véritable merveille d'un point de vue visuel. Les décors naturels sont d'une richesse époustouflante, les paysages de l'Irlande m'ont subjugué du début à la fin. Ils sont tous mis en valeur par l'extraordinaire travail de Freddie Young, le directeur de la photographie. Quelques images m'ont fait pousser un "wouaw" d'émerveillement.
En dehors de l'aspect formel, le film développe de très belles relations entre les personnages, notamment grâce au talent de Sarah Miles et Robert Mitchum qui livrent des interprétations quasiment parfaites. Si le couple Rose / Charles est assez ronflant au début, leur relation devient de plus en plus passionnante au fil des heures, jusqu'à un final assez fort. Il est juste dommage que l'émotion peine à venir. Comme dans la plupart des œuvres de ce genre, j'ai beaucoup de difficulté à m'attacher aux personnages et à leurs aventures du fait de la lenteur générale qui m'empêche de m'engager émotionnellement. C'est dû aussi, je pense, au manque de profondeur des personnages dans l'écriture. Rose n'est malheureusement caractérisée que par ses émois amoureux et par l'ennui qu'elle subit, et c'est dommage car le personnage aspirait à bien plus. Ne définir Rose que par le prisme de son adultère est très léger, surtout pour une durée de 3h20.
Malgré tout, sa relation avec le major Doryan permet à La fille de Ryan de briller lors de la scène d'amour dans la forêt. Tout est quasiment parfait dans cette séquence que je retiendrai longtemps : probablement la plus réussie du film. Entre les couleurs et la lumière qui montrent que Rose goûte enfin à une forme de bonheur, David Lean filme le calme et la sérénité de cette forêt de manière exemplaire. J'ai été hypnotisé par les plans sur les arbres qui bougent sous le vent en filtrant le soleil, ou encore ces deux fils de soie d'araignée qui semblent danser ensemble, symbolisant ces deux âmes tristes qui se comprennent en se passant de mots. C'est l'harmonie pure.
En conclusion, la découverte de ce drame fut intéressante et m'a permis d'explorer ce genre de cinéma vers lequel je marche généralement à reculons. Globalement, mon avis est positif malgré l'absence d'implication émotionnelle. On va dire que l'esthétique du film, proche de la perfection, vient sauver une intrigue un peu molle et stéréotypée.