Fiasco - Une série divertissante mais inégale

      Fasciné par Pierre Niney et François Civil, qui participent ces dernières années à créer un univers comique que j'aime particulièrement, j'ai enchaîné en deux jours les 7 épisodes de Fiasco, dont j'attendais beaucoup. Le série est malheureusement assez décevante en terme d'écriture, même si l'ensemble est divertissant et plutôt efficace dans le capital sympathie.

      Le problème de Fiasco, c'est qu'il se croit plus malin qu'il n'est. Ou plutôt, il prend le spectateur pour plus con qu'il n'est, et c'est problématique. Il y a une chose qui est insupportable, et qui m'étonne beaucoup de la part de l'équipe derrière la série (j'avais adoré Five et Family Business), c'est le fait de souligner et expliquer chaque blague avec une incroyable lourdeur. La plupart des jeux de mots sont explicités juste après avoir été formulés, tout comme les remarques ironiques de certains personnages. Souvent, ça passe par un personnage qui commente ce qu'il vient de se passer (à la manière d'un documentaire). Par exemple, on voit très souvent le personnage de Pascal Demolon réagir en off à ses propres répliques, comme pour dire au spectateur : "Tu as bien compris ce que cette phrase voulait dire, hein ?". J'ai eu parfois l'impression d'être pris pour un demeuré, comme si je n'étais pas capable de détecter du second degré, ou de déterminer quand un personnage ment, alors que c'est toujours une évidence.

     Il arrive même que certains personnages expliquent un jeu de mot directement dans une scène ; ça arrive très souvent et c'est extrêmement stupide. Par exemple, Raphaël déclare dans l'un des premiers épisodes : "Il faut amadouer Marianne", et j'ai explosé de rire car je trouvais le calembour très bien placé et parfaitement identifiable. Quelle fut alors ma déception de voir ensuite Jean-Marc appeler l'agent d'Amadou et Mariam parce qu'il n'avait pas compris la phrase, pour bien expliquer la blague aux quelques spectateurs qui seraient passés à côté. Il se passe la même chose un peu plus tard avec le quiproquo sur "ivoirien / ils voient rien", qui aurait pu être amusant en l'état, sauf que Raphaël passe ensuite une minute à décrire les ressorts dudit quiproquo... "Aaah oui, haha, ivoirien, ils voient rien ! Haha quiproquo". Voilà qui gâche absolument tout l'effet d'une vanne qui aurait pu être subtilement glissée. Bref, je ne vais pas faire un étalage de toutes les situations où ça se produit, mais je me suis très régulièrement senti con devant tous ces gros sabots (au moins deux ou trois fois par épisode, sans exagérer), comme si les scénaristes doutaient des capacités du public à faire preuve de finesse.

      Et ce n'est malheureusement pas le seul problème de Fiasco. Sans être une catastrophe en terme d'écriture, car l'ensemble est très bien mené et réserve des surprises, la série n'a pas du tout la folie que je m'attendais à voir avec un tel titre. On a certes quelques personnages très drôles et des situations de malaise absolument géniales, mais la trame dans sa globalité est très bancale et, surtout... très attendue ! Il n'est pas très difficile de flairer le petit "twist" de l'épisode 6 bien à l'avance, et c'en est presque rasoir car, encore une fois, on a une impression de facilité dans l'écriture. Je ne sais pas s'ils pensaient tenir ici une idée de génie, m'enfin c'était tout de même prévisible à des kilomètres.

     Au niveau du casting, par contre, on est au top de ce qu'on pouvait en attendre. Pierre Niney, bien sûr, est délicieux d'un bout à l'autre et il tient tout ce bordel sur ses épaules avec sensibilité et charisme. Pascal Demolon fait du Demolon mais ça marche très bien, François Civil fait du Civil mais ça marche très bien, Géraldine Nakache fait du.... Bon, vous avez compris, chaque comédien peine à surprendre car tous et toutes sont exactement là où on les attend, que ce soit les acteurs précédemment cités comme Djimo, Louise Coldefy ou même Vincent Cassel, mais ça fait le job. Et puis, tristement, on a l'habitude en France de voir nos comédiens jouer toujours les mêmes rôles (essentiellement parce qu'ils se jouent eux-mêmes, en général), ce qui différencie l'acting français de l'acting US, par exemple. Ce n'est pas une généralité, attention, mais c'est tout de même assez flagrant ici. Je n'ai pas cité Leslie Medina parce que je ne la connaissais pas mais la jeune femme est exceptionnelle du début à la fin dans le rôle d'Ingrid. Son regard est dingue.

     Bref, je vous conseille Fiasco si vous n'avez rien de spécial à regarder et que vous souhaitez passer quelques bons moments (parce qu'on rit quand même beaucoup), mais il ne faut pas trop en attendre en terme de subtilité, car l'écriture est très maladroite et aurait mérité plus de sagacité. Dommage.