Il est absolument impossible que je ne fasse pas d'article à propos de ce film. Clairement, Gravity se place cette année tout en haut des meilleurs films que j'ai pu voir depuis janvier, et même des meilleurs films que j'ai pu voir tout court. Malgré tout le tapage fait autour du film, il ne faut surtout pas hésiter à aller d'urgence découvrir dans les salles de cinéma cette perle - que dis-je - cette merveille cinématographique.
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Je n'aime pas la 3D et je n'ai jamais aimé ça. Mais pour une fois, il faut bien l'admettre, elle est nécessaire. Je pense que jamais un film n'est allé aussi loin dans l'immersion du spectateur. Il est indispensable de voir le film en 3D dans une salle avec un grand écran, car il a été construit et tourné pour mettre en valeur la 3D de manière bien plus conséquente que n'importe quel autre film. La 3D n'est parfois qu'un prétexte pour attirer les spectateurs, et souvent elle n'est pas particulièrement justifiée. Mais quand on s'assoit dans la salle de cinéma et que Gravity commence, on ne regarde pas le film. On vit le film. Car la 3D est justifiée à chaque instant.
Bref, Gravity c'est vraiment 100% d'immersion au coeur de l'espace. Je n'avais jamais expérimenté quelque chose d'aussi fort sur grand écran, en terme de beauté visuelle, d'émotions, de sensations.Ce film n'est pas seulement un exploit visuel, c'est également un incroyable huis clos dans l'espace. Les termes "huis clos" et "espace" peuvent sembler contradictoires. Et pourtant. L'effet provoqué par l'immensité et le vide de l'univers est parallèlement associé à un effet de claustrophobie hallucinant.
Par où commencer ? Gravity, c'est d'abord pour moi l'idée géniale d'un réalisateur génial, Alfonso Cuarón. Son dernier film date de 2006 et figure parmi mes chouchous : Les fils de l'Homme est une oeuvre de génie et impressionnante visuellement. J'avais déjà rangé Cuarón parmi les auteurs à suivre absolument, notamment grâce à ses plans-séquences absolument brillants et une maîtrise de la caméra à mon goût remarquable. Même le sombre Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban regorge d'idées séduisantes et de plans mémorables, ce qui en fait probablement l'opus le plus réussi des aventures du jeune sorcier. Nul doute que Alfonso Cuarón sait imposer des ambiances et parvient toujours à immerger le spectateur dans ses histoires, grâce à sa mise en scène exemplaire. Mais là, dans Gravity, ça dépasse toutes mes attentes cinématographiques les plus folles. Je dis parfois (mais rarement) que tel ou tel film est proche de mon idéal cinématographique. Gravity, lui, va au-delà.
Le film est à mon goût une perfection dans sa réalisation. On démarre déjà avec un plan-séquence proprement hallucinant qui met tout de suite dans l'ambiance. Pas de présentation préliminaire des personnages : on entre directement dans leur univers, dès la première seconde, et on ne les quitte jamais. Les mouvements de caméra sont extrêmement bien pensés et le film enchaîne les trouvailles de mise en scène, en alternant les vues subjectives et les longs moments aériens où l'on a l'impression de flotter dans l'espace. Quel moment sublime également lorsque, avec une fluidité déconcertante, la caméra se rapproche tellement de Sandra Bullock qu'elle traverse le scaphandre et nous donne l'impression de vivre ce qu'elle vit. C'est bien simple, la caméra jongle entre les différents personnages, devient parfois un personnage, se déplace comme si elle était elle aussi en apesanteur, et la gestion de l'espace est une pure merveille. Bref, les mouvements de caméra sont à mon goût parfaits du début à la fin. Chaque plan parvient à mettre en valeur du mieux possible chaque situation, permettant d'avoir des vues d'ensemble grandioses (mettant en jeu la planète Terre, qui n'a jamais été plus belle) comme des vues rapprochées claustrophobiques.
J'ai surtout été impressionné par le respect des lois de la physique concernant le son. Tout ceci donne un réalisme particulier au film, comme l'avait fait 2001, l'odyssée de l'espace il y a 50 ans. Le fait que le son ne se propage pas dans le vide permet au film de contenir des trouvailles sonores intéressantes. On n'entend rien d'autre que les voix des personnages ; claires lorsque la caméra se trouve au même endroit qu'eux, ou par l'intermédiaire d'une radio lorsque la caméra se situe à l'extérieur. Mis à part ceci, le film se permet de grands moments de silence parfaitement dingues, où le spectateur peut se sentir complètement seul et désemparé. Et lorsque le silence n'est pas complet, c'est la musique qui prend le relais avec une BO d'une beauté folle. Les musiques célestes, aériennes, mettent en valeur les mouvements des personnages ou des éléments extérieurs, et se conclut en apothéose avec la fin du film, d'une puissance étonnante. Encore un truc que je vais écouter pendant des mois...
Le scénario, plutôt simple, ne m'a absolument pas paru décevant, contrairement à ce que j'ai pu lire un peu partout. Pour moi, cette simplicité permet de mettre en valeur le thème principal du film qui est la renaissance. Les rebondissements scénaristiques sont assez basiques mais ne souffrent d'aucune incohérence majeure (mis à part la scène du parachute et quelques erreurs qui, à mon goût, ne nuisent pas au film). Les apparitions / disparitions de George Clooney sont parfaitement bien exploitées et permettent d'obtenir à chaque fois des moments d'émotion intenses. Par ailleurs, Clooney et Bullock offrent dans ce film d'énormes moments d'émotion pure, car simple. Le passé du personnage de Sandra Bullock est touchant et permet de donner au personnage (et au film) une belle profondeur. Au fil du film, on se rend compte que Gravity n'est pas un film sur l'espace, ni sur un accident de navette. C'est la magnifique histoire d'une femme qui lutte pour sa vie, et qui lutte même pour une renaissance. La référence au foetus de 2001, L'odyssée de l'espace est pertinente et donne à ce thème de la renaissance une sacrée puissance.
Avec tous ces éléments, on a déjà dépassé de le stade du film idéal à mon goût. A tout ceci s'ajoute pourtant d'autres éléments formidables, des scènes bien particulières qui marquent. Entendre le personnage de George Clooney s'émerveiller devant la beauté de la vue, du lever du Soleil sur la Terre, avec cette voix paisible et émue, c'est quelque chose qui va rester gravé dans ma tête pour longtemps. Sandra Bullock qui aboie, ça m'a fendu le coeur.
Bref, je pense que j'ai tout dit sur ce que Gravity m'a apporté (2 fois et probablement 3 fois ce soir), pour conclure je dirais que Gravity est une expérience à ne surtout pas manquer au cinéma, il est à mon avis impossible de ne rien ressentir devant tant de virtuosité cinématographique.