Breaking Bad - La fin de la saison 4

          Alors voilà, ça fait quelques semaines que j'ai commencé Breaking Bad, parce qu'en dehors du cinéma je m'intéresse de plus en plus à l'univers des séries TV. Et entre nous, je trouve extrêmement dommage qu'il n'existe pas un système permettant de suivre des séries TV sur grand écran, avec du bon son, car je suis sûr qu'on loupe de grandes choses. Si je ne regarde pas beaucoup de séries, il se trouve qu'elle me font pourtant autant d'effet que les films (voire beaucoup plus, il me suffit de repenser à la fin des séries Twin Peaks ou Six Feet Under pour ne plus m'en sortir pendant plusieurs heures).


          Comme beaucoup de gens j'imagine, je suis impressionné, mais vraiment très impressionné, par le travail et la qualité que parviennent à produire certains réalisateurs et scénaristes de séries TV. Il faut vraiment avoir du talent pour créer des personnages évoluant au fil des saisons, de plus en plus profonds, de plus en plus attachants, sans qu'on n'ait jamais l'impression d'en avoir fait le tour. C'est ce qui différencie principalement les séries des films : l'oppurtunité magique d'apprendre à découvrir une poignée de personnages pendant un laps de temps gigantesque (des dizaines d'heures). Naturellement, ces personnages commencent presque à faire partie de notre "vie" en quelques sortes. On suit leurs faits et gestes, on vit avec eux pendant le temps d'un épisode et il devient de plus en plus difficile de les lâcher, chose qu'un film a beaucoup plus de mal à produire en l'espace de 2h.


           Or, quand je regarde une série comme Six Feet Under, Dexter, The Office US ou actuellement Breaking Bad, je ne cesse d'éprouver de la fascination et de l'admiration pour les créateurs de ces oeuvres. L'art de dramatiser la vie d'un personnage, l'art de nous faire partager ses joies, ses peines, ses douleurs, est un art qui nécessite un boulot énorme, travail qui doit cependant être réalisé en très peu de temps (une saison par an, c'est titanesque je trouve). Alors parfois, ça ne marche pas, parfois c'est raté. Mais pour Breaking Bad, il se trouve que c'est une merveille. Une merveille de réalisation, de scénario, de casting, finement pensée, élaborée et ficelée. Je reparlerai de la série dans son intégralté dans un autre article, mais j'appuie sur le fait que je suis bluffé par la qualité et la cohérence de ce scénario, ainsi que par la dramatisation extrêmement réussie de chacun des personnages, même des plus pourris. Je ne parlerai dans cet article que de la saison 4 de Breaking Bad, car je viens de la finir et que j'ai encore du mal à m'en remettre.


       Attention : cet article est destiné uniquement aux personnes ayant vu la saison 4 de Breaking Bad. En contrepartie, merci de ne pas me raconter ce qu'il se passe dans la saison 5...

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               Comment est-il possible de pondre une telle merveille ? Je l'ignore, mais je suis accroc et le fait de savoir que cette série s'arrêtera à la 5e saison m'attriste et me ravit à la fois. Ca m'attriste car ça signifiera la fin de ces personnages, en quelques sortes la fin d'un univers qui me tient en haleine et en émotion depuis plusieurs semaines, et ça fait toujours mal quand ça s'arrête. Mais évidemment, ça me ravit car il est bien connu que les meilleures séries sont celles qui ont su s'arrêter à temps, et qu'il n'est jamais bon de les faire durer éternellement. Breaking Bad en 5 saisons me parait donc être une idée optimale pour mettre fin à cette histoire mouvementée qui prépare sûrement de grosses surprises et de grosses peines.


               Ca fait exactement 24 heures que j'ai fini cette saison 4, et normalement je n'aurais même pas dû la terminer ce week-end. En théorie, hier soir j'avais prévu de regarder seulement l'épisode 10 et de laisser les 3 derniers pour plus tard. Mais impatience oblige, je me suis dit à la fin de l'épisode 10 : "eh merde, je suis totalement crevé mais je vais quand même regarder le 11e puis aller me coucher". MONUMENTALE ERREUR. "Mais qu'est-ce que c'est que cette fin d'épisode de fou ??!" ; ajoutez quelques éclats de rire et de nervosité, mon corps frissonnant d'impatience et de jubilation, et vous avez un bref aperçu de mon état lorsque j'ai fini cet épisode 11. Je crois que j'ai rarement vu un cliffhanger aussi hallucinant dans une série (mis à part dans Lost), et j'adore ça. Malheureusement, je suis terriblement impatient en la matière et je suis incapable, dans cet état, de résiter plus longtemps. J'ai donc lutté contre ma fatigue pour finalement regarder les deux derniers épisodes, à la fois surexcité et bouche bée devant une telle qualité d'écriture.


               Et là... Autant dire que ce dernier épisode m'a cloué sur mon matelas tant je l'ai trouvé beau et anti-cliché. Ce dernier épisode, qui représente la confrontation finale entre Gustavo Fring et Walter White, est une pure perfection, sur le scénario comme sur la réalisation. Ce personnage intrigant et effrayant qu'est Gus est tellement bien étudié et tellement bien traité qu'on en viendrait presque à avoir plus de fascination que de haine à son encontre, surtout lorsqu'on nous balance sans prévenir des éléments de son passé douloureux. Mais où ont-ils été pêché cet acteur hors norme qu'est Giancarlo Esposito ? Et qui aurait cru que ce vieux Hector Salamanca allait avoir un rôle aussi important et décisif dans la série ? J'ai parlé plus haut de "dernier duel entre Gus et Walt", mais il s'agit plutôt dans ce dernier épisode de la confrontation finale entre Gus et Hector, qui est écrite et réalisée de façon magnifique. Cette fameuse scène, qui marque la fin de ces deux gros personnages, est l'une des plus brillantes de la série (et c'est pas peu dire) et probablement l'une des plus brillantes que j'ai pu voir dans l'univers de la série TV. J'ai toujours cette scène dans la tête et elle va certainement me hanter pendant plusieurs semaines. Plus que le choc de voir la demi-face ravagée de Gus (chose qu'on attendait quand même depuis deux saisons), c'est le dernier jeu de regards entre Hector et Gus qui m'a marqué.


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               Le regard que Hector lance à Gus est d'une telle puissance et d'une telle émotion que là aussi, ce visage me restera longtemps en tête. Il faut là encore saluer un acteur : Mark Margolis qui a donné à son personnage son caractère et sa force uniquement par l'intermédiaire de regards et de mimiques faciales. Le personnage est tour à tour détestable dans la saison 2, et poignant dans la saison 4. Ce qu'il est amusant de remarquer c'est qu'en général, pour rendre attachant un personnage de vieux salaud (cf Benjamin Linus), il faut que ce personnage soit tourmenté par un autre encore plus salaud. Or ici, Gus est le salaud de Hector, et Hector est le salaud de Gus, ce qui implique que les deux personnages sont à la fois attachants et détestables et que leur histoire commune est passionnante. La saison 4 est affreuse vis-à-vis d'Hector, qui est contraint de voir sa famille et ses proches disparaître sans qu'il ne puisse rien faire ni rien dire, cloué sur un fauteuil avec pour seul moyen d'expression une vulgaire sonnette. Difficile de s'imaginer toutes les horreurs et douleurs qui peuvent bien lui passer par la tête durant toute cette saison, mais tout ceci rend le personnage plus abordable et plus attachant, je me suis pris de pitié pour lui et l'idée est superbe. Quant à cette sonnette, est-il nécessaire de dire que je suis extrêmement admiratif de l'écriture de cette série quand on voit que cette sonnette qui a résonné dans la tête du spectateur pendant 3 saisons sera justement le coup fatal porté à l'invincible Gus ? C'est tout simplement du génie, et on ne comprendra le plan de Walt qu'au dernier moment, en même temps que Gus, et c'est ça qui est puissant et fort.


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             Mais plus que ce dernier jeu de regards, c'est même la dernière marche de Gus Fring qui m'a fait le plus frissonner. Cette scène qui précède le face à face final est une pure beauté, le genre de trucs que je raffolle de voir dans les films (et que je recherche même parfois). La dernière marche de Gus, sous la musique magnifique et très prenante de Apparat "Goodbye (Instrumental)" a tout pour devenir une scène culte, à mon goût. Ce passage est puissant et m'a cloué à mon siège de façon assez violente. On sent qu'il va se passer un truc, mais on ne sait pas quoi. Le visage de Gus, impassible, impitoyable, calme, est l'une des grandes forces de cette saison et cette force est utilisée à la perfection pendant cette scène pleine de suspense et d'intensité. Cette scène fera certainement partie de celles que je me passe très souvent en boucle, pour retrouver les émotions et sensations perçues lors du premier visonnage. Pour moi, et je le répète, c'est du génie.


 


 

 

            Bref, je crois que j'ai dit tout ce que j'avais à dire sur cette fin de saison qui m'a plus que retourné (sans oublier évidemment le coup de poing final : Walt a empoisonné Brock ? C'est une révélation qui en dit long sur le caractère et l'évolution de Walt, et c'est assez effrayant. C'en est même presque déprimant lorsqu'on fait le parallèle avec le Walt de la première saison, hasardeux et apeuré : Bryan Cranston est absolument époustouflant). Bref, même si cet article n'est pas essentiellement passionnant, il fallait que ça sorte.



 


 




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