Brady Corbet, plus connu comme acteur (Funny Games US, Melancholia) que comme réalisateur, tente un drame dédié à la mémoire de Jonathan Demme. L'histoire de Vox Lux se concentre sur la vie de Celeste, adolescente propulsée star de la musique pop après un événement tragique. Poursuivant mon cycle Natalie Portman, j'étais fasciné par l'affiche du film que je trouve franchement magnifique et étincelante. Si le film propose quelques séquences incroyables, j'ai néanmoins eu de la peine à comprendre où le cinéaste voulait en venir avec cette histoire. Malgré tout, Vox Lux vaut le détour pour les performances incroyables de Raffey Cassidy, Natalie Portman, Stacy Martin et Jude Law.
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Le film m'a saisi dès l'introduction du film, absolument glaçante. Je ne vais pas en dire trop, mais en dix minutes à peine, Vox Lux nous met une grande gifle et je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher un "Wow" de stupeur. J'ai beaucoup aimé l'évolution du personnage principal, son caractère de plus en plus borderline qui prend naissance dans le traumatisme d'enfance. Le film ne passe pas son temps à justifier le comportement de Celeste ; le spectateur a toutes les clés en main dès l'ouverture du film pour apprécier l'instabilité psychologique du personnage.
Raffey Cassidy n'est pas assez mise en valeur alors qu'elle tient à mon goût la place la plus importante de ce film, Natalie Portman ne faisant finalement que compléter ce que la jeune actrice avait mis en place pendant la première heure. Le choix de casting est, selon moi, vraiment discutable. Je ne parle pas du choix des acteurs, attention - ils sont tous brillants - mais plutôt des choix d'attribution des personnages. Au beau milieu du film, le réalisateur décide de modifier les rôles et ça m'a énormément déstabilisé. Alors qu'on cerne, petit à petit, l'évolution de Celeste et son changement de personnalité, Brady Corbet décide subitement que le personnage principal doit changer d'interprète. Raffey Cassidy est alors remplacée par Natalie Portman dans le rôle de Celeste.
A la limite, ce changement pourrait se comprendre. On peut se dire que Raffey Cassidy n'a pas l'étoffe pour jouer de manière crédible une femme de 31 ans et, surtout, cette brutale césure permet d'accentuer l'ellipse de 15 ans et le comportement bien plus instable de Celeste. Là où ça ne va pas, c'est que Raffey Cassidy continue d'apparaître dans le film mais pour un rôle différent... puisqu'elle interprète dès lors la fille de Celeste, alors que le reste du casting ne change pas ! Entre autres, Stacy Martin continue de jouer son rôle de sœur (admirablement, soit dit en passant) et Jude Law, celui de manager. Aucun effort particulier n'a été fait pour les vieillir et tous ces choix sont franchement déroutants. J'ai même dû mettre le film en pause pour vérifier que Natalie Portman interprétait bien Celeste. Curieux.
A part ce détail quand même très troublant, j'ai trouvé l'ensemble du casting incroyable. Natalie Portman, bien sûr, exerce à nouveau son talent démesuré pour jouer les têtes-à-claques avec quand même une belle dose de sensibilité (nécessaire vu le background du personnage principal). Mais surtout, j'ai été subjugué par la performance de Stacy Martin, extrêmement touchante dans le rôle d'Ellie. Son personnage est souvent en arrière-plan, mais l'actrice illumine toutes les scènes dans lesquelles elle apparaît. Elle apporte notamment une grande profondeur à cette relation entre sœurs, à la fois punching-ball et appui majeur de Celeste. Elle incarne la solidarité sororale à la perfection et j'ai réellement apprécié le ton qu'elle donne à son personnage. Emouvante, solide, sublime. Elle est mon coup de cœur de ce film.
Scénaristiquement, Vox Lux demeure néanmoins sans grandes surprises, on a ici le schéma classique de la superstar dépassée par sa popularité. L'intrigue comporte tout de même des éléments originaux, comme cette toile de fond dramatique qui revient hanter le personnage principal à plusieurs reprises pendant le récit. La vie et la carrière de Celeste semblent constamment guidées par une seule source d'événements, ce que rend ce personnage tragique et complexe. L'une des scènes finales, opposant Natalie Portman et Stacy Martin, est déchirante. Et puis, bien évidemment, Vox Lux ne peut s'empêcher de glisser une jolie critique des médias, des paparazzis, et globalement de la starification des enfants et de l'exploitation des drames humains par le monde impitoyable du show-biz.
Bref, Vox Lux est un film intéressant sous bien des aspects mais il est loin d'être parfait. Certains choix incompréhensibles sont venus gâcher mon visionnage mais quelques séquences relèvent le tout (grâce à Stacy Martin notamment ; j'ai oublié de parler de la scène dans la chambre d'hôtel mais c'est une merveille d'émotion).