Un article pour vous inciter à découvrir cette œuvre, car elle est dingue. Cry Wolf est une mini-série danoise sortie en 2020, réalisée par Maja Jul Larsen. J'ai enchaîné les 8 épisodes en deux jours après être tombé dessus par hasard sur Arte Replay. La série, passée visiblement inaperçue, est exceptionnelle.
En lisant la dissertation de l'une de ses élèves âgée de 14 ans, un professeur alerte immédiatement les services sociaux. En effet, la jeune Holly y accuse son beau-père de violences. Tandis qu'Holly maintient sa version auprès de Lars, l'assistant social, sa mère et son beau-père nient en bloc les accusations et affirment qu'elle ment. S'ensuit alors une enquête au cœur de la psychologie de chaque personnage afin de démêler le vrai du faux.
La série est une merveille. Je ne vais pas trop en dévoiler car le mystère qui entoure Holly et sa famille est évidemment le point fort de la série. Pendant 8 épisodes de 50 minutes, j'ai été happé par cette histoire qui semble plus vraie que nature, tant les acteurs sont parfaits. Pour le spectateur, un combat fait rage à chaque retournement de situation, car il est extrêmement difficile de déterminer où se trouve la vérité dans toute cette affaire. D'un côté, on se dit que l'adolescente n'a aucune raison de se mettre toute sa famille à dos en accusant à tort son beau-père et, de l'autre, on s'étonne que sa mère fasse autant front contre sa propre fille. On a, en effet, du mal à imaginer une mère accuser sa fille de mensonge de manière aussi catégorique. Tout ceci est d'autant plus difficile à cerner lorsqu'on sait que le cinéma danois a donné naissance à un film comme La Chasse en 2012, dans lequel la parole d'une enfant contre un adulte est très clairement remise en question.
La série est une succession de duels psychologiques passionnants, tous connectés par le personnage de Lars Madsen, persuadé qu'il est de son devoir de protéger et de croire Holly coûte que coûte. Ainsi, le spectateur n'a presque jamais d'avance sur les enquêteurs, mis à part quelques regards ou discussions livrées par-ci, par-là, au compte-gouttes. Cry Wolf est une merveille d'écriture ; le scénario est incroyablement bien ficelé, tout comme les révélations parfaitement amenées au fur et à mesure des épisodes. Suivre cette affaire est un vrai régal car rien ne semble simple, j'ai été comme hypnotisé par le casse-tête que représentait cette histoire. Les non-dits, les silences évocateurs et les dialogues parfois tendus sont tous d'une justesse et d'une cohérence folles, jusqu'à la révélation finale qui tombe comme une évidence absolue.
L'ensemble des acteurs est à un niveau exceptionnel et on n'a aucune difficulté à croire en ces personnages, qui semblent avoir été écrits pour chaque comédien. Bjarne Henriksen est bluffant en assistant social flegmatique, toujours maître de ses émotions malgré la difficulté de son métier et de la situation dont il se charge. Christine Albeck Børge est également subtile et insondable dans le rôle de Dea. La palme, cependant, revient indiscutablement à Flora Ofelia qui interprète Holly avec une sensibilité exemplaire. Elle fait un travail fabuleux du début à la fin, en offrant quelques séquences extrêmement fortes en émotion. Elle parvient à façonner la fragilité de son personnage à la perfection avec ses mimiques, sa posture, ses regards. Son visage triste, qui transpire le mal-être, m'a scotché à chaque minute. C'était dingue.
L'actrice m'a soutiré quelques larmes, notamment lors d'une scène entre Holly et sa mère dans l'un des premiers épisodes, troublante de vérité. Elle m'a fait frissonner, elle m'a frappé, elle m'a presque abattu en un regard. Je n'avais pas vu de si belle performance de la part d'une jeune actrice depuis très longtemps.
Je m'arrête ici avant d'en dire trop, mais je vous encourage très fortement à découvrir cette série, disponible gratuitement sur Arte en replay. C'est formidable.