C’est
le seul film que j'ai vu d’
Emir Kusturica et j’ai été littéralement conquis. Un film qui, bien sûr, ne plaira pas à tout le monde car il est
assez incompréhensible et lent, mais quelle poésie… Il est pratiquement impossible d’en trouver des explications et des analyses correctes car il fait partie de ces films qui, à l’instar de
Mulholland Drive, mélangent rêve et réalité, et particulièrement le rêve américain, d’où le titre
Arizona Dream.

Ce film, qui dure quand même 2h20, raconte l’histoire d’
Axel
Blackmar, interprété par
Johnny Depp. Comme pour la totalité de ses films, autant dire que cet acteur fait beaucoup pour le film. Il
est excellent, talentueux, ses jeux de regards sont poignants, touchants et incroyables. Il a une telle facilité à entrer dans ses rôles qu’il est sans aucun doute l’un des meilleurs acteurs de
cette génération, et à mon goût le meilleur.
Les images du film sont absolument somptueuses, et certaines scènes sont époustouflantes de poésie, de magie et emplies d’une ambiance très particulière. Parfois drôle,
parfois dramatique et déprimant,
Arizona Dream nous procure énormément d’émotions et suscite l’intérêt du spectateur. Pourtant rempli de
symboles, le film ne raconte finalement pas grand chose, le thème principal étant le rêve. Chacun des personnages a un rêve, qu’il aimerait réaliser.
Grace
(
Lili Taylor) souhaite se réincarner en tortue,
Leo (
Jerry
Lewis) veut aller sur la Lune,
Elaine (
Faye Dunaway) rêve de voler,
Paul (
Vincent Gallo) voudrait devenir une star du cinéma.

Et finalement, on ne sait pas exactement quel est le rêve du personnage principal,
Axel. De nombreux indices nous font
penser qu’il aimerait être un poisson, mais son premier objectif est,
a priori, d’aider les autres peronnages à accomplir leurs propres rêves, notamment
Elaine. Et chacun des personnages va, d’une façon ou d’une autre, finir par réaliser son rêve plus ou moins bien. C’est ainsi qu’on assiste à une scène des plus cultes,
une des scènes de
La Mort aux Trousses d’
Hitchcock, revisitée façon
Kusturica. Une très belle séquence, qui permet à
Paul de se retrouver dans une situation qu’il juge “
trop belle pour être vraie”… Ce personnage est très touchant et intéressant, bien qu’il n’apparaisse pas souvent dans le film. Tout
comme
Leo, l’oncle d
’Axel.
De nombreux passages sont d’une grande beauté, notamment lors des scènes du poisson volant, qui nous rappellent à quel point nous sommes nous-mêmes comme ce poisson,
perdus dans un désert et ne sachant pas quoi faire (d’après les dires de
Kusturica lui-même). Ces scènes sont vraiment géniales, elles
transmettent beaucoup d’émotion, notamment grâce à une musique incroyable, celle intitulée
Dreams, et que vous pouvez écouter ici :
Quelle sublime musique, qui donne tant de frissons qu’on en pleurerait presque ! Une autre musique très culte du film, que tout le monde connait, est
In the Death Car, par
Iggy Pop & Goran Bregovic.
A écouter ici.
Enfin, le film bénéficie également de quelques scènes humoristiques, un humour assez bienvenu dans ce film plutôt sombre. Une chose est certaine, on en ressort
bouleversé, sous le choc de ne pas avoir tout compris mais d’avoir néanmoins réellement apprécié. Un grand chapeau à
Kusturica pour ce
superbe chef d’oeuvre.
Voir aussi : Les meilleurs films de 1990 à 1999.