Il y a quelques semaines, j'ai découvert cette série Netflix dont le nom ne m'avait jamais attiré avant, et je suis ravi d'avoir tenté l'expérience. Malgré mon faible goût pour les histoires de super-héros, je me suis laissé embarquer dans la première saison d'Umbrella Academy, qui m'a passionné d'un bout à l'autre.
Même si le scénario, sur le papier, avait peu de chances de me convaincre, cette première saison est parvenue, notamment grâce à ses acteurs et à son exceptionnelle bande-son, à me conquérir.
J'ai lu ici et là qu'Umbrella Academy est scénaristiquement prévisible, sans grande originalité par rapport aux autres histoires de super-héros que le cinéma et les séries TV nous ont proposé par le passé. Peut-être est-ce donc mon manque flagrant de connaissances dans ce domaine qui m'a permis d'apprécier à ce point cette première saison, dont je n'attendais rien à la base. Toujours est-il qu'une fois le premier épisode lancé, je n'ai à aucun moment songé à stopper mon visionnage alors que ce phénomène m'arrive assez régulièrement lorsque j'entame une série récente.
Je me retrouve assez peu dans ce nouveau mode de consommation des séries et, à part Stranger Things, Dirk Gently et éventuellement La Casa de Papel que je regarderai jusqu'au bout, je n'ai pas en tête de série qui m'ait notablement marqué ou plu depuis Breaking Bad ou The Leftovers. Lorsque j'ai senti qu'Umbrella Academy allait me plaire, je me suis fixé un objectif ; celui de regarder cette série "à l'ancienne", i.e. comme à l'époque de Lost : 1 ou 2 épisodes par semaine, pas plus. Et maintenant que j'ai terminé la première saison sur un cliffhanger d'ailleurs assez efficace, je vais me forcer à n'entamer la suite que dans 6 mois. C'est ainsi que j'aime découvrir des séries, et je ne me plierai donc plus aux facilités de visionnage proposées par les plateformes de VOD, qui ne me conviennent pas.
Umbrella Academy m'a immédiatement conquis par son humour et par un éventail de personnages hauts en couleurs, à commencer par Klaus ; un homme complexe et drôle qui sort clairement du lot dès les premières minutes de la série. Son caractère fuyant, lâche et faible en fait finalement un anti-héros extrêmement intéressant, d'autant que son pouvoir donne lieu à des séquences mémorables. Le traitement des autres personnages de la famille laisse parfois à désirer et j'aurais quelques critiques à formuler pour chacun d'entre eux. Luther et Diego me semblent a priori les moins intéressants ; avec leur carrure et leurs pouvoirs assez basiques, ils ne sont présentés dans cette première saison que de manière superficielle, ce qui est assez regrettable après 10 épisodes. Allison aurait pu être passionnante, malheureusement son pouvoir m'a dès le départ semblé beaucoup trop puissant et exagéré. La perspective de voir apparaître de grandes incohérences liées à ce pouvoir démesuré m'a permit assez rapidement de comprendre que son sort n'allait pas être tout rose. Malgré tout, la scène opposant Allison et Vanya m'a laissé sur le cul et la surprise fut totale. Cette dernière, présentée sans pouvoirs dès le début de la série, s'avère finalement la plus décevante malgré le jeu d'acteur exceptionnel d'Elliott Page. Le traitement et l'évolution de Vanya sont malheureusement beaucoup trop prévisibles, même si ça n'enlève rien au côté impressionnant du développement du personnage.
Selon moi, le personnage le plus intéressant de la série est Five/Cinq, le dernier membre de la fratrie. Le caractère et le comportement de ce personnage sont jubilatoires, notamment grâce au jeu incroyable d'Aidan Gallagher. Du haut de ses 15 ou 16 ans lors de cette première saison, l'acteur m'a époustouflé en rendant son personnage incisif, classe, et surtout crédible dans la peau d'un homme de 58 ans bloqué dans le corps d'un gamin. Il a une assurance folle et il est difficile de ne pas s'impliquer dans l'évolution de son histoire.
Côté personnages, j'ai beaucoup apprécié celui de la mère, Grace, dont le comportement étrange est assez rapidement expliqué. J'ai beaucoup aimé le rapport différent que chacun des héros entretient avec elle. Pour le reste, j'ai trouvé regrettable que certains personnages aient été mis en valeur au profit d'autres. Le duo Hazel et Cha-Cha, très intrigant au départ, s'essouffle très rapidement avec cette histoire de vendeuse de beignets assez grotesque, et une part bien trop importante leur a été réservée tout au long de la saison. A la fin, le trio commençait à me gonfler sévèrement et je n'ai pas compris pourquoi ils prenaient une place aussi centrale dans cette histoire, tandis que le réel antagoniste (The Handler, personnage très intéressant) est à peine visible. De même, toute l'histoire autour de Leonard Peabody est expédiée beaucoup trop vite et la conclusion de cette partie fut pour moi assez décevante. Tant de temps à mettre en place un personnage si mystérieux... pour ça ?
Bref, après toutes ces réflexions sur les personnages et les quelques faiblesses du scénario, on pourrait se demander comment j'ai pu finalement apprécier la série. Pourtant, malgré tout ceci, je garde de ces dix épisodes une trace extrêmement positive. Chaque fin d'épisode m'a donné envie de voir le suivant, et j'ai pris un immense plaisir à suivre cette aventure, minute après minute. Il y a en effet quelque chose de fort et de mémorable dans Umbrella Academy, qui la démarque des autres productions du genre.
Premièrement, la série est visuellement magnifique. Les couleurs et les décors sont somptueux et permettent de créer un véritable univers visuel. On comprend toujours parfaitement ce qu'il se passe, où cela se passe, et la maison de la famille possède une certaine aura : quelque chose de rassurant et de protecteur. Les scènes d'action sont saisissantes et assez belles en terme d'effets spéciaux. J'ai trouvé, par ailleurs, les épisodes très bien dosés en terme d'action. La série n'en fait jamais trop, les scènes de combat ou de batailles ne s'éternisent jamais. Exit aussi les discussions et explications interminables entre personnages : il suffit généralement de quelques phrases et quelques images pour comprendre ce qui les anime, ce qui les oppose ou ce qui les rapproche. C'est un tour de force lorsqu'on tente ainsi de plonger les spectateurs dans un univers et des règles qu'ils ne connaissent pas, et Umbrella Academy parvient à le faire avec brio.
Deuxièmement, et c'est là à mon goût la qualité ultime de la série : la BO d'Umbrella Academy est incroyable. La série regorge de séquences musicales aussi inattendues que percutantes et l'utilisation de la musique est absolument brillante. Après le quatrième épisode, j'ai arrêté de compter le nombre de scènes lors desquelles la musique a une place déterminante. Umbrella Academy alterne les scènes tristes, les scènes d'action, les scènes nostalgiques, chacune ayant sa propre identité musicale qui la rend mémorable. Je garderai longtemps à l'esprit la scène de Klaus dans le bus sur la musique "Mary" de Big Thief, chanson que je ne connaissais pas mais qui est devenue un véritable coup de coeur, ou encore l'émouvante séquence de clôture de l'épisode 4 sur "This year's love" de David Gray.
Bref, je n'attendais absolument rien de cette série, mais elle m'a embarqué dès les premières minutes grâce à quelques personnages passionnants, des musiques judicieuses et un visuel appétissant. Qu'importent les quelques faiblesses de scénario, j'ai hâte de découvrir la suite !