Un ermite vivant seul dans la forêt voit son cochon truffier (et donc, son gagne-pain), se faire kidnapper. Il va tout faire pour le récupérer, replongeant dans un monde qu'il avait volontairement décidé de quitter. J'attendais avec impatience ce retour de Nicolas Cage, acteur que j'avais délaissé depuis quelques années à cause d'une filmographie de moins en moins intéressante. Je dois dire que j'ai été agréablement conquis par Pig, surprenant par bien des aspects.
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En ce moment, le cinéma offre de belles surprises et il est difficile pour les nouveautés, notamment cette semaine, de se faire une place dans les salles. Entre autres, Pig sort en même temps que Last Night in Soho d'Edgar Wright et The French Dispatch de Wes Anderson, ce qui ne lui facilite pas la tâche. Je suis extrêmement déçu qu'il sorte seulement dans 38 salles, ce qui est ridiculement faible avec une tête d'affiche telle que Nicolas Cage. A titre de comparaison, plus de 350 salles accueillent Lui de Guillaume Canet (que je n'ai pas vu mais qui semble unanimement descendu par la presse et les spectateurs) et La fracture (énième film de société français, surfant sur la vague des Gilets Jaunes) de Catherine Corsini.
En résumé, Pig se contente de ramasser les miettes, coincé entre deux films français inévitablement sur-distribués, et deux grands noms du cinéma américain, qu'on attendait depuis des mois. Si on rajoute à ça que Pig devait sortir il y a bien longtemps, qu'il écume les festivals depuis déjà quelques mois, qu'il est même déjà sorti en Blu-ray bien avant sa sortie en salle et disponible sur des plateformes de streaming illégales, il est facile de comprendre sa distribution catastrophique dans nos cinémas. C'est même un miracle qu'il soit présent cette semaine.
Cependant, je ne peux que conseiller aux quelques lecteurs présents sur ce blog d'aller découvrir ce film sur grand écran, s'il ne passe pas trop loin de chez vous, car c'est un film plein de belles choses, maîtrisé d'un bout à l'autre dans sa volonté de ne pas se conformer à l'idée qu'on aurait pu s'en faire. Car, si Pig aurait pu tomber dans la facilité en proposant une histoire de vengeance classique à la John Wick, il s'avère finalement plus proche d'un Ratatouille que d'un Taken.
Je suis toujours impressionné par ce que certains peuvent faire avec un budget assez réduit. Tourné en seulement trois semaines dans des décors naturels, Pig est visuellement très soigné, bénéficiant notamment d'une belle photographie. A l'image de son personnage principal, le film est assez minimaliste, préférant poser tranquillement ses personnages et ses situations que de "rentrer dans le lard". Parfois à la limite du contemplatif, Pig est sensible et touchant, à l'opposé du film d'action pressenti en lisant le synopsis. Cette douceur et ces ambiances font énormément de bien et j'ai été embarqué du début à la fin dans cette histoire.
Cependant, si le film est superbe et impose une atmosphère agréable, la force de Pig réside surtout dans les thèmes qu'il aborde et la profondeur de ses personnages. Les liens qui unissent les personnages (l'amour d'un vieil homme pour son animal, la douleur de la perte, le deuil) sont passionnants et il m'est même arrivé de verser une larme lors d'une scène que j'ai trouvée vibrante et exceptionnelle. Nicolas Cage montre une fois de plus quel grand acteur il peut être lorsqu'il s'agit d'exprimer des émotions à travers ses personnages. Même s'il s'est perdu depuis quelques années (alors que, j'ose le dire, il était dans le top 5 de mes acteurs préférés lorsque ma passion pour le cinéma a débuté il y a 15 ans), son talent demeure intact. Il est amusant de voir le parallèle existant entre son personnage de Pig et sa propre carrière. Avec ce film, c'est comme si le comédien sortait enfin de son trou pour redevenir le patron.
Tout me fascine chez cet acteur, de son regard à ses mimiques, et je suis ravi d'avoir pu enfin le redécouvrir dans un excellent film. Peu d'acteurs auraient pu incarner ce personnage, car il faut être crédible dans la peau d'un type qui impose le respect. Très honnêtement, je ne vois pas qui aurait pu le remplacer.
Bref, Pig est une petite pépite et je pense que je vais surveiller de près Michael Sarnoski, étant donné que c'est son premier film et qu'il est parfaitement inconnu (c'est bête à dire, mais il n'a même pas de fiche Wikipédia). Je vous le conseille, vous risquez d'en ressortir émus.