May December - de Todd Haynes - Critique

     Ayant vu le film hier soir, je me dépêche d'en faire la critique avant de l'avoir totalement oublié, ce qui devrait se produire dans les jours qui viennent. En effet, la probabilité que May December me marque durablement est très faible et je suis terriblement déçu par ce film dont j'attendais beaucoup plus. Natalie Portman y joue le rôle d'Elizabeth, une actrice qui passe quelques jours en compagnie de Gracie, qu'elle doit interpréter pour un rôle. Celle-ci (Julianne Moore), est en couple avec un homme qui a 23 ans de moins qu'elle, et dont les débuts de la relation avaient créé un scandale plus de 20 ans auparavant.

     May December développe plusieurs thématiques de manière assez superficielle : le travail d'une actrice, la différence d'âge dans un couple (May -> December faisant référence aux âges des personnages avec un jeune homme de "printemps" et une femme plus mûre), mais surtout la pédophilie et l'influence douteuse que peut avoir un adulte sur un adolescent. Le film est basé sur des faits réels remontant à la fin des années 90 : l'histoire de Mary Kay Letourneau qui avait été condamnée pour avoir entretenu des relations sexuelles avec l'un de ses élèves de 12 ans. Le problème de May December, c'est qu'il ne permet pas vraiment de s'attacher aux personnages ni de les comprendre, ce qui rend le film très long à suivre, voire ennuyeux par moments. La dernière demi-heure est de loin la plus intéressante puisque la présence d'Elizabeth vient chambouler l'esprit de Joe et permet quelques séquences psychologiques très intéressantes, mais j'admets que j'ai suivi les 90 premières minutes du film sans m'investir pleinement dans cette intrigue.

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      Globalement, c'est le calme plat en terme d'ambiance et de rythme. Le film ne s'autorise aucun éclat d'émotion chez les personnages, mis à part le léger sursaut de Joe dont je parlais au-dessus. A part ça, les dialogues sont assez monotones et l'essentiel de l'intrigue n'est constitué que de rencontres entre Elizabeth et les différentes personnes qui connaissent la vie de Gracie. Le personnage de Natalie Portman est donc en position d'observation pendant la majeure partie du film ; elle récolte des informations et pose des questions, mais il ne se passe pas grand-chose de plus, scénaristiquement parlant. Comme May December est principalement centré sur le personnage de Portman (puisqu'on découvre les faits et les éléments en même temps qu'elle), le spectateur est donc également en position d'observateur, ce qui s'avère assez lassant au bout d'un moment. De plus, malgré les actrices et le talent qu'on leur connait, Natalie Portman et Julianne Moore ont peu de scènes pour briller vraiment, puisque les non-dits s'accumulent et n'explosent jamais vraiment.

      En plus du rythme qui m'a rendu extrêmement passif, il y a un problème de décalage sur de nombreuses situations. Tout le monde en parle, donc je ne ferai pas l'exception : je ne comprends pas ce choix de réutiliser la musique de Michel Legrand pour ce film. En France, évidemment, la musique résonne étrangement aux oreilles puisqu'il s'agit du générique de Faites entrer l'accusé, créant une drôle de dissonance très difficile à occulter. La musique donne un côté très cheap au film, presque ridicule, avec un décalage évident par rapport aux images et aux histoires qu'elles racontent. Mais au-delà de ça, même si on parvient à faire abstraction de cette émission de faits divers, j'ai trouvé l'atmosphère sonore complètement hors de propos. La bande originale de May December ne colle pas vraiment à l'intrigue et je me suis laissé imaginer ce que le film aurait pu donner avec des musiques plus subtiles et plus émouvantes.

      Ce sentiment de décalage n'est pas seulement présent au niveau de la musique, par ailleurs. J'ai ressenti un souci concernant l'écriture des personnages ou de leurs réactions face à certaines situations, parfois complètement bizarres. A un moment (cette scène figure dans la bande-annonce), on peut voir Julianne Moore pleurer à outrance - comme elle en a l'habitude dans presque tous ses rôles - comme si son personnage venait de perdre un membre de sa famille. Désolé de spoiler mais je vous le donne en mille : Gracie pleure aussi fort notamment parce qu'elle a préparé un gâteau pour rien. Cela donne une scène ridiculement absurde.

      De même, je n'ai pas tellement apprécié le rôle de Natalie Portman dans ce film, qui nous ressort un personnage qu'elle a bien trop l'habitude de jouer ces dernières années, celui de la jeune femme séductrice mais un peu fausse et malhonnête. Je commence à saturer de la voir abuser de minauderies à chaque fois qu'on lui propose un rôle. Je comprends l'idée de l'actrice qui cherche à tout prix à vouloir rentrer dans la peau de son personnage, mais je ne vois pas l'intérêt d'en faire une femme dénuée de toute considération, notamment à l'égard de Joe, qu'elle sait fragile. 

     Bref, voici donc mon avis sur ce film que j'ai trouvé peu reluisant, peu charmant, peu palpitant, peu marquant. May December fait partie de ces films qui se voient puis s'oublient. Sans grand intérêt.