L'ultimatum des trois mercenaires - de Robert Aldrich (2/16) - Critique

      Ce deuxième participant du concours Gagne un DVD #2 m'a été proposé par goodfeles et cette proposition était très risquée. Le film se déroule en 1981 (il est sorti au cinéma en 1976) et raconte l'histoire de Lawrence Dell, un ancien général de l'Armée de l'Air US qui prend en otage une base militaire, menaçant de lancer les 9 plus gros missiles nucléaires du pays s'il n'obtient pas ce qu'il désire.

     Je précise que ce choix de goodfeles était risqué car de toutes les décennies du cinéma, je pense que la décennie 1970 est celle qui me parle le moins. J'ai beaucoup de difficultés à apprécier pleinement les images et tons de certains films (notamment à consonances militaires) de l'époque, un peu verdâtres ou grisâtres avec une photographie terne et une action molle qui ne m'enchantent pas du tout. Il faut vraiment que je sois passionné par le scénario pour pouvoir m'y plonger pleinement et, heureusement, ce fut le cas pour L'ultimatum des trois mercenaires (Twilight's Last Gleaming en version originale).

     Et si tu lis ceci, cher goodfeles, sache que ce n'était pas gagné d'avance ! Durant la première demi-heure, j'ai cru que visionner ce film serait un calvaire. Déjà que les images ne m'émerveillaient pas, mais en plus, je ne raffole pas de ces scènes d'action à l'ancienne à renforts de cascades et coups de poings risibles ou de bruitages très grossiers. J'ai donc soupiré lorsque j'ai vu que le film durait 2h24 et qu'il me restait deux bonnes heures à découvrir. Cependant...

      Cependant, l'intrigue devient de plus en plus passionnante à mesure que le film avance et je me suis investi de plus en plus dans cette histoire de chantage, de manipulations politiques, de tensions, de secrets militaires et gouvernementaux. J'ai donc fini par me prendre au jeu lorsque j'ai réussi à m'immerger dans l'ambiance sonore du film (les bruits de ventilation, etc. qu'on peut entendre dans le Silo 3 sont parfaitement rendus) et que les acteurs se sont progressivement révélés.

     Le casting est assez dingue et, même si je ne connaissais pas grand-monde parmi cette flopée de comédiens légendaires, ils m'ont tous tenu en haleine pendant les deux heures restantes. Burt Lancaster est évidemment exceptionnel avec sa gueule bien connue, mais également Richard Widmark qui semble s'amuser à jouer un militaire assez téméraire dans ses négociations. Gerald S. O'Loughlin m'a également convaincu dans la dernière partie, il a un sacré charisme. Cependant, la palme revient à mon goût à Charles Durning, impérial et émouvant dans la peau du Président des Etats-Unis qui développe au cours de l'intrigue un sens aiguisé de l'honneur et de la transparence. Il est probablement le personnage le plus passionnant du film et j'ai adoré le traitement de son personnage, tout en stress.

       L'ultimatum des trois mercenaires est passionnant sur le fond et nous plonge dans un sacré suspense durant 2h20, entre dilemmes moraux, révélations, recherche de la vérité, sécurité, tension palpable entre les différents protagonistes. Ce côté tendu est appuyé par le principe du split-screen qui est ici prodigieusement utilisé puisqu'il met en valeur la narration en temps réel. On suit le film de manière linéaire, tout en assistant aux divers événements et discussions, parfois de manière simultanée sur un écran coupé en quatre pour ajouter à la confusion qui règne dans chaque quartier général.

      Bref, c'est une très belle découverte et je remercie goodfeles pour cette proposition, sans laquelle je ne me serais probablement jamais tourné vers ce film.