J'hésitais à le voir mais comme j'en ai eu l'occasion j'y suis allé. Faut dire que l'affiche est mauvaise, comme ça arrive fréquemment, et
qu'elle ne donne pas envie de voir Le Rite. Résultat, j'ai passé un bon moment sans m'ennuyer, mais le film est loin d'être mémorable. Sympa,
sans plus. Réalisé par Mikaël Hafstrom, Le Rite raconte l'histoire d'un séminariste,
Michael Kovak, qui est envoyé au Vatican pour étudier les rites de l'exorcisme. Le jeune homme n'a pas la foi et remet en question l'existence réelle des
"possessions", qu'il considère comme étant plus de l'ordre de la psychiatrie que de la démonologie. Cependant, il rencontre le Père Lucas, un exorciste
légendaire qui va lui montrer comment il soigne ses patients.
Pas mal de points positifs, quelques jolis défauts aussi, c'est un film qui se regarde très bien. On est plongés pendant presque 2 heures
dans le monde de la prêtrise et de l'exorcisme, depuis les yeux d'un jeune séminariste pas vraiment convaincu de l'existence du Diable. Le thème est assez sympa, le scénario est plutôt bon, mais
il manque pas mal de choses à ce film pour devenir excellent.
On commence par les points positifs, allez. Bien entendu, les deux acteurs principaux. Je ne connaissais pas
Colin
O'Donoghue et même si parfois il fronce un peu trop les sourcils avec son regard noir, il est très bon d'un bout à l'autre. On s'identifie rapidement à son personnage, un peu trop
cartésien pour devenir prêtre, aux idées arrêtées sur l'existence de Dieu et du Diable. Il rencontre le
père Lucas, joué par
Anthony Hopkins, qui lui montre quelques exorcismes en direct, en particulier celui d'une jeune femme visiblement possédée par un démon. Cet acteur est
comme d'habitude génial, un poil terrifiant sur la fin. Leur duo est génial à l'écran, entre le sceptique et le vieux bonhomme assez original les conversations sont pimentées et c'est vraiment
bon. La scène du début, lorsqu'une cycliste se prend une voiture et que
Michael énonce des prières sous la pluie battante est vraiment réussie. Les scènes
d'exorcisme sont également superbes, on ressent clairement la ressemblance avec
l'Exorciste, considéré comme la référence du genre (que j'ai
pas aimé plus que ça, mais bon), l'actrice
Marta Gastini est parfaite et terrifiante. Avec son regard tantôt maléfique, tantôt innocent, elle
interprète son rôle à merveille, elle fait frissonner et sursauter à de nombreuses reprises. Par l'intermédiaire de
Rosaria,
Michael Kovak va petit à petit changer d'idée sur la réalité de la "possession". Même si évidemment, en sortant de la séance les athées ne croiront pas plus en Dieu, il
faut admettre que les scènes sont impressionnantes de réalisme. On a vraiment l'impression que cette pauvre femme est contrôlée par un être diabolique et l'ambiance qui règne n'en est que plus
sombre. Le comble, c'est toute la fin du film qui est monumentale grâce à un
Anthony Hopkins au top.
Cependant, y'a quand même quelques points regrettables (ou disons plutôt décevants). La fin du film a beau être intense et tendue, elle ne nous épargne
pas sa morale religieuse tant attendue. Pendant tout le film, on nous montre ce personnage principal qui n'a pas la foi, à qui tout le monde dit qu'il faut qu'il y croie parce que c'est vrai, et
caetera, bref : le dénouement à la "
oooh ça y est, je crois en Dieu et maintenant il est à mes côtés !" est terriblement
prévisible et clichée. Tellement téléphoné, m'enfin bon. Après tout c'était inévitable et il était difficile d'imaginer autre chose. Deuxième déception : les longueurs habituelles accompagnées de
musiques pas terribles. La bande originale du film est franchement bof, absolument pas mémorable. On a l'impression qu'ils ne se sont pas foulé là-dessus. Les musiques accompagnent parfois des
scènes pas très intéressantes qui donnent l'impression d'exister juste pour dépasser les 100 minutes. Bon, dans l'ensemble le film est très correct (même si certains dialogues ne sont pas
vraiment recherchés, mon dieu), je parle surtout du début du film, l'arrivée du personnage à Rome. C'est long, d'autant plus que sa première rencontre féminine en Italie est très peu
passionnante. C'est gros comme une maison : la fille sourit à la moindre remarque du beau jeune homme et va finir par être à ses côtés jusqu'au bout. Problème :
Alice Braga est imbuvable (en tout cas je l'ai trouvée très mauvaise), chacune de ses apparitions m'a agacé. Dernière chose qui m'a déplu : le film ne
fait pas tellement peur. Oui, l'ambiance est assez sombre, et oui le film fait sursauter. Mais voilà, il ne fait que sursauter, c'est-à-dire qu'on a droit à l'habituel artifice des films
d'horreur qui consiste à balancer un bon gros bruit strident dès que quelque chose remue anormalement. Du coup un simple chat à la con peut nous faire sursauter. En dehors de ça, même si les
scènes sont réalistes et font presque froid dans le dos, je n'ai pas ressenti de gêne ni de peur en regardant ce film, ce qui est dommage.
Une scène assez inattendue
Pour résumer, qu'est-ce que j'ai pensé du film ? Eh bien, j'ai passé un excellent moment sans trop de temps morts, avec quelques très bons acteurs et une
trame intéressante lorsqu'elle est centrée sur les exorcismes ou sur les hallucinations du personnage. En dehors de ça, le film n'est pas très recherché au niveau des dialogues ni des musiques,
la fin est clichée et en plus on veut nous faire croire à la fin que tout ceci est adapté de faits réels (vous savez, les petites phrases du style "
Aujourd'hui, Machin va très bien et élève des moutons dans le sud de l'Irlande"). Bref, j'ai passé un bon moment mais le film est
grandement améliorable.