Sonatine est mon deuxième Kitano, après A Scene at the Sea qui m'avait beaucoup plu par sa douceur et sa poésie. Encore une fois, Sonatine est un film à l'ambiance poétique, un peu nostalgique, même si le contexte du récit (une bande yakuzas) m'a moins passionné que l'histoire du surfeur sourd-muet.
En fait, l'histoire des yakuzas est éclipsée par une multitude de scènes plus contemplatives, on ne peut pas dire en effet que
Sonatine soit un film d'action. Et c'est tant mieux, car j'avais justement peur que le film ne tombe là-dedans. A la place, on voit notre bande s'amuser sur la plage, et Murakawa se trouve être
un enfant dans l'âme avec son sourire impérissable. Ils jouent au freesbee, font de la lutte, construisent des pièges dans le sable comme des gamins. Et ça fait rire, car Kitano ne tombe pas dans
le cliché habituel du yakuza "gros dur". J'ai donc beaucoup aimé ce point, même si parfois j'ai pu avoir tendance à trouver le temps long. Néanmoins, de nombreuses scènes sont magnifiques, pour
n'en citer qu'une : la scène de la roulette russe sur pierre-papier-ciseaux. Passage absolument génial, frissonnant, grâce bien évidemment à Takeshi Kitano qui livre une prestation incroyable
d'un bout à l'autre du film. Bref, Sonatine aura plus été pour moi une comédie poétique qu'un film policier, avec des personnages atypiques très drôles (les deux gars qui profitent de la pluie
pour se shampouiner, hilarants), mais surtout de grands passages mélancoliques et sublimes (la fin du film est incroyable). Le seul mot qui me vient à l'esprit quand je pense à ce film est
indubitablement "poésie", comme je l'ai répété à de nombreuses reprises au cours de l'article et je pense que le mot définit bien l'oeuvre de Kitano (du moins ce que j'ai pu en voir pour
l'instant). Le film s'attarde plus sur la mentalité et la psychologie de ses personnages que sur l'histoire de yakuzas et de bandes rivales, laquelle m'a finalement peu branché. Un bon film donc,
à voir pour passer un très agréable moment et qui me donne envie de découvrir Hana-Bi.