Si j'ai (légèrement) moins aimé
Il était une fois la Révolution que
les films de la trilogie du Dollar avec
Clint Eastwood, c'est certainement à cause de l'époque où se situe le film. Je préfère de loin le
style "cow-boy à cheval" qu'à moto, mais comme je l'ai déjà dit c'est franchement pour chercher la petite bête, car le film est un pur chef d'oeuvre. Ce n'est pas un style qui plait à tout le
monde, d'autant que le film fait assez vieilli, mais il aurait duré 5h que ça ne m'aurait pas dérangé. La réalisation de
Sergio Leone, les
répliques efficaces, les décors et paysages sublimes, et surtout la musique d'
Ennio Morricone sont comme toujours des perles qui,
lorsqu'elles sont associées, nous offrent une réelle qualité cinématographique.
James Coburn est absolument génial avec son sourire
impressionnant et sa grande bouche pleine de dents, je dois bien dire que son duo avec
Rod Steiger m'a bien fait rire, et m'a ému aussi.
Sergio Leone continue dans le thème des anti-héros uniquement intéressés par leur profit personnel qui se
retrouvent dans une guerre qui n'est pas la leur. Ca donne à ces personnages solitaires une certaine classe. Alors qu'un personnage comme l'Homme sans Nom (
Clint Eastwood) était un type sorti de nulle part, au passé totalement inconnu (comme s'il n'existait qu'à travers l'histoire qu'il vit), le personnage
principal, John Mallory, a ici un passé qui nous est dévoilé par des flashbacks réussis (où la fraicheur et le vert de l'Irlande font contraste avec le Mexique), ce qui le détache donc des
précédents films de Leone. Chose qui sera encore amplifiée dans
Il était une fois en Amérique, beaucoup plus nostalgique et triste qui
conclut de façon forte et épique la trilogie "Il était une fois". Bref,
Il était une fois la Révolution est donc à mi-chemin dans cette
évolution du réalisateur (je n'ai pas encore vu
Il était une fois dans l'Ouest et c'est peut-être débile de les avoir pris dans le désordre,
mais j'imagine qu'il confirme cette idée de scénarios évolutifs). Les musiques donnent un souffle grandiose à cette épopée au coeur de la Révolution mexicaine (des morceaux comme
Scherzi A Parte ou
Marcia Degli Accattoni filent des frissons) et les
deux personnages principaux finissent par devenir de plus en plus touchants. Le film surprend assez de ce côté d'ailleurs, montrant un Juan Miranda parfois triste ou un John Mallory rongé par ses
souvenirs d'Irlande, qui rend le dénouement poignant. J'aurais peut-être aimé un avant-final sous forme de beau duel entre John et Gutierez (joué par
Antoine
Saint-John), mais il n'en reste pas moins réussi. Autre élément nouveau par rapport aux précédents chefs d'oeuvre : même si le duo John/Juan fait étrangement penser au duo
Blondin/Tuco, il y a ici une légère histoire d'amitié qu'il n'y avait pas tellement dans
Le bon, la brute et le truand.
Bref, c'est encore un film génial et mémorable que je prendrai plaisir à revoir souvent. Après 40 ans le film
a certes pris des rides, mais son efficacité et sa classe me semblent intemporelles.