Annette - Sympathy for the abyss + fin du film

       Ne faites pas attention à mes prochains articles sur Annette. Je n'ai pas trouvé d'autre moyen pour évacuer l'émotion que ce film continue de me procurer depuis mon visionnage et, à ce stade, j'écris ces articles à 100% pour moi-même. Je ne parviens pas à sortir ce film de ma tête et ça fait maintenant 5 jours que j'écoute en boucle la BO d'Annette. En mangeant, en conduisant. Même en écrivant cet article. Après m'être passé les chansons So may we start, We love each other so much et She's out of this world au moins 50 fois chacune depuis vendredi, me voilà amoureux de la chanson finale du film, Sympathy for the Abyss.

ATTENTION, SPOILER TOTAL

       J'ai beaucoup de mal à décrire à quel point j'ai été touché et emporté par ce film. Essentiellement, ce coup de coeur est dû à la BO absolument fabuleuse du film, qu'il m'est actuellement impossible de sortir de la tête. Il y a de grandes chances pour que je revienne bientôt vous parler des autres chansons d'Annette, citées ci-dessus. J'ai juste besoin d'évacuer les émotions qui me traversent. J'ai regardé la fin du film une bonne vingtaine de fois et je me demande encore comment on peut produire quelque chose d'aussi intense. La chanson qui traduit le dernier dialogue entre Henry et Annette dans le parloir est un crève-coeur. Lorsque je l'ai découverte pour la première fois jeudi dernier, mes larmes ont coulé toutes seules et c'est avec une profonde tristesse que je continue de me l'infliger dès que j'ai du temps libre. Bref. Je me répète.

      Cette chanson n'était pas originellement prévue par le groupe Sparks (qui ont écrit et composé les musiques du film avant même que Leos Carax s'en empare pour la mise en scène) ; c'est une étroite collaboration entre Carax et le groupe qui a donné naissance à cette sublime conclusion du film, le premier imaginant le dialogue entre Annette et son père tandis que les Sparks se sont chargés de composer l'incroyable accompagnement musical. Globalement, la réussite de ce morceau tient dans une harmonie totale de tous les éléments qui la composent ; le ton mélancolique et puissant de la mélodie, les grandes envolées lyriques et les modulations, la force émotionnelle des paroles, la voix sombre et caverneuse d'Adam Driver mais également celle de Devyn McDowell qui incarne Annette avec caractère alors qu'elle avait seulement 6 ans. 

      Outre le côté poignant de la musique qui vient conclure le film à la perfection, il faut bien admettre que les voix des deux acteurs fusionnent à merveille et offrent un déferlement d'émotions assez dingue. N'étant pas des chanteurs professionnels, Adam Driver et Devyn McDowell ont parfois la voix tremblante, imparfaite, et c'est bien ce qui fait le charme de cette confrontation finale qui sonne incroyablement juste. Il y a chez Henry une émotion touchante et chez Annette une férocité déroutante. On comprend en quelques répliques à quel point Henry est étalé à terre par sa fille. J'ai été complètement bluffé par la performance de la jeune fille, qui parvient toujours à trouver le bon tempo et le bon rythme alors que ce plan est très peu coupé. 

      La fin du film

      Je vous invite à revoir cette scène ci-dessous pour vous remettre en condition (et si vous n'avez jamais vu le film, bon sang, que faites vous ici à lire ceci ?!).

       Il y a un court passage dans cette scène qui, accompagné à la musique parfaite, a complètement déchiré mon coeur. A 2:10 dans la vidéo ci-dessus (ou 3:56 si vous choisissez d'écouter la chanson plus haut), la mélodie cesse brutalement d'être entraînante et vire instantanément dans une profonde noirceur. Annette cesse d'accuser son père, elle vient contre lui et lâche quelques mots.

      Now, you have nothing to love...

     Cette réplique est incroyable, elle a été la source de mes pleurs tant elle est percutante et sublime. Si on écoute bien, la mélodie qui sert d'appui pour cette phrase est la même (à peu de choses près) que celle de "We love each other so much", chantée par Ann et Henry en début de film. Henry est donc passé d'un amour a priori éternel avec Ann, à une vie sans amour, pas même de la part de sa propre fille. Henry a tout perdu et tout détruit et ne s'en rend compte que lors de cette dernière scène.

     Tout est parfait dans cette séquence finale. L'apparition de la "véritable" Annette en chair et en os est une surprise à la fois pour le spectateur et pour Henry, qui la voit pour la première fois comme un être humain et non un objet. La petite fille lui balance à la gueule ses ressentiments et sa colère, puis conclut par ces mots cruels avec douceur, interdisant même à son père de l'aimer. Now, you have nothing to love. Quelle conclusion ! C'est puissant, c'est parfait. La relation entre les deux personnages se terminera par quelques Goodbye Annette déchirants, prononcés par un Adam Driver à la voix tremblotante. La mélodie, encore une fois, vient renforcer ces adieux avec une grande force. Que c'est sublime.

       Bref, j'arrête ici, mais je pense que cette scène va figurer en très bonne position dans mon top de "scènes 2022". A vrai dire, je ne sais pas comment je vais faire ce classement en décembre car j'ai pour l'instant décidé d'y inclure 5 scènes d'Annette. Ce top ne ressemblera à rien. On verra bien.