Ce nouveau film concernant l’Éducation Nationale avait de quoi allécher. La présence de François Civil, notamment, était gage de qualité, tout comme le synopsis qui aurait pu faire de Pas de vagues un Jagten (La Chasse) à la sauce française, puissant et vibrant.
J'ai adoré suivre cette intrigue d'un bout à l'autre, il faut dire qu'on ne s'ennuie pas et qu'on s'attache assez vite au personnage principal, prof de français qui enchaîne les maladresses et finira par se retrouver dans une position délicate. Malgré tout, le film manque un peu de puissance, parfois de réalisme et porte finalement bien son nom : il ne sera pas une déferlante, à l'exception d'une vague émotionnelle en fin de film. C'est plutôt dommage car un tel sujet aurait pu créer un réel débat de société sur les enseignants mais aussi sur les conditions dans lesquelles certains enfants / adolescents vivent leur scolarité. Mais ça manque d'effets percutants.
Critique analyse explication du film
Je ne saurais dire exactement ce qu'il a manqué au cinéaste pour en faire une œuvre marquante et saisissante car j'ai globalement adoré les scènes et les personnages qu'il nous propose. Un brin d'audace et d'irrévérence, peut-être. Tous les acteurs sont exceptionnels, à commencer bien sûr par François Civil qui se débrouille admirablement dans un rôle pas si facile. De même, j'ai été bluffé par les performances des "collégiens". Mallory Wanecque est une petite pépite dont les moments d'éclat sonnent très justes, jusqu'à une ébauche d'analyse psychologique qui m'a profondément touché. Lors d'une scène, elle invective son professeur depuis un escalier ; puis la situation se retourne en laissant cette jeune fille extrêmement fragilisée. L'actrice joue cette partie à la perfection, avec une grande subtilité, une douleur à peine visible, mais j'ai tout ressenti.
Attention, ce paragraphe spoile quelques éléments de la fin du film, vous pouvez donc passer au suivant.
Toscane Duquesne est également d'une grande justesse pendant l'intégralité du film, de l'instant où l'étincelle vient allumer le feu jusqu'au moment où elle se rend compte que celui-ci s'est tellement propagé qu'elle ne peut plus l'éteindre. La confrontation entre Leslie et Julien en fin de film est un moment de frisson intense, grâce à l'émotion que chacun des comédiens parvient à insuffler. J'ai trouvé la jeune actrice étonnante, surtout pour un premier rôle au cinéma. Les deux acteurs ont bien failli m'extraire quelques larmes.
Et puis, le film traite de multiples sujets autour de cette situation initiale, comme la violence au cœur des familles, le coming out ou, évidemment, le manque de soutien apporté aux enseignants par leur hiérarchie, que ce soit à travers le principal du collège qui cherche à "ne pas faire de vagues" ou le Rectorat qui restera muet face à la situation. L'analyse est plutôt fine bien que parfois trop appuyée. J'ai été dérangé, par exemple, par Émilie Incerti Formentini dans le rôle d'une collègue très peu solidaire. Elle campe un personnage tout en clichés et assez grossier, j'attendais davantage de finesse.
Bref, j'ai beaucoup aimé Pas de vagues et je vous le conseille absolument pour vous en faire un avis, même si l'ensemble reste assez sage et ne bouscule pas vraiment les sujets qu'il aborde. Il aurait pu s'imposer comme rafale d'idées et d'émotions, mais n'offre finalement pas tous les remous annoncés.