Bonjour aux lecteurs qui existent encore sur ce blog. Cela fait plusieurs années que ce site est laissé à l'abandon. Mes excuses évoquées : faute de temps, faute d'envie.
Cette période est révolue. J'ai toujours tenu à mettre vaguement le blog à jour car je savais qu'un jour j'aurais le temps et la motivation nécessaires pour le réalimenter. Je ne pensais pas que ce moment viendrait si vite, mais il se trouve que c'est aujourd'hui.
Alors, par quoi commencer ? Tout d'abord, il est temps que je mette à jour mon top 250, ce qui n'a quasiment pas été fait depuis 2015. Qu'ont donc donné ces 5 années de cinéma ? J'ai découvert assez peu de choses, mais j'ai découvert de très belles choses. Et je viens de constater que sur toutes ces belles découvertes, il ressort une liste de 20 films qui vont venir compléter le top 250, qui se rapproche dangereusement d'un top 300 à présent !
Donc, c'est parti : 20 films à découvrir d'urgence, en quelques mots. Et par ordre alphabétique.
1917 (2019)
Énorme claque de l'année 2019, ce film de guerre ne ressemble à aucun autre. Si certains réalisateurs avaient déjà réussi à donner à la guerre un caractère lent et contemplatif (pour ne pas les nommer, citons notamment Terrence Malick et son délicieux La Ligne Rouge ou encore Christopher Nolan avec Dunkerque), rarement un film n'aura été aussi loin dans cette idée de "la guerre en immersion". La caméra à hauteur d'homme, le principe du film composé uniquement de plans-séquences parfois hallucinants, la beauté saisissante de certains plans qui mettent en valeur le champ de bataille grâce à une lumière dingue : tout ceci permet au spectateur de plonger corps et âme dans cette histoire relatée en temps réel. Il est impossible de pas être marqué par la scène de course finale, qui était déjà prenante dans la bande-annonce mais dont le véritable exploit est de proposer une séquence visuellement impressionnante, techniquement ahurissante, et emprunte d'une forte émotion. Oui, j'en ai encore des frissons rien qu'en la mentionnant. Virtuose.
Joker (2019)
L'une des oeuvres les plus marquantes de ces dix dernières années. Joker, c'est un regard impitoyable sur notre monde, sur notre société. Ce film a fait du Joker un symbole encore plus puissant que ne l'avait été V dans V pour Vendetta. Joaquin Phoenix est juste surpuissant, incarnant son personnage avec un naturel et une force démentielles. Joker est avant tout un film politiquement incorrect, son propos malsain n'étant bien sûr pas à lire au premier degré. Car, si le Joker semble parfois porté en héros, il est avant tout le symbole de la décadence de notre société. Imaginez-vous ce que nous sommes devenus ! À l'origine, le côté diabolique du Joker est censé naître après que celui-ci a été balancé dans une cuve d'acide. En 2019, le Joker prend naissance tout naturellement après avoir été balancé dans la société. Le parallèle est effrayant. Qui plus est, Joker ne fait pas que délivrer un message fort : il propose des scènes aussi mémorables qu'osées. Joaquin Phoenix est habité, en témoigne cette séquence magistralement poétique de danse (improvisée) dans les toilettes publiques. Quel acteur grandiose ! Qui d'autre que lui serait capable, aujourd'hui, d'incarner la folie et la haine avec autant de puissance ? Le dénouement, quant à lui imprègne la rétine pour une durée indéterminée. Un film brutal, un film coup de poing.
Juste la fin du monde (2016)
Mais comment diable Xavier Dolan a-t-il pu s'en sortir après un film comme Mommy ? Sera-t-il capable de surpasser, voire même simplement d'égaler ce film parfait un jour ? Je vous le dis, si j'avais été à sa place, j'aurais tiré ma révérence en 2012. Et pourtant... Cela nous aurait privé d'un autre très grand film : Juste la fin du monde. Le film où Vincent Cassel montre à nouveau que dans le paysage français, si on oublie Depardieu, c'est bien lui le patron. Ce film est d'une beauté dingue grâce au travail magnifique sur les personnages. Une Marion Cotillard aussi fragile que bouleversante, une Nathalie Baye encore une fois au-dessus de tout, un Cassel aussi poignant que jamais. Juste la fin du monde regorge de non-dits, de regards subtils et merveilleux. Pour éclater avec justesse dans un dénouement remarquable. Non, vraiment, la performance déchirante de Cassel lors de sa dernière scène figure au Panthéon de l'acting. Juste ahurissant.
La La Land (2016)
Et bien oui, moi aussi j'ai succombé, voilà, c'est dit ! La La Land est une merveille. L'un des films qui m'a le plus marqués ces dernières années. La La Land est un film au visuel irréprochable et, une fois n'est pas coutume, j'ai été subjugué par les musiques. N'étant absolument pas adepte des comédies musicales, je trouve généralement que la présence de chansons (notamment si elles sont dansées !) dans un film est insupportable et ridicule. Mais La La Land m'a obsédé comme aucune autre comédie musicale. Je ne sais pas quel est le secret de cette musique, mais ces quelques notes qui constituent le thème musical du film sont entêtantes comme jamais. Une écoute, et je frissonne. De plus, malgré la romance parfois un peu niaise, le film est très fortement marqué par des couleurs et une image qui laissent en tête un souvenir sublime. Quel traitement des couleurs, c'est incroyable ! Un coup de coeur incompréhensible, donc, car La La Land n'était pas fait pour me plaire. Mais c'est peut-être ce tour de force qui lui permet de me hanter autant.
Les 8 Salopards (2015)
Tout simplement un huis-clos inoubliable. Tarantino est le maître dans l'art du dialogue et de la mise en place de ses personnages, et il a décidé d'utiliser cette force pour réaliser son tout premier western réellement assumé. Les 8 Salopards est aussi jouissif que ludique, avec une mise en scène et une ambiance délectables. Si certains le trouvent mineur dans la filmographie de Tarantino, je le trouve au contraire central et très impactant. Chaque scène fait son petit effet et le côté amusant de la résolution de l'enquête en fait un film unique dans le "genre Tarantino". Brillant, tout simplement.
Les feux de la rampe (1952)
Chaplin est un monstre du cinéma, c'est indéniable. Il signe avec Les Feux de la rampe une oeuvre éminemment personnelle et émouvante avec une mise en abyme brillante et touchante de sa propre carrière. Clap de fin pour le vagabond. Testament pour l'artiste. Une merveille intemporelle. Merci Monsieur.
Manchester by the sea (2016)
Un film qui n'a pas eu la visibilité qu'il méritait. Manchester by the sea, c'est l'histoire déchirante d'un couple qui, suite à un drame, a perdu toute communication et toute envie de vivre. Avec un traitement de ses personnages à l'opposé d'Alabama Monroe, par exemple, ce film est une pépite d'émotion et de retenue. Casey Affleck est inoubliable en homme détruit intérieurement, impassible, marqué à tout jamais. Jamais un personnage n'aura été aussi touchant sans presque jamais montrer ses émotions et sentiments. Extraordinairement sensible. Un bijou.
Marriage Story (2019)
Un énième film décrivant la fin d'un couple, d'un amour. Sauf que Marriage Story se démarque en décidant de ne montrer que le parcours long et difficile de l'après rupture : celui du divorce éreintant et interminable. Les ressentiments, les coups bas, les combats, les invectives. Tout est montré et on assiste impuissants à la destruction totale d'une relation qui n'est jamais montrée à l'écran. Quel tour de force ! Qui plus est, une fois le climax atteint avec une scène brutale et incroyablement marquante, le film se termine en apothéose avec une étincelle de douceur inoubliable. Adam Driver est saisissant et parfois effrayant. Scarlett Johansson est terriblement touchante de fragilité. Percutant.
Mother! (2017)
Bon dieu, mais qu'est-ce que c'est que ce film de fou ? Aronofsky nous livre une oeuvre pleine de symboles avec une double lecture mystérieuse sur la Bible et Mère Nature. Mother! est indiscutablement un film qui marque, profondément. Jennifer Lawrence est excellente et a rarement été aussi percutante dans un rôle. Moi qui la trouve habituellement assez quelconque, je dois bien admettre que ce rôle lui sied à merveille. Javier Bardem est également mémorable en énorme tête à claque. Alors, pourquoi Mother! est-il aussi puissant ? Tout simplement parce que le film joue avec nos nerfs comme rarement un film ne l'aura fait. C'est l'histoire d'une femme qui souhaite profiter du calme dans une maison tranquille à l'écart du monde. Sauf que les éléments en décident autrement et qu'elle se retrouve assaillie par des gens sans-gêne, des intrus qui entrent dans sa vie privée sans demander la permission, qui touchent à ses affaires, tout ça cautionné par son mari qui laisse faire les choses. Au final, elle se retrouve seule et envahie et, plus le temps passe, plus le chaos se met en place pour atteindre un climax de tension absolument hallucinant. C'est bien simple : on a envie d'attraper les intrus et d'écraser leur visage contre un mur. Film viscéral et très percutant.
Parasite (2019)
Incroyable film qui mérite amplement ses récompenses. Parasite est aussi drôle que noir et bénéficie d'un scénario en béton. Difficile d'en parler sans spoiler quelque chose, mais certaines scènes marquent durablement et je le conseille à tous ceux qui seraient passés au travers. Un incontournable de ces dernières années.
The Revenant (2015)
Consécration de DiCaprio aux Oscars, The Revenant est un film froid et brutal doté d'une mise en scène diaboliquement efficace. À l'aide de plans-séquences ou de scènes qui accentuent le côté dangereux de la nature, The Revenant est saisissant de bout en bout. C'est la lutte pour la survie à travers la vengeance. Un survival haletant version "Man vs Wild" où s'enchainent les scènes inoubliables comme la désormais culte domination de l'ours, terrifiante de réalisme, ou encore "l'abri cheval" extrêmement osé pour un film aussi grand public. Un grand film.
Valley of Love (2015)
Vous ne savez pas vraiment ce que fait Depardieu dans le monde du cinéma ces derniers temps ? Alors vous êtes passés à côté de Valley of Love, l'un des plus beaux films de ces 5 dernières années. Valley of Love est porté par Gérard Depardieu et Isabelle Huppert qui délivrent tous deux une performance incroyable dans le rôle de parents à la recherche désespérée de la voix de leur fils décédé au coeur du Grand Canyon. Une merveille, un monument d'émotion et de délicatesse. Le final est d'une beauté époustouflante, Depardieu montrant alors qu'il demeure l'acteur magnifique qu'il a toujours été. Mystique et passionnant.
Voilà pour cette liste de 20 films qui s'ajoutent au top 250. Mes plus belles découvertes de ces années de "vide bloguesque". N'hésitez pas à les découvrir, ce sont de petites pépites.
Je termine juste avec le mauvais élève, puisque vous me poserez forcément la question au vu de la présence de Dunkerque dans cette liste, et sachant qu'Interstellar fait clairement partie de mon top 10 "ever".
Tenet (2020)
L'une des plus grosses déceptions de ma vie de cinéphile. Moi qui ai toujours adoré les films de Christopher Nolan, tous sans exception, je me suis retrouvé circonspect à la fin de Tenet. À mon goût, un film imbitable qui ne présente quasiment aucun intérêt. Le choix du casting est affreux, nous n'avons aucune sorte d'empathie pour le personnage et je n'ai pas eu la moindre goutte de fascination pour cette histoire sans queue ni tête. Le principe était pourtant alléchant et la symétrie du titre ainsi que de l'affiche laissaient présager un coup de génie. Je dois le dire, j'attendais impatiemment que Nolan, le maître du temps, du scénario cohérent, nous fasse un magnifique revirement de situation en retournant les images à la moitié du film. Quelle idée de génie cela aurait été : symétriser entièrement le film pour obtenir deux parties "inversées" qui se seraient répondues ou se seraient expliquées l'une l'autre ! Au lieu de ça, on nous sort un gloubi-boulga indigeste pendant plus de deux heures. Carton rouge !