En attendant de voir les trois films qui m'intéressent en ce moment au cinéma (mais pour lesquels il est difficile de trouver le bon timing / la bonne salle / la VO), à savoir The Fabelmans, The Son et The Whale, je vais parler rapidement de quelques films vus récemment. Parmi eux, un film culte du cinéma d'horreur et trois films français très récents. Malgré mon dernier article qui vantait les qualités du cinéma français, je vous laisse deviner lequel entre dans mon top 400.
Rien à foutre (Emmanuel Marre et Julie Lecoustre - 2022)
Bien que la blague ait déjà été faite 100 fois, le film porte globalement très bien son nom puisque j'ai eu l'impression que la vie du personnage principal n'était pas suffisamment intéressante pour être racontée. Rien à foutre n'est pas désagréable car le talent d'Adèle Exarchopoulos permet au spectateur de ne pas sombrer dans l'ennui, mais il faut bien admettre que l'avenir de cette hôtesse de l'air n'a rien de passionnant. Parfois, quelques scènes sont très efficaces notamment dans la première moitié du film, mais elles sont contrebalancées par des plans inexplicablement longs et contemplatifs qui parcourent régulièrement le film et lui donnent une prétention qui n'est pas justifiée. Le titre est certes vendeur, mais il ne fait que décupler la déception après plus de 1h45, lorsque le spectateur circonspect se demande en quoi l'expression "Rien à foutre" est liée au personnage de Cassandre. Trois semaines après l'avoir vu, je n'en garde strictement aucun souvenir marquant. C'est dommage, car Adèle Exarchopoulos est une actrice d'exception.
Les cinq diables (Léa Mysius - 2022)
Vous l'aurez compris, j'ai tenté de découvrir la filmographie d'Adèle Exarchopoulos en février. Même si ce deuxième film m'a davantage convaincu que Rien à foutre, je ne peux pas le qualifier de chef d'œuvre. Les cinq diables a le mérite de proposer quelque chose de nouveau dans le cinéma français avec un pitch absolument fascinant, puisque c'est l'histoire d'une petite fille qui a un don pour analyser des odeurs, les recréer, puis les utiliser dans un cadre que je ne révèlerai pas, mais qui fait basculer le film dans le fantastique. En France, le fantastique est très peu représenté et, lorsque c'est bien fait, il faut en profiter. Avec Les cinq diables, on frôle la réussite et je serais bien tenté de le conseiller aux lecteurs. La première partie du film, notamment, est absolument géniale grâce à Adèle Exarchopoulos et Sally Dramé, toutes deux fascinantes dans leurs rôles. Le scénario tient debout mais plus le temps passe et plus le dénouement se laisse deviner à l'avance. Les cinq diables tombe alors dans quelques facilités, comme une utilisation un peu trop "pratique" du don de la petite Vicky... Encore une fois, ce sont des détails qui empêchent le film de s'élever complètement, et celui-ci ne dépassera pas le stade du "c'était cool, mais pas mémorable".
Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper -1974)
Oui, non, je sais. Je n'avais jamais vu Massacre à la tronçonneuse, c'est une honte, je le sais. Je n'avais jamais osé franchir le pas étant donné mes déceptions passées concernant les "films cultes de l'horreur" que tout le monde semble encenser. Au risque d'en choquer certains, les oeuvres qui ont posé les bases du cinéma d'épouvante m'ont souvent laissé totalement indifférent. Je peux citer Halloween, Les griffes de la nuit, Vendredi 13 ou même (dans un autre registre) L'exorciste et The Thing : vous ne verrez pas ces films dans mon top 400 car ils n'ont rien remué en moi. Outre le côté précurseur de ces films, j'avoue avoir du mal à saisir leur statut de chefs d'œuvre ultimes.
Mais pour Massacre à la tronçonneuse, étonnamment, je dis oui, oui et oui ! J'ai été happé par l'ambiance dès les premières minutes et le film ne m'a pas relâché avant la toute fin. Tout m'a paru effroyablement réel. Malgré le budget limité et les conditions de tournage compliquées, le film ne m'a jamais paru ridicule ou too much. J'étais d'autant plus immergé dans cette histoire que je ne connaissais rien du tueur : ni sa psychologie, ni sa famille. La surprise fut donc à la hauteur de mes espérances. Le film m'a scotché et m'a tendu à de multiples reprises grâce à l'atmosphère poisseuse et aux protagonistes crédibles. Même si je n'ai jamais éprouvé de la peur à proprement parler, j'ai vécu un vrai moment d'horreur à travers des décors complètement fous (les os et carcasses), de réelles surprises (notamment le sort de Franklin, joué par un Paul A. Partain magistral), un tueur à la personnalité flippante et un dénouement pratiquement intenable. Bref, ce film est un petit bijou.
Serre moi fort (Mathieu Amalric - 2021)
Peu friand du jeu de Vicky Krieps, c'est à reculons que j'ai découvert ce film de Mathieu Amalric en croyant que les talents du réalisateur suffiraient à faire de Serre moi fort un film fascinant. Malheureusement, je n'ai pas particulièrement adhéré à l'univers de ce film qui semble prendre un malin plaisir à vouloir nous perdre dans un dédale d'hypothèses. Difficile de comprendre ce qui se trame dans cette histoire et, une fois que le puzzle s'est mis en place dans mon esprit, ma seule réaction aura été "mouais, d'accord". Si j'ai été intrigué au départ, l'accumulation de fausses pistes m'a lassé très rapidement et j'a quasiment lâché l'affaire avant la fin lorsque j'ai réalisé que, peu importe l'issue du film, je me fichais un peu du sort des personnages. Serre moi fort aurait pu être un joli drame psychologique où ces trois mots auraient trouvé leur sens, mais il emprunte des chemins narratifs tantôt étranges, tantôt oubliables. Le film ne m'a rien transmis, pas même de l'émotion, ce qui est un comble pour une œuvre au titre si fort. Bref, je ne conseille pas Serre moi fort, et encore moins si vous êtes adeptes de films à énigmes ou de labyrinthes psychologiques. Le film a des qualités, mais la quête du spectateur est inutilement complexifiée par des choix d'écriture assez décevants.