Puisque j'en ai eu l'occasion, je suis donc allé voir The Killer Inside Me hier soir, car j'avoue que ce film m'intriguait. Cette adaptation du livre éponyme de Jim
Thompson paru en 1952, réalisée par Michael Winterbottom, a été jugée trop violente par le public, visiblement choqué. Sorti
le 11 août dernier, ce film raconte l'histoire (fictive) de Lou Ford (joué par Casey Affleck), un shérif
texan des années 50 qui doit faire face à de nombreux problèmes, notamment avec les femmes et la loi. Dans sa petite ville paisible du Texas, de nombreux meurtres font leur apparition, chose qui
ne l'étonne pas puisque c'est lui qui les commet. Tueur psychopathe et intelligent, il sait cependant qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps avant d'être démasqué...
Le film démarre vraiment vite, Lou Ford rendant visite à une prostituée, jouée par Jessica Alba. Il lui demande de quitter la ville, ce qu'elle
prend très mal en giflant le shérif à plusieurs reprises. Si Lou est sur la défensive au début, et que le spectateur éprouve même un peu de pitié pour cet
homme qui fait uniquement son boulot, les choses prennent rapidement une autre tournure. Je ne vais pas raconter tout ça en détails, je vous laisse regarder le film par vous-mêmes mais je le
déconseille si vous êtes trop sensibles à la violence extrême. C'est surtout une scène bien particulière qui choque, vraiment. A partir de cette scène, le film prend un autre chemin et l'intrigue
commence vraiment. Une rumeur dit que Jessica Alba aurait quitté la salle lors de sa projection au festival
Sundance, trop choquée par cette scène où son personnage se fait rudement cogner plusieurs fois de suite au visage pour finir dans un mauvais état. Mais je pense qu'il faudrait être bien
crédule pour croire que l'actrice ne savait pas du tout de quoi il retournait. Car même si Jessica Alba a effectivement quitté la salle, il y
a fort à parier que c'était pour des raisons professionnelles et pas à cause de la violence. Il me semble d'ailleurs qu'elle a démenti cette information et qu'elle avait tout simplement un avion
à prendre (mais ce démenti est également à prendre avec des pincettes).
A partir de tout ceci, le personnage de Lou
Ford devient alors fort passionnant. Même si on ne peut désormais que le détester, il nous intrigue et on a envie de savoir comment il va s'en sortir pour ne pas être soupçonné.
L'intelligence et le machiavélisme de cet homme filent des frissons, notamment dans une scène vers la fin du film, où il se laisse encore tenter par le diable, frappe sa femme (interprétée par
Kate Hudson) et accuse à sa place un pauvre homme qui trainait là. Des frissons procurés par le petit sourire juvénile de Casey Affleck, une réaction à la fois terrible et innocente qui donne à son personnage des allures de monstre, qui ne regrette pas ses actes et n'est pas
affecté par le mal qu'il fait à des personnes qu'il a chéri. Ce machiavélisme est donc confronté à une candeur démoniaque qui scotche le spectateur, bien sûr impuissant. C'est avec un sentiment
d'horreur mêlée à de l'admiration (un peu gênante) qu'on assiste au calme diabolique que Lou Ford continue de garder lorsqu'il est interrogé, ainsi qu'à
l'habileté qu'il montre à trouver des alibis, et des excuses toutes plus crédibles les unes que les autres, parfois accompagnées d'une voix off intéressante.
La fin du film est, elle, sublime. On comprend alors à quel point ce
personnage est malin, parvenant à deviner, après 8 jours de réflexion, la seule erreur qu'il a pu commettre. Je n'en dis pas plus pour ne pas révéler la fin, mais elle est vraiment dingue. De
plus, le film est servi par une très bonne BO, qui nous plonge parfaitement dans l'atmosphère western du Texas des années 50, ce qui est agréable et donne un effet très "cool". C'est par exemple
le cas avec la musique "Shame on You", de Eddy Arnold, une très bonne chanson qui conclut le
film avec brio et qu'on peut écouter ici sur Youtube.