Un professeur de lettres et écrivain raté (Martin Freeman) est troublé par le talent et l'intelligence d'une de ses jeunes élèves (Jenna Ortega). Voilà un film que je souhaitais voir depuis plusieurs mois. En effet, il est sorti aux US fin janvier en VOD et je commençais à trouver le temps long avant de le découvrir. Miller's Girl n'est toujours pas disponible en France et je n'ai réussi à trouver aucune information sur une éventuelle date de sortie chez nous. J'ignore pourquoi le film me faisait de l'œil à ce point, sans doute était-ce l'affiche que je trouvais superbe, ou le pitch qui annonçait une jolie histoire intimiste entre deux âmes perdues. Toujours est-il que j'ai souscrit à un VPN exprès afin d'accéder à Miller's Girl en VOD (en me positionnant dans un autre pays), et la déception fut à la hauteur de mes efforts.
Miller's Girl est complètement anecdotique, il ne raconte rien et n'a aucune ambition cinématographique. Le film dure 1h30 et ne développe quasiment pas ses personnages, qui passent leur temps à se tourner autour mais sans réelle cohérence dans leurs propos. Le personnage de Cairo affirme en début de film à son amie : "Tu sais que je n'ai pas envie d'être sexy, je veux juste être intelligente". Le problème, c'est que le film passe son temps à faire le contraire, puisqu'il ne met jamais réellement l'intelligence de la jeune femme en avant. Par contre, Jenna Ortega nous fait un défilé de tenues séduisantes en veux-tu en voilà, dans un look d'étudiante sexy complètement cliché et ridicule. Jamais on ne s'intéressera à la psychologie de ce personnage, ni à son talent. On nous montre uniquement ce qu'elle représente dans le regard de Miller : une tentation teintée d'admiration (qu'on peine à comprendre puisque Cairo n'a fait qu'une seule chose pour le séduire : lire son livre). Ceci pose de gros problèmes pour s'attacher ou s'identifier à Cairo, d'autant que la jeune femme est inexpressive la moitié du temps, et même détestable à la fin.
De même, on ne sait jamais vraiment à quoi joue ce personnage, car il parait improbable qu'elle soit réellement amoureuse de Miller, à moins qu'Ortega joue comme ses pieds, ce qui est possible puisqu'elle semble n'avoir été castée que pour son côté affriolant et non pour les grandes scènes d'émotion que j'aurais rêvé de voir. Son personnage restera une énigme jusqu'au bout puisqu'on ne comprend rien à ses objectifs ni à sa quête vengeresse. La fin du film est incompréhensible et sème la confusion : y avait-il vraiment quelque chose à comprendre dans toute cette histoire ? A quoi ce film a-t-il servi ? On nous impose dans le dénouement un faux moment d'émotion avec de fausses larmes et une fausse atmosphère de drama, ce qui ne colle pas avec cette intrigue des plus anecdotiques.
Certes, certaines séquences sont assez jolies notamment au niveau des couleurs et des tons, mais là encore le film est gâché par des ambiances foireuses. La musique y est pour beaucoup dans ce fiasco, on a parfois l'impression d'être à mi-chemin entre un film Disney et une série ras-des-pâquerettes pour adolescents. Les atmosphères musicales sont affreusement ratées, on peine parfois à comprendre le rapport entre ce qu'on voit et ce qu'on entend, certains morceaux m'ont même fait froncer les sourcils tant ils étaient malvenus. Tout ça ne relève donc pas un scénario complètement aux fraises, malgré quelques passages plutôt bien mis en scène, mais ils sont rares.
Au niveau du casting, Martin Freeman ne surprend pas beaucoup, il reprend ses mimiques habituelles, ses sourires de fragilité, ses attitudes d'homme honnête et droit. Son personnage d'écrivain raté, à peine effleuré, souffre de problématiques qui ne seront jamais résolues. Jenna Ortega, comme je le disais plus haut, est totalement fade et passe à côté de son personnage en permanence. On se contrefout de Cairo. Même ses peines sonnent faux, car le personnage apparait en fin de compte comme une manipulatrice alors que ce n'était pas l'essence du personnage à la base. Il n'y a guère que Dagmara Domińczyk pour apporter un peu de piment à cette intrigue dans le rôle de la femme de Miller, désagréable à souhait. Malgré tout, cette femme est aussi un cliché ambulant, parfois mal interprétée à cause de dialogues surécrits auxquels on ne croit pas.
Bref, je me suis fait chier à trouver un moyen de regarder Miller's Girl car je croyais dur comme fer en ses qualités et en son potentiel pouvoir de poésie romantique, mais je me suis retrouvé devant une romance élève-prof à deux balles qui ne raconte rien, ne va nulle part et ne tente aucune compassion envers ses personnages. Je ne comprends ni le projet, ni le propos du film en l'état. C'est une œuvre inutile, superficielle, que je vous déconseille grandement.