Résultat, j'ai été agréablement pris dans cette intrigue "puzzle" qui m'a passionné de bout en bout. Babycall est un film
réunissant plusieurs intrigues, la trame principale étant assez stressante tandis que les histoires secondaires jouent sur l'émotion et la tendresse. L'histoire principale est très intrigante et
file parfois des frissons dans le dos (les bruits qu'Anna entend dans le baby-phone sont vraiment flippants). Elle joue beaucoup sur l'ambiguité entre la folie et la réalité, différence qui n'est
jamais très claire tout au long du film, même après le dénouement. Le réalisateur aime brouiller les pistes et nous mener dans divers chemins pour finalement nous perdre totalement (ou presque).
Rien que pour ça, le film mérite d'être vu parce que le spectateur est toujours entrain de réfléchir : est-elle folle ? Ce gamin au regard terrifiant est-il réel ? Quel est ce lac ? A la fin du
film, on tente difficilement de recoller les morceaux mais ce n'est pas si simple, car le film enfonce trop de portes mystères. C'est à mon goût le défaut de
Babycall, qui se perd lui-même dans son propos et propose des semblants de réponses qui paraissent incohérents (une vague histoire de fantômes ou
d'hallucinations collectives qui alimente l'angoisse mais soulève d'autres questions). La réussite du film est de parvenir à nous faire croire qu'il a un sens et que le scénario est nickel. C'est
en tout cas ce que je me suis dit en sortant de la salle.
Bref, à part ce dénouement un peu étrange, qui laisse un goût amer de "facilité" et de banalité (force est d'admettre que le twist m'a
quand même surpris !), le film est magnifique.
Noomi Rapace porte l'essentiel de l'intrigue sur ses épaules et s'avère être une actrice
hallucinante. Elle est très crédible en femme fragile à la limite de la folie, et il est difficile de ne pas s'attendrir pour elle. La relation mère/fils est sublime et ne fait que mettre en
valeur un amour maternel pur (mais torturé). Le film est également très sensible, pourtant la musique est pratiquement absente du film, dont l'atmosphère est très froide et grise. Sensible au
travers de Helge, le personnage de
Kristoffer Joner qui livre également une prestation brillante (il est très expressif et poignant). La
relation entre Helge et Anna est émouvante : deux âmes un peu perdues et mélancoliques se rencontrent et se parlent de façon naturelle. Les discussions entre les deux personnages sont touchantes,
car ces personnages solitaires sont en détresse et trouvent en l'autre un appui. J'ai beaucoup aimé ces deux protagonistes, j'ai ri avec eux et j'ai été ému avec eux, ce qui est vraiment une
qualité énorme du film.
En bref,
Babycall a quelques défauts, essentiellement sa fin qui mérite d'être plus
claire (j'attendais vraiment une explication géniale et finalement ça tombe un peu à plat). Cependant, il est superbe et je me suis laissé porter par cette intrigue avec grand plaisir. Le film
m'a permit de redécouvrir l'une des actrices les plus prometteuses du moment, et de retenter l'expérience du cinéma scandinave après Morse qui m'avait légèrement déçu. Un film froid qui contient
néanmoins son lot de sentiments agréables.