Ce remake du film éponyme de 1953, qui est également une adaptation du roman de H.G. Wells (1898) s'est imposé en 2005 comme étant l'un des meilleurs blockbusters de tous les temps. Encensé par la presse, mais régulièrement descendu par les spectateurs, je ne comprends pas les critiques négatives qui s'attardent (assez souvent) sur des détails insignifiants. Après un quatrième visionnage du film, dont une expérience sur grand écran que je ne suis pas près d'oublier, je ne partage toujours pas l'avis de ces critiques, car je trouve le film presque parfait, en de nombreux points que je vais essayer de développer. Tom Cruise joue le rôle principal, celui de Ray Ferrier, un homme qui va assister, impuissant, à une invasion extraterrestre par des tripodes hostiles.
Avant de commenter les arguments anti-Guerre des Mondes, je vais tout naturellement expliquer pourquoi j'ai adoré ce film, maîtrisé de bout en bout.
Premièrement, je pense que La Guerre des Mondes est un must concernant les effets visuels et la beauté des plans. Le film impose tout d'abord une ambiance très "invasion martienne" pratiquement vieillote mais très agréable, via des musiques totalement géniales et surtout le son, qui est superbement travaillé. Les bruits sont vraiment époustouflants, notamment concernant les "cris" des aliens qui rappelent presque la fumée noire de Lost, en plus puissant encore. Un son particulièrement angoissant et stressant, qui donne aux tripodes une dimension impressionnante. Tout ceci nous plonge dans l'atmosphère sombre du film avec d'autant plus de facilité que toute l'invasion est vue depuis un "monsieur-tout-le-monde", incarné par Tom Cruise. Ca fait vraiment du bien de ne pas avoir à subir les habituels débats du gouvernement, les infos télévisées avec discours du Président, ou encore les agissements de l'armée US. Tout est ici sous l'unique point de vue de Ray, un homme comme les autres qui assiste ébahi à l'attaque des envahisseurs. Ainsi, une très grande partie des plans est tournée de façon sublime, avec des contre-plongées sur les tripodes (au lieu des stupides vues plongeantes depuis un hélico, l'humain est ici sous domination totale). Des déplacements de caméra comme si on y était ! Et on s'y croirait vraiment. La caméra suit le personnage à travers sa fuite et c'est vraiment très bon, puisque qu'on ne s'ennuie jamais.
Effectivement, la grande majorité des scènes sont hallucinantes. A commencer par l'attaque du premier tripode, qui sort du sol sous les yeux ébaubis de notre anti-héros. Cette scène est totalement culte, je pense que c'est tout simplement l'une des scènes de blockbusters les mieux foutues de l'histoire du cinéma. Tout est filmé de façon incroyable, avec des zooms, dézooms, qui sont d'ailleurs beaucoup utilisés tout au long du film. La caméra n'est jamais fixe, elle évolue constamment au sein du décor, parfois rivée sur le sol, nous montrant des voitures qui volent, les batiments qui explosent, des gens qui fuient, qui meurent, ainsi que le personnage principal qui passe entre les mailles du filet avec une chance déconcertante. C'est un passage vraiment vibrant, doté d'effets spéciaux époustouflants de réalisme.
La virtuosité des mouvements de caméra ne s'arrête pas là. Elle est omniprésente dans le film, et on peut d'ailleurs citer une autre scène mythique : celle du cache-cache dans la cave. C'est une scène de tension et de suspense absolument génialissime, dans un silence total. Un passage vraiment brillant, qui utilise de nombreux procédés intéressants, comme le miroir, et qui fait évoluer les personnages de façon magistrale, poursuivis par un "oeil" qui explore le coin. Une autre scène impressionnante est la fuite de nos trois personnages en voiture, lorsque Robbie (Justin Chatwin) et Rachel (Dakota Fanning) se demandent s'ils ont affaire à des terroristes. On a droit à un long (pseudo-) plan-séquence de la voiture qui se faufile sur l'autoroute. La caméra s'éloigne, puis se rapproche, tourne autour de la voiture dans des mouvements assez dingues. Pour finir (parce que je ne vais pas résumer tous les plans géniaux de ce film), il y a le passage où Ray et Rachel sont à l'arrière de leur maison, dans le jardin, et qu'ils observent l'orage imposant qui approche. L'ambiance et la photographie sont vraiment léchées et c'est visuellement prodigieux.
Ensuite, ce film n'est pas qu'un blockbuster. C'est aussi une belle intrigue qui traite de relations humaines, et pas uniquement familiales. Et de ce côté, les acteurs font un travail remarquable. La seule chose qui, pour moi, fait complètement défaut au film, ce sont les personnages trop stéréotypés ainsi qu'une situation familiale vraiment bien clichée. Le père de famille divorcé, détesté par son fils, un adolescent qui refuse de l'appeler "papa", la petite fille très intelligente pour son âge. Tout ceci serait bien beau si on n'avait pas une désagréable impression de déjà-vu. On sait parfaitement comment ça va se terminer : le fils va finir par appeler son père "papa" et cette catastrophe mondiale va les rapprocher plus que jamais. Cependant, outre ce cliché, tout ceci a le don de nous offrir des scènes relationnelles plus que touchantes, grâce à des acteurs au top niveau. La relation père/fille est touchante, notamment lorsque Ray se rend compte qu'il ne connait aucune comptine à chanter pour rassurer sa petite fille. Il réalise qu'il ne connait pas sa propre fille, jusqu'à ne pas savoir qu'elle est allergique au beurre de cacahuète depuis sa naissance. Tom Cruise joue ce rôle avec justesse, dans la peau d'un homme aux comportements de gamin (comme en témoignent l'état de sa chambre, ou encore la puérile joute verbale avec son fils lors de l'échange de base-ball), qui cependant fera preuve d'une grande maturité, totalement responsable à l'égard de ces enfants. La relation frère/soeur est également intéressante, car les deux gamins sont vraiment proches, ne se disputent jamais, se soutiennent et se protègent mutuellement. Dakota Fanning est clairement la révélation de ce film, totalement crédible dans toutes ses scènes (que ça soit les scènes d'angoisse comme d'émotion). Mais c'est néanmoins la relation père/fils qui est la plus poignante, et certaines scènes nous font facilement oublier la banalité de cette relation. La scène de dispute où Robbie énonce à son père ses 4 vérités est frissonnante. Qui plus est, on est attachés aux deux personnages, et on n'en apprécie aucun plus que l'autre, donc cette dispute nous désole légèrement. Enfin, évidemment, le passage où Ray laisse partir son fils vers une mort certaine est bouleversante. Ray se sent obligé de laisser partir son fils afin de ne pas laisser tomber sa fille. Il lui exprime alors tous les sentiments qu'il a pour lui, son ressenti, et encore une fois Tom Cruise est incroyable.
Mais en terme de relations humaines, le film dépeind également avec pessimisme les hypothétiques réactions de la population face au danger. Un peu comme dans le film La Route, La Guerre des Mondes nous montre que l'égoïsme et la stupidité des humains peut nous emmener loin (dans une situation apocalyptique), et ça choque un peu. D'autant que cette idiotie est réaliste et nous montre que même en temps de crise, nous ne pourrions probablement toujours pas nous entendre correctement. Chacun pour sa pomme, la solidarité n'est qu'une illusion qui n'existe plus.
Pour finir cette critique, j'ai trouvé intéressante l'idée que les aliens finissent tout simplement par périr à cause de nos bactéries et de notre environnement auxquels ils ne sont pas habitués et contre lesquels ils ne sont pas immunisés (on peut cependant déplorer le fait que leur pseudo-supériorité ne leur a pas permis de comprendre ça avant). Même si la première fois, j'ai été déçu par cette fin un peu trop expéditive, je la trouve, après réflexion, pleine de sens. D'autant que, en plus de montrer que la plus petite des choses peut avoir son importance, elle a une portée relativement écologique dans le sens où une civilisation peut disparaître si elle se retrouve dans un environnement qui lui est inadapté.
Bref, ce film est pour moi l'un des chefs d'oeuvre de l'année 2005. Je m'attendais à un film banal sur une invasion extraterrestre (sujet que je déteste habituellement), avec toutes les conneries de réactions gouvernementales que le sujet est censé impliquer. Résultat, j'ai été agréablement surpris par cette façon de montrer l'invasion du point de vue d'un anonyme total, sans nous ennuyer avec les scènes politiques et militaires qui accompagnent souvent le genre (je pense particulièrement à Independance Day que j'exècre).