Normal People - Une série bouleversante

Normal People - Une série bouleversante

       Aurai-je les mots pour décrire ce que j'ai vécu ? Je ne pensais pas ressentir tout ça lorsque j'ai commencé Normal People il y a trois semaines. Ce matin, après la conclusion du 12e et dernier épisode de cette saison unique, je me suis retrouvé dans un état auquel j'accède très rarement lorsque je découvre de nouvelles séries. J'ai eu des larmes, des émotions fortes. Je sens bien, 12 heures plus tard, que j'ai été touché en profondeur et qu'il faudra un moment avant que ces sensations ne s'évaporent. J'écoute en boucle les mêmes musiques pour retrouver l'atmosphère si particulière de cette romance inhabituelle. Je repense à certaines scènes en frissonnant ; j'ai l'impression que je viens de quitter des personnages qui semblaient si réels que j'en éprouve de la tristesse. Je crois bien que je vais devoir la voir une deuxième fois prochainement, pour ressentir tout ça à nouveau de manière amplifiée.

 

Normal People - Une série bouleversante

       Normal People est une romance psychologique, une histoire d'âmes sœurs qui ont du mal à s'avouer et à communiquer, une plongée dans la psychologie de personnages qui nous touchent dès les premières minutes. On suit pendant ces douze épisodes la relation entre Marianne et Connell, pleine de non-dits, d'éloignements et de retrouvailles, leur connexion particulière qui les attire irrémédiablement l'un vers l'autre. Je ne saurais décrire ce qui m'a fait apprécier à ce point l'évolution de leur relation au fil des années, mais je l'ai suivie avec intensité et émotion à chaque épisode.

 

     La série a l'intelligence de ne pas trop s'étirer sur la longueur, puisqu'on a ici 12 épisodes de 20 à 30 minutes chacun, qui ne représentent finalement que 5 ou 6 heures de visionnage. Mais ces heures sont intenses, passionnantes, sensibles, éprouvantes parfois. Le montage est également très efficace puisque les épisodes ne commencent pas nécessairement là où le précédent s'est terminé. Plus la série avance, d'ailleurs, et plus nous avons droit à des ellipses plus ou moins longues, pour nous montrer que cette histoire d'amour et d'amitié est avant tout une histoire de chemins qui s'éloignent ou se croisent à différents moments de la vie des personnages.

 

Normal People - Une série bouleversante

        Ce qui m'a principalement frappé, c'est le réalisme dans les diverses réactions des personnages, ainsi que la crédibilité des dialogues et des situations. Pour ceci, on peut évidemment saluer l'écriture. Sally Rooney, l'autrice du roman éponyme que je compte m'empresser de dévorer, a écrit la première moitié de la série avant de laisser les rênes aux scénaristes Alice Birch et Mark O'Rowe. Mais surtout, il faut saluer les deux acteurs principaux qui ont donné une âme et une consistance à leurs personnages respectifs. Daisy Edgar-Jones et Paul Mescal sont époustouflants d'un bout à l'autre et, même lorsqu'ils sont silencieux, ils parviennent à nous faire ressentir l'incroyable tension (amoureuse, sexuelle) et la connexion invisible qui existent entre les deux personnages. C'est palpable à chaque instant, et les acteurs parviennent en plus à rendre Marianne et Connell aussi touchants et attachants que possible.

 

Normal People - Une série bouleversante

       Au moment où j'écris ces lignes, je ressens une grande frustration. Je ne parviens pas à faire honneur à la série comme je le voudrais. Si vous lisez ces lignes, sachez qu'elles ne permettent pas d'imaginer le dixième de ce que j'ai pu vivre en découvrant Normal People. Certains épisodes sont d'une tristesse infinie et m'ont plongé dans une déprime que je n'avais pas vu venir, je pense notamment à l'épisode pendant lequel Marianne entretient une relation avec un dénommé Lukas. Je ne spoilerai pas cet épisode mais... il coupe le souffle. De même, j'ai passé l'intégralité de l'épisode 10 à pleurer, tant le travail de Paul Mescal est déchirant de vérité durant ces 20 minutes. Rien que d'y repenser, mes larmes montent à nouveau. Au-delà d'être une fascinante histoire de connexion amoureuse qui ne cherche jamais à sombrer dans les clichés ou facilités du genre, Normal People propose une étude psychologique de ses personnages à travers leur passé, leur famille, leur rapport aux événements qui viennent percuter leur vie. C'est souvent très fort, parfois brutal, toujours juste. 

 

Normal People - Une série bouleversante

       Et puis, nous avons les musiques. Pour appuyer des regards, des paroles, des silences, des situations difficiles ou romantiques, la série est parsemée de musiques toutes aussi pertinentes les unes que les autres. Je pense qu'en dehors de l'écriture et de l'interprétation des personnages (et pas seulement Connell et Marianne, car les deux mères ou les personnages secondaires comme Jamie sont tout aussi forts et subtils), la grande force de la série réside dans le traitement sonore des séquences. Les musiques apportent une intimité bouleversante à certaines scènes, et on a affaire à une BO qui marque et qui frappe juste à chaque fois. Je ne vais pas citer toutes les merveilles que Normal People a apporté à mes oreilles (et à mon corps à travers diverses sensations), mais la liste est longue. Metroma de The Sei, par exemple, est sublime. Cependant, celle qui hantera le plus longtemps mes soirées ou mes trajets en voiture sera Strange Weather d'Anna Calvi et David Byrne. Elle incarne à elle seule l'atmosphère de la série et je pense que je l'ai écoutée 20 fois depuis ce matin.

 

       Bref, Normal People est (avec Sense8) mon énorme coup de coeur de l'année en terme d'émotion. Je ne pensais pas qu'une année, deux séries viendraient détrôner tout ce que j'ai pu expérimenter avec les longs-métrages, mais c'est clairement le cas pour 2023. Je vous encourage fortement à tenter cette série si vous avez un fond de romantisme ou que vous aimez vivre des choses tout aussi puissantes que surprenantes (car la série prend des chemins parfois inattendus). Pour ma part, je n'en sors pas indemne.

 

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
W
Une de mes series préférées alors que je n'en attendais rien lorsque je l'ai commencée. J'ai du pleurer pendant six heures d'affilée en la regardant ahah
Répondre
S
Oui, c'est exactement ça ! On n'en attend rien mais c'est bien plus profond et creusé que ce qu'on pourrait penser. J'ai pas mal pleuré aussi. 😅
T
Quel plaisir de te retrouver ici !<br /> Je te suivais beaucoup à l'époque sur ce blog (et j'ai découvert beaucoup de films grâce à toi), et je n'avais pas réussi à me mettre à Vodkaster. Je t'avais même interviewé il y a quelques années pour mon mémoire de master sur la critique cinématographique, quelle joie de pouvoir te suivre à nouveau :)<br /> Au plaisir de te lire !
Répondre
S
Salut Teddy ! <br /> <br /> Ça fait plaisir de revoir des "anciens" ! J'ai peu à peu arrêté Vodkaster aussi, je n'y passe plus que pour noter les films (pour garder ça en mémoire). <br /> <br /> Merci pour ton commentaire et à bientôt par ici peut-être ;)