La chasse - de Thomas Vinterberg - Critique

          Ayant adoré Festen de Vinterberg, je n'ai pas pu louper son nouveau film dont l'idée m'intriguait, et je ne peux que conseiller à tout le monde d'aller admirer ce chef d'oeuvre danois. Même si le film semble diviser les critiques, j'ai trouvé La Chasse sensiblement du même niveau que Festen, en tout cas dans la même veine. Le principe est similiaire : une simple petite phrase, à la portée très grave, fait déraper la vie de plusieurs personnages au sein d'une communauté où tout semblait aller bien. L'occasion de traiter un sujet grave à travers un simple mensonge qui, comme ça, va se répandre, propageant la méfiance, la douleur et l'hystérie collective.

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                Même si La Chasse n'est pas aussi choquant que Festen, le film fait néanmoins vivre des sommets de scandale chez le spectateur qui regarde cette histoire sans pouvoir agir face à tant de cruauté à l'égard de Lucas. Il est d'autant plus difficile de voir que ce grand gaillard est également contraint de rester impuissant et passif face au drame injuste qui lui tombe dessus. De mon point de vue, La Chasse ne contient aucune faiblesse, aucun temps mort, grâce à une ambiance automnale/hivernale assez froide et des acteurs de haute volée qui font passer les émotions et les sentiments avec justesse.


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              La tension et l'hystérie montent simultanément chez les personnages et chez le spectateur, jusqu'à aboutir à une scène magistrale dans une église (celle de l'affiche), signée de la patte reconnaissable de Vinterberg, dure et bouleversante. De telles scènes, qui retournent le spectateur et le laissent cloué sur son fauteuil sans pouvoir bouger, sont assez rares au cinéma... A part dans Festen, les seules autres scènes similaires qui me viennent à l'esprit se trouvent dans Take Shelter et  Deux jours à tuer. Des scènes où les non-dits explosent aux visages des personnages, où les vérités sont crachées et où les sentiments éclatent. Encore une fois ma critique est extrêmement subjective et certains n'auront peut-être rien ressenti durant cette scène, mais le talent et le regard de Mads Mikkelsen sont tellement immenses dans ce film que j'ai été pris par les tripes. Ici, les acteurs font vraiment le film. Nul doute que Mads Mikkelsen mérite amplement son prix d'interprétation masculine au dernier Festival de Cannes tant il et puissant et poignant, incarnant un personnage honnête pour qui tout dégénère. Les expressions faciales de l'acteur évoluent au cours du film, commençant par le montrer sympathique et jovial, pour finir par un désarroi total en passant par une incompréhension profonde. Vinterberg prend soin de ses personnages, Klara n'étant jamais diabolisée mais au contraire écoutée et plainte, tout comme Lucas. Le personnage le plus intéressant est peut-être Theo, interprété par le brillant Thomas Bo Larsen (qui avait déjà fait ses preuves dans Festen). L'acteur est impliqué dans son rôle, émouvant, désorienté. Theo ne peut se résoudre à délaisser son meilleur ami mais, cruellement, il ne peut pas non plus se permettre de le croire sur parole. Ses choix et ses questionnements se ressentent magnifiquement à travers le regard de l'acteur ; faute de pouvoir prendre parti, Theo décide de ne rien faire du tout. On ressent la torture infligée à ce personnage lorsqu'il croise le regard de Lucas, et c'est vraiment puissant par moments.


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                Mais finalement, les points cruciaux de ce film sont les deux fils (Marcus, et le fils de Theo). Chacun semble avoir un avis tranché sur la question, même si c'est peut-être moins clair pour le fils de Theo. J'ai trouvé ce personnage très mystérieux et j'admets que je n'ai pas très bien su comment interpréter ses regards. Deux points de vue semblent opérer, en tout cas pour ma part j'ai encore du mal à trancher [SPOILERS : Après un second visionnage, il apparait en fait clairement que le fils de Theo défend corps et âme sa soeur, contrairement à Theo qui fera preuve de plus de discernement à la fin du film. C'est d'autant plus ironique que le frère de Klara est à l'origine du trouble de sa soeur à cause de la photo sexuellement explicite du début du film]. Bref, La Chasse est un film à multiples interprétations, toujours est-il que le dénouement est des plus sublimes et des plus fins, montrant que malgré les apparences, cette histoire est loin d'être terminée et que la société impitoyable ne peut pas se contrôler face à la rumeur. Qui plus est, le parallèle entre la chasse dans la forêt et la chasse à l'homme pendant le film est brillant et offre une conclusion parfaite au film. J'ai du mal à comprendre comment on peut être insensible à ce type de cinéma, qui est vrai, cru, poignant, mais je serais ravi d'entendre les avis des gens qui n'ont pas aimé le film.

 


                 Voir aussi : Festen.




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