Ce film peut très certainement être qualifié d'exceptionnel par les grands amateurs de films d'action policiers, mais je ne fais
malheureusement pas partie de cette catégorie. Je vais commencer par les points positifs car il y a effectivement quelques qualités.

Lesquelles ? Tout d'abord, les acteurs. Indéniablement. Voir
Al Pacino et
Robert De Niro s'affronter dans un film est un grand moment et, même si on ne compte que deux scènes entre les deux acteurs, leur rareté leur
donne un peu d'intensité. Toute la dualité entre les deux personnages est intéressante et bien travaillée. Déjà, le film ne fait pas de manichéisme méchants braqueurs / gentils policiers, ce qui
est une excellente chose. Même si
Heat n'a pas inventé le principe, on peut dire que de ce côté ça change des films policiers habituels. Le
fait de nous présenter deux personnages totalement différents, voire opposés, mais néanmoins connectés par une certaine sympathie qui les empêche de s'entretuer et de se haïr, c'est suffisamment
captivant pour rendre de nombreuses scènes savoureuses.
Al Pacino est parfait en flic qui n'a pas le temps de s'occuper de sa famille, tandis
que
Robert De Niro nous sort également un jeu d'acteur magnifique. Chacun des deux personnages est un professionnel à sa façon, des
professionnels qui ne reculent devant rien, obnibulés par leur travail qui ne leur laisse pas le temps de faire autre chose. En ceci, ils se ressemblent et c'est probablement ce qui forme leur
lien aussi fort. Encore une fois,
Heat n'a pas inauguré le procédé mais ça reste du bon. Ensuite, l'humour est également légèrement présent
dans ce film avec quelques excellentes répliques d'
Al Pacino, notamment lorsque
Vincent Hanna s'énerve
"
Vous avez le droit de vous envoyer ma femme, puisque c’est elle qui vous le demande. Vous avez le droit, de vous vautrer sur son sofa
dans la crèche de merde, naze tech-post-moderne et ultra branchée de son ex-mari si ça vous chante... Mais en aucun cas vous n’avez le droit de regarder ma PUTAIN DE
TÉLÉVISION !".
Autre point positif : c'est l'ambiance qui règne à certains moments. Au milieu des scènes explosives, on trouve en effet quelques
superbes passages mis en valeur par une BO digne de ce nom, sombre et dramatique. Quelques temps morts, donc, qui font du bien et permettent au film de prendre son temps, permettant de poser un
peu l'histoire amoureuse entre
Neil et
Eady qui est un très bon point du film, surtout lorsqu'on relie cette histoire
avec la fin du film. L'apogée est indiscutablement la fin du film, où les deux ennemis se traquent silencieusement pour offrir un dénouement assez sublime. Les 10 dernières minutes sont en effet
magnifiques, lorsque
Neil McCaulay fait son choix, illustré par la citation "
tout ce qui a pu
prendre une place dans ta vie tu dois pouvoir t’en débarrasser en 30 secondes montre en main, dès que t’as repéré un seul flic dans le coin". En concluant superbement la relation
entre les deux personnages, on a un final digne de ce nom, que j'attendais avec impatience.

Avec impatience, c'est bien le mot. Même si je ne cachais pas un certain désir de connaître la fin, cette envie était tout
autant due à la curiosité qu'à la volonté d'en finir (j'arrive dans les points négatifs). Car bon diou, 2h40, que c'est long ! Visiblement ce n'est pas le cas de tout le monde (peut-être faut-il
être conditionné à aimer les intrigues policières) mais j'ai trouvé que le film souffrait d'atroces longueurs. J'ai beaucoup de mal avec les films du genre policier, et
Heat me le confirme. Toutes les scènes où les braqueurs (comme les flics) parlent de leurs tactiques, ça ne me passionne vraiment pas. De même pour les
fusillades. J'ai toujours eu horreur des fusillades que je trouve invraisemblables et interminables. Ce fut également le cas pour
Heat qui
nous offre au milieu du film le flingage habituel
Flics VS Braqueurs en plein coeur de la ville, dans la rue, cachés derrière des voitures. Aucun
frisson, je n'ai ressenti aucune intensité particulière comme le signalaient pourtant d'autres personnes (vous vous reconnaîtrez et je suis désolé, j'ai trouvé ça hyper classique). Des mouvements
de caméra banals, des balles qui volent dans tous les sens, et ça peine à s'arrêter. Un gros méchant s'empare d'un gamin pour ne pas qu'on lui tire dessus (est-il logique que sa mère l'oublie en
cours de route ?), et finalement on a des plans que je ne qualifierais pas de "clichés" mais de "déjà vus". Même si la confrontation entre les deux acteurs est intéressante, c'est bien la seule
chose qui m'ait passionné pendant les 2h40. Je n'ai pas souffert d'ennui, non, mais j'ai trouvé ça banal et en sortant du film je me suis dit que 160 minutes, c'était bien long pour raconter ça.
Les personnages secondaires ne remontent pas tellement l'intérêt, à part peut-être
Val Kilmer qui a une tronche sympa et
Amy Brenneman qui apporte un peu de douceur et de gentillesse à ce film, formant un couple éphémère vraiment pas mal avec
De Niro.
Natalie Portman également, toujours aussi expressive et mémorable même si elle n'apparaît
que très peu.
Je disais plus haut que
Heat n'avait pas inventé tous ces thèmes, et je
pensais en fait à
Point Break, sorti 4 ans plus tôt (qui lui non plus n'a pas inventé ces codes, on est d'accord). Pour moi,
Heat ne dépasse clairement pas
Point Break dans la catégorie "film d'action policier". Le duo
Swayze/Reeves est tout aussi intéressant, si ce n'est plus, et au moins le film se distingue des films policiers habituels par le milieu de
la trame : le monde des surfeurs. En plus de confronter deux ennemis qui ne parviennent pas à se haïr, tout comme dans
Heat,
Point Break prend soin de nous offrir toute un parallèle sur la philosophie de vie de
Bodhi, très passionnante (mais
sûrement est-ce aussi le sujet qui me parle plus). Même la fin est autrement plus intense que celle de
Heat, car on y sent réellement la
connexion et l'amitié entre les deux personnages.
Bref, peut-être n'ai-je pas été sensible à ce film qui, en dépit des acteurs monumentaux, ne m'a pas passionné plus que ça. Je suis content
de l'avoir vu, mais je ne pense pas que je prendrais plaisir à retenter l'expérience. Pas non plus un mauvais film,
Heat a été pour moi une
déception que j'assume totalement (en même temps on ne contrôle pas son intérêt pour un film !). Peut-être un summum du genre, mais comme j'ai du mal avec ce genre à la base, ça explique
peut-être mon ressenti. Je vous laisse le soin d'examiner mon cas.