Les thématiques de Woody Allen m'ennuient et, plus je découvre ses films, plus ça confirme que son cinéma ne me convient absolument pas. Café Society, comme la plupart des films de Allen que j'ai vus jusqu'ici, n'a rien d'un grand film. C'est, tout au plus, une petite histoire d'amour sympathique, mais il n'y a quasiment rien à en tirer à part un final plutôt joli.
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Casting féminin magnifique, casting masculin catastrophique ; voilà comment j'aurais envie de résumer Café Society. Pour commencer, je déteste Jesse Eisenberg, acteur dont la platitude de jeu me sidère d'années en années. Dans ce film, il interprète avec excès le personnage habituel de Woody Allen ; l'intellectuel new-yorkais mal dans sa peau (Bobby a constamment les épaules relevées, le dos voûté). Café Society donne l'impression que, Woody Allen étant désormais trop vieux pour jouer son propre rôle dans ses propres romances, ce sont des acteurs plus jeunes qui sont choisis pour prendre sa place et perpétuer ainsi l'image de ce personnage redondant. C'est en partie pour cette raison que j'ai du mal à supporter Woody Allen, dont l'ego démesuré plane constamment sur ses œuvres, ici matérialisé par une voix off inutile car, bien sûr, le bonhomme ne peut pas s'empêcher de narrer l'histoire pour que personne n'oublie sa présence.
Cette voix off est probablement la chose qui m'a le plus gêné, à égalité avec les musiques guillerettes et insupportables, déjà entendues mille fois dans ses précédents films. On a affaire ici à une voix off purement illustrative, puisqu'elle ne fait que décrire les images qu'on voit déjà à l'écran, ou les émotions des personnages que nous aurions pu comprendre par nous-mêmes.
En plus de Jesse Eisenberg, la présence de Steve Carell est à mon goût un terrible choix de casting et je m'inquiète de plus en plus pour la carrière de cet acteur qui enchaîne les rôles sans intérêt depuis quelques années, avec notamment Space Force. Bruce Willis avait été un temps pressenti pour ce rôle et je pense que, s'il en avait été capable, ça aurait changé la donne. Dans Café Society, Steve Carell peine à délivrer une interprétation intéressante ; il ne parvient à donner à son personnage ni la drôlerie qui le caractérise habituellement, ni l'autorité dont avait besoin son personnage, ni l'émotion qui manque cruellement à toute cette histoire. Soit dit en passant, j'ai trouvé toute l'intrigue du film chiante à mourir, éternelle resucée des errements amoureux propres aux personnages de Woody Allen, mais qui ne mène à rien. On a l'impression d'une montagne accouchant d'une souris et c'est pénible à regarder.
Fort heureusement, le film a tout de même des qualités. Comme je le disais plus haut, les deux personnages féminins sont sublimes. Blake Lively, qui n'apparaît pourtant que très peu, est pétillante et parvient à donner à son personnage une aura somptueuse. Je dois également l'admettre, certains plans de caméra la mettent divinement en valeur - je pense notamment à une scène au restaurant magnifiquement réalisée, lorsque Bobby la rencontre pour la première fois. La caméra fait quelques mouvements de va-et-vient assez intéressants, s'éloignant de Veronica lorsque c'est Bobby qui parle, puis se rapprochant de son visage lorsque c'est à elle d'intervenir.
Et puis, bien sûr, il y a Kristen Stewart, dont la présence justifie à elle seule l'existence de ce film. Une nouvelle fois, l'actrice m'a bluffé par son regard et par le naturel dont elle fait preuve pour délivrer ses répliques. Elle donne à son personnage à la fois un mystère et un magnétisme assez troublants. Il est juste décevant qu'elle donne la réplique à Jesse Eisenberg, qui ne tient clairement pas la route. Un autre comédien aurait pu donner une histoire d'amour plus palpable et plus crédible.
C'est d'autant plus dommage que la lumière de Café Society est absolument exquise. En effet, je ne compte pas le nombre de fois où mes yeux se sont mis à briller face à l'incroyable maîtrise des jeux de lumière et de couleurs. Ici, on doit saluer le travail fabuleux du chef opérateur, le talentueux Vittorio Storaro qui a fait un travail extraordinaire. Parfois, les tons changent subitement, faisant apparaître une lumière plus chaleureuse sur un visage, créant une atmosphère tamisée, mettant en valeur le charme d'un personnage. Par moments, c'est réellement magnifique. De ce côté, un grand soin a d'ailleurs été apporté à la fin du film, avec deux séquences qui m'ont presque décroché la mâchoire tant elles sont belles. La scène sur le pont (ci-dessous) possède une ambiance complètement dingue et, bien évidemment, la fin du film apporte son lot d'émotion après 90 minutes de dialogues soporifiques.
Bref, Café Society aurait pu être un grand film d'amour si les thèmes traités n'avaient pas été déjà vus cent fois (le classique triangle amoureux avec les regrets qui vont avec), si le casting avait été mieux réfléchi (Steve Carell et Jesse Eisenberg plombant à mon goût 75% du film) et si l'enrobage de toute cette intrigue n'était pas autant marqué par les tics de Woody Allen (musiques chiantes, voix off stupide, personnages inutiles). J'ai tendance à penser que ce cinéaste a raté une belle carrière de romancier.