Conclave - d'Edward Berger - Critique

Conclave - d'Edward Berger - Critique

      Alors que le Pape vient de s'éteindre, un conclave est organisé pour élire son successeur. Durant 1h50, Edward Berger nous plonge dans les coulisses d'une élection dont le protocole et les stratagèmes sont traditionnellement cachés au public. Le film vaut le détour même si vous n'avez aucun lien, ni aucun intérêt pour la politique religieuse, car il s'agit avant tout d'un film d'enquête plutôt prenant à suivre, sous forme de huis clos.

 

Conclave - d'Edward Berger - Critique
Conclave - d'Edward Berger - Critique

      Je suis assez surpris de lire ici et là que Conclave est une plongée inédite dans le monde secret des cardinaux et de l'élection papale alors que plusieurs films de qualité ont déjà traité ce sujet auparavant. Je ne peux que conseiller à tous ceux et toutes celles que ça intéresse le film Anges et Démons, réalisé par Ron Howard et issu du best-seller littéraire de Dan Brown. Si le livre est un petit chef d'œuvre de suspense et de mystère, je trouve le film extrêmement sous-coté, à tel point que j'ai décidé de l'ajouter à mon top 500 aujourd'hui. Anges et Démons nous dévoilait déjà les coulisses du conclave, même s'il était enrobé de toute une enquête policière qui nous en sortait régulièrement. C'est un thriller haletant et passionnant que je vous recommande.

 

Conclave - d'Edward Berger - Critique

      Ceci étant dit, Conclave est, lui aussi, une excellente reconstitution des rouages du Vatican. Je suis toujours épaté par les décors de ce genre de productions, étant donné que le Vatican interdit toute autorisation de tournage sur son territoire. Pour Conclave, les décors ont été reproduits non loin de l'état papal, à Cinecittà. Le travail sur les costumes est également exceptionnel, et c'est à mon goût l'un des atouts du film. Tout est majestueux et magnifique, aussi blanc que la neige ou rouge que le rubis. Chaque vêtement est immaculé, d'une propreté parfaite, tout semble aussi pur que l'âme des cardinaux... mais en apparences seulement. Car là est tout le propos du film : malgré la prétendue pureté de ces hommes de foi, c'est le vice et la manipulation qui prend le dessus. Sous les belles apparences se cachent des stratégies, des coups bas, voire des pensées prônant l'intolérance, ou guidées par l'avidité.

 

Conclave - d'Edward Berger - Critique

       Conclave est un délice à suivre, car le film enchaîne les rebondissements et les révélations, les trahisons et les manipulations, ce qui montre ces cardinaux aussi faibles et corruptibles que de vulgaires hommes politiques. Fort heureusement, quelques personnages permettent au statut de cardinal de garder une certaine aura, mais on s'amuse de voir chacun d'entre eux placer ses pions, dans une lutte qui semble davantage servir un intérêt individuel que commun.

 

      L'ensemble du casting est proche de la perfection, j'ai été ravi de retrouver Stanley Tucci, acteur caméléon totalement sous-estimé et qu'on voit trop peu au cinéma. Ralph Fiennes, évidemment, est impérial et tient le film d'un bout à l'autre dans le rôle de l'enquêteur qui s'immisce dans chaque conversation, dans chaque complot, en quête de pure vérité. De même, John Lithgow, Carlos Diehz, Lucian Msamati et Sergio Castellitto sont crédibles dans les rôles de quatre cardinaux qui partagent la même ambition, mais pas les mêmes idées. Régulièrement, Conclave met en évidence leurs faiblesses et chaque acteur a droit à sa scène forte, dans laquelle il peut tirer son épingle du jeu. Chaque personnage a sa propre personnalité et la narration, très claire, ne nous embrouille jamais l'esprit.

 

Conclave - d'Edward Berger - Critique

      De même, Isabella Rossellini est exceptionnelle dans l'un des rares rôles féminins du film, mais pourtant capital. Le principal sujet de Conclave, d'ailleurs, est probablement la place des femmes dans ce monde ultra patriarcal (le monde de l'Eglise), probablement même l'un des plus patriarcaux de notre société. A ce titre, le film est parsemé de petites touches subtiles qui permettent de donner aux femmes une place dans ce conclave. C'est fin et jamais appuyé, simplement en arrière-plan. Cette absence de lourdeur rend le film plutôt intelligent, jusqu'à un dénouement qui pourra faire grincer des dents mais qui est aussi logique que magnifique après 1h30 de discussions sur l'intolérance. 

 

      Cependant, malgré toutes les qualités que je mets en avant, Conclave n'est pas dénué de défauts pour autant. Même si on ne s'ennuie jamais, j'ai trouvé quelques ressorts scénaristiques un peu forcés ou peu cohérents, comme la découverte miraculeuse qui a lieu dans une chambre. L'intrigue ne manque pas de rebondissements, certes, mais on comprend assez rapidement comment les cardinaux en tête de liste vont être discrédités les uns après les autres, ce qui laisse assez peu de place à la surprise. Au bout d'un moment, il y a comme un sentiment de répétition et de lassitude. Qui plus est, certains personnages sont dénués de nuance, notamment le cardinal Tedesco. Pour ces raisons, je ne considère pas le film comme un chef d'œuvre ou une claque particulièrement mémorable. Disons simplement que Conclave est un film d'enquête palpitant et original, qui brille par sa fin géniale et son côté huis clos très efficace.

 

 

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