J'attendais ce nouvel opus avec impatience et, évidemment, la déception est au rendez-vous. Malgré les bandes-annonces alléchantes, les images impressionnantes du De-Aging d'Harrison Ford, la présence de James Mangold aux commandes d'un film qui assume enfin l'âge avancé de l'acteur, force est d'admettre qu'Indiana Jones aurait du rester dans un musée depuis le 3e volet.
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Le film commence avec une introduction interminable (près de 30 minutes) pour nous présenter un Indiana Jones plus jeune, de retour avec les Nazis pour mettre la main sur un objet antique aux pouvoirs insoupçonnés : l'Antikythera, soi-disant conçu par Archimède. Si la première image du De-Aging d'Harrison Ford a son petit effet, celui-ci est très rapidement désamorcé par le manque de précision de cette méthode qui n'est pas encore tout à fait au point. Il suffit de se concentrer sur les yeux de l'acteur pour voir les défauts de cette technologie d'IA. Les yeux semblent parfois flotter, se déformer, et on constate assez facilement que ce visage est informatisé, ça sonne faux. Pire, même, ça semble enlever toute son âme au personnage d'Indiana Jones puisqu'en comparaison des premiers opus de la saga, on assiste à un personnage sans malice, sans charme. Comme une coquille vide.
Et s'il n'y avait que ça, ce ne serait pas un drame, mais cette introduction souffre de nombreux défauts qui parcourront ensuite l'intégralité du film, à savoir un gros problème de rythme, un scénario jamais fascinant et une musique totalement quelconque.
Les problèmes concernant la musique et le rythme sont très probablement liés, car la première n'est jamais au service du deuxième. Je défie quiconque de se souvenir d'une seule musique de cet Indiana Jones, mis à part 3 secondes de fan service lors de la première apparition du chapeau et du fouet, qui tombent comme un cheveu sur la soupe, et la musique culte qui ne retentit qu'à l'apparition du générique final. Un poil trop tard peut-être ? Oui. Mis à part ça, on a droit à de la musique plan-plan qui ne met pas en valeur les scènes d'action ni les très rares moments d'émotion (je dis "très rares" pour être gentil, car où sont-ils vraiment ?).
Alors certes, on retrouve un peu l'esprit d'Indiana Jones avec ces passages secrets, ces codes secrets, ces antiquités, mais ça ne va guère plus loin qu'un Benjamin Gates qui aurait été raté, car il y a l'inventivité en moins. Au moins, dans Benjamin Gates, les énigmes avaient une logique et s'avéraient fascinantes et pleines de révélations historiques. Mais ici, où est l'histoire ? Où est la fascination ? Où est l'épique ? Finalement, Indiana Jones 5 est un peu à l'image de son héros : il part en retraite en donnant ses cours d'université de manière blasée et sans âme. Les films, c'est pareil. Tout est éculé : les scènes de baston, de poursuite, de confrontation avec l'ennemi, tout ceci semble avoir déjà été vu 1000 fois, comme une bonne vieille rengaine qui a fait ses preuves par le passé. James Mangold parvient à faire marcher la nostalgie en ramenant d'anciens personnages mais, malheureusement, ils ne sont là que pour le clin d'oeil et rien de plus. A quoi bon ramener John Rhys-Davies (Sallah) si c'est pour qu'il n'ait qu'un rôle de taxi ? Pourquoi ramener Marion si c'est pour en faire une scène finale profondément gênante ?
Fort heureusement, car il y a tout de même un point positif dans toute cette histoire, la présence de Phoebe Waller-Bridge apporte un énorme vent de fraîcheur. L'actrice pétillante incarne la filleule d'Indy avec charme, dynamisme et, surtout, humour. Car l'humour, il faut bien le dire, cet opus en manque cruellement. Et c'est logique, car Harrison Ford n'a plus l'oeil qui brille et qu'il déclame ses répliques parfois sans réelle conviction. L'acteur, aussi monumental soit-il, fait tout ce qu'il peut pour incarner ce personnage et il s'en sort très bien, mais c'est Phoebe Waller-Bridge qui lui vole clairement la vedette.
Je finis enfin par aborder le scénario, qui est pour moi un échec cuisant. Ce Cadran de la Destinée laissait présager de belles choses. J'avais imaginé Indiana Jones remonter le temps, y croiser peut-être son homologue 30 ans plus jeune en 1939, mais non, que dalle. A part ça, on a droit à un gros délire bien nul autour d'Archimède et, sans révéler la fin du film, on tombe dans un ridicule à toute épreuve. On nous sert encore le paradoxe de la boucle temporelle à la Terminator comme une idée géniale, sauf qu'encore une fois, on a vu ça 1000 fois. Oui, même si l'idée n'est qu'à moitié effleurée. Je ne vais pas non plus épiloguer sur le personnage de Mads Mikkelsen qui, malgré son charme, ne représente pas un vilain très menaçant, ni très cohérent. Ses motivations sont très floues et on se demande, au final, quel était l'enjeu réel de toute cette aventure. 2h20 plus tard (qu'elles sont interminables !), j'ai beau y réfléchir, je ne vois toujours pas à quoi tout ceci a servi.