Clairement l'un des mes films préférés (il entre facilement dans mon top 20 et peut-être dans le top 10), ce film ne fait pas toujours l'unanimité mais je ne comprends pas pourquoi.
Parfois, c'est dû à une déception liée à la mauvaise adaptation du comic. Personnellement je ne l'ai pas lu mais je suis persuadé que
V pour
Vendetta peut se regarder sans ça.
C'est un film habile et très efficace, il commence sans discuter et on en prend plein la vue dès le début. L'atmosphère
est immédiatemment sombre, au coeur des ruelles de l'Angleterre, lorsque
Evey, le personnage principal, se fait agresser par des gardes de la police pour
n'avoir pas respecté le couvre-feu. Un étrange personnage vient la délivrer de son triste sort en assassinant les deux hommes, puis en l'invitant à le suivre sur le toit. Et là, ça démarre sans
tarder. Nous sommes le 5 novembre, à minuit pile, et V pose une question à
Evey : "
Aimes-tu la
musique ?". Ce à quoi elle répond qu'elle "suppose que oui". Rien que là, on comprend que le monde dans lequel ils vivent va mal. On comprend rapidement qu'on a affaire à un univers
sans libertés, sans tolérance, sans vérité et sans bonheur. Le film nous montre un monde dystopique dans lequel le gouvernement est des pires. Le dictateur
Adam
Sutler dirige tout (joué par
John Hurt qui prend ici le rôle du
Big Brother, à l'opposé de son
rôle dans
1984), a des yeux partout et fait régner sa loi : homophobie, racisme, interdictions en tout genre, et une manipulation des médias
permettant de tout garder sous contrôle et de rassurer les gens. Bien entendu, dans ce monde révoltant, certains vont agir, pour finir par montrer que face à un régime injuste et totalitaire, on
peut toujours se rebeller car "le peuple ne devrait pas avoir peur du gouvernement, c'est le gouvernement qui doit avoir peur du peuple".
Le personnage
V est tout simplement génial, certainement l'un de mes préférés au cinéma. Avec son masque, sa cape,
son chapeau,
V a tout simplement une classe de dingue. Sa façon de parler, de se déplacer, tout lui donne son charisme et son imposance qui font de lui un
être exceptionnel et intrigant dès le départ. L'entrée en matière du personnage avec ce discours absolument génial, rempli de "v", est jouissive et on ne perd vraiment pas de temps. Un nombre
impressionnant de scènes sont géniales dans ce film. J'adore particulièrement le moment où V saute sur un toit au ralenti, c'est d'un esthétisme assez dingue (ça m'avait franchement marqué la
première fois, je ne sais pas pourquoi). Beauté visuelle qu'on retrouve dans le superbe combat au ralenti avec la classe suprême de V qui use de ses lames pour abattre tout le monde un par un. Je
ne vais pas énumérer tous les passages que je trouve géniaux mais ce film est un bijou scénaristique, assez inattendu, ou tout du moins étrange. Le passage de la "torture" de Evey est juste
excellent, avec beaucoup de jeux d'ombre mais surtout un paquet d'émotions très fortes. On suit la transformation du personnage principal et le changement est radical. On pourrait croire que
cette mise en scène de la part de V n'était qu'un test pour vérifier que Evey est forte, mais le fait est surtout que c'est ce "test" qui l'a rendue forte. En mettant la jeune femme face à sa
propre mort, très sereine, il fait disparaître toute la peur qui lui restait afin qu'elle puisse la surmonter. Le moment où Evey réalise que V a tout mis en scène est d'une pure intensité
émotionnelle, il faut dire que Natalie Portman est extrêmement touchante (c'est un peu le point fort de son jeu d'actrice, qu'on retrouve dans l'essentiel de ses films). L'actrice est
époustouflante d'un bout à l'autre du film, tout comme Hugo Weaving (l'agent Smith de Matrix) qui campe l'homme derrière le masque. Cet acteur a une classe naturelle et même si on ne voit jamais
son visage, son jeu d'acteur est parfait. Les émotions se font également ressentir via V, qui a vécu quelque chose d'horrible et n'a certainement plus lié aucune relation depuis.
Toutes les scènes de ce film, ou presque, font de V un personnage auquel on s'attache rapidement (la scène des dominos est parfaite). On finira
par ne rien savoir de lui, ni son visage ni son passé, à part bien sûr la dramatique histoire qui l'a transformé à jamais. On apprend juste que le nom "V" vient du numéro inscrit sur sa cellule
lorsqu'il était détenu (5 en chiffres romains), qui correspond également au 5 novembre, bref tout se recoupe. Le fait de ne jamais voir son visage en fait un homme très mystérieux. En fait, V est
parfaitement décrit par
Evey à la fin du film "
Il était mon père, et ma mère, mon frère, mon
ami... Il était vous, et moi. Il était chacun de nous". Pendant tout le film, on nous laisse entendre que V représente plus une idée qu'un homme. Son masque finira par se retrouver
sur la tête de tous les résistants à la fin du film, chaque personne ayant un peu de V en elle. Pour tout le monde, V aura surtout été une idée, l'idée qu'un changement était possible. V n'aura
été un homme que pour
Evey, qui est la seule a avoir pu le cerner et l'aimer au sens propre du terme. "
Personne n’oubliera jamais cette nuit là et tout ce qu’elle a représenté pour ce pays. Mais moi, je n’oublierai jamais l’homme, et tout ce qu’il a
représenté pour moi". C'est ainsi que se conclut le film et ça résume bien le fait que
Evey a été la seule personne proche de V. Il est amusant de
remarquer que les deux personnages ont une relation assez ambiguë. Ils semblent s'aimer, mais c'est évidemment un amour impossible. V doit certainement souffrir de ça, car sa priorité est de
diffuser et concrétiser son idée, rien d'autre. Il finira par mourir comblé, car il aura enfin cotoyé quelqu'un qui l'aura aimé pour qui il est, et je trouve ça vraiment beau. Qui plus est, cette
relation entre les deux personnages est très spéciale et très anti-clichée. V semble aimer
Evey, il lui avoue même avant de mourir, mais ça ne l'empêche pas
de la torturer et de lui faire du mal un peu plus tôt, pour lui permettre d'évoluer. On n'a pas ici d'amitié/amour basé sur la gentillesse ou la timidité. Tout est cru, dur, et c'est ce qui fait
un point fort du film je trouve car on ne voit pas ça souvent. De même,
Evey éprouve quelque chose pour lui (peut-être est-ce aussi de l'amour pour "l'idée"
et pas pour "l'homme"), mais elle ne se prive pas de le traiter de monstre. Pour finir, j'adore particulièrement la scène où
Evey se retrouve sous la pluie,
levant les bras, et que le parallèle est fait avec V émergeant des flammes. Très beau passage avec une
Natalie Portman au top.
Pour finir, impossible de parler de
V pour Vendetta sans parler un peu de deux scènes
importantes du point de vue politique. La scène d'ouverture bien sûr, avec l'explosion d'un bâtiment très symbolique, et puis naturellement la scène de fermeture, avec une seconde explosion qui
accompagne le soulèvement du peuple. Certes, le fait de montrer une libération par la force et le terrorisme en a gêné plus d'un (beaucoup n'ont pas aimé le film à cause de cette "idéologie",
comme ils disent), mais personnellement je ne vois pas ça comme des actes de terrorisme à proprement parler. Quand le peuple est soumis à une dictature aussi rude, aussi implacable, il faut je
pense savoir trouver les moyens de se rebeller contre ça. Qui plus est, c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher de frissonner lorsque la musique de
Tchaikovsky démarre dans les hauts-parleurs de la ville, très dynamique, vibrante, ultra-puissante (à partir de 4:37 dans la vidéo ci-dessous, le
musique "Ouverture 1812" est sublime et colle à la perfection). L'intensité qui émane de la dernière scène du film est incroyable et le film finit aussi rapidement qu'il a commencé. C'est
franchement magnifique, y'a rien à dire.
Bref, je pense que j'ai dit tout ce que j'avais à dire à propos de ce film que j'adore encore plus à chaque fois que je le vois. Du grand art,
je trouve.
"Voilà ! A première vue je ne suis qu'un vulgaire comédien de vaudeville à qui les
vicissitudes de la vie font jouer le vilain et la victime et vice-versa. Ce visage n'est pas que le vil
reflet de ma vanité mais un vibrant vestige de la vox populi aujourd'hui vacillante et vaincue, vous devez y voir les vieux restes d'une vexation vieillissante aussi vive que vivante, et vouée à vaincre cette vermine vulgaire vivace, virulente et vénale qui vivote en privant ses valeureuses victimes vaincues de la vérité et des vraies valeurs ! Le seul verdict que je vois est la vengeance, une vendetta violente
brandie telle un ex-voto et non en vain, visant à faire vaincre la vertu, face à cette vilenie lovée dans les veines de nos villes. Ces vagues vocales faisant de moi un ventriloque vociférant
ces volutes verbales, revenons-en à l'essentiel, je suis honoré de vous rencontrer, alors pour vous, je serai... V."
Voir aussi : Les meilleurs films de 2000 à 2010.