Bien que la peinture ne soit pas mon art de prédilection, le projet unique de François Royet m'a suffisamment intrigué pour découvrir Par-delà les silences. Le réalisateur a filmé le peintre Charles Belle durant 16 ans, puis a condensé ses images dans ce documentaire de 80 minutes. Le film n'a pas pour vocation d'être explicatif, il s'agit davantage d'une expérience sensorielle et contemplative qui nous permet de comprendre le processus de création d'une œuvre d'art, et de nous faire entrevoir les sensations qui se cachent derrière l'œil de l'artiste.
Par-delà les silences est un documentaire sans voix-off, François Royet nous laisse nous imprégner pleinement du travail de Charles Belle. Les images, à défaut d'être commentées, sont accompagnées de musiques, de silences, ou simplement de la respiration du peintre, parfois plongé en pleine réflexion, seul devant ses grandes toiles (certaines atteignent 10 mètres de long). Entre coups de pinceaux, jets de peinture et traits de fusain, le réalisateur nous montre l'énergie, le temps, mais surtout la créativité déployée pour façonner au fil des heures la vision d'un artiste.
Nul doute que le montage du film a nécessité un travail titanesque, puisque le réalisateur confie avoir parfois produit plus de 20 heures de rushes pour suivre l'évolution d'une seule œuvre. Pourtant, le résultat est élégant et fluide, à tel point qu'on ne remarque pas les 16 années qui s'écoulent en l'espace d'une heure. A l'aide de timelapses ou de morphings, François Royet nous montre parfois les étapes de création d'une toile en accéléré, offrant alors au spectateur une œuvre d'art cinématographique par-delà l'œuvre picturale.
Qui plus est, Par-delà les silences nous emmène hors des sentiers battus, puisqu'on suit également le peintre en excursion dans la forêt, s'adaptant aux éléments ou à la météo pour accomplir ses œuvres au gré de ses sensations.
Le film est sorti le 28 août 2024 en salles, mais il sera rediffusé ce dimanche 10 novembre, ainsi que le suivant, au cinéma Saint-André-des-Arts à Paris. Je n'ai pas l'occasion de le voir dans ce cadre, puisque j'écris cette critique depuis une toute autre région, mais je vous conseille d'y jeter un coup d'œil si vous êtes sensible à la peinture et que vous en avez l'opportunité.