White bird in a blizzard - de Gregg Araki - Critique

      Grâce à Sami et sa proposition suite à sa dernière victoire, je viens de découvrir un superbe drame, et ce n'était pas gagné d'avance étant donné que j'ai des difficultés avec Gregg Araki et sa thématique de la sexualité adolescente, mais aussi avec Shailene Woodley que j'ai toujours trouvée insupportable, et Eva Green qui me gêne souvent pour son surjeu. Qu'en est-il alors ?

      J'ai adoré. White Bird est le dernier film d'Araki, qui n'a bizarrement sorti aucun long-métrage depuis 10 ans. Dans ce drame, il aborde la psychologie d'une jeune femme de 17 ans, Kat, dont la mère a disparu sans laisser de trace du jour au lendemain. Semblant totalement détachée de cet abandon soudain, l'affaire va tout de même la remuer inconsciemment, jusqu'à ce qu'elle commence à chercher la vérité. 

      White bird in a blizzard est un joli film, tout d'abord grâce à sa BO absolument sublime du début à la fin. Les musiques apportent une atmosphère 80's intime et feutrée, nous permettant d'entrer au plus profond des émotions contradictoires de Kat, mais aussi de nous inonder de séquences atmosphériques qui ne sont pas sans rappeler un Donnie Darko. En début de film, Araki prend également le temps de nous offrir des plans fixes silencieux qui traduisent le climat qui règne sous ce toit. La bande sonore est soignée. 

       Parlons du casting, car il va bien falloir que j'avoue mes torts. Shailene Woodley est exceptionnelle durant 1h30, je me suis senti proche du personnage, essayant de comprendre ses traumatismes, partageant ses doutes et sa colère dissimulées sous des airs de nonchalance. On a ici une gamine qui veut grandir, mais qui en est empêchée par de lourdes cicatrices invisibles. L'actrice m'a totalement conquis et je suis prêt à la reconsidérer en explorant sa filmographie. Quant à Eva Green, c'est la grande classe. La comédienne incarne ce personnage à la perfection, à la fois mère toxique et épouse dépressive du passé, mais aussi fantôme effrayant du présent. Chaque scène avec elle est mémorable grâce à sa présence complètement dingue. J'en suis parfois resté sans voix. Côté masculin, Christopher Meloni va également beaucoup me marquer par sa posture identique tout au long du film : celle d'un père abattu et mystérieux.

      Là où Gregg Araki fait fort, c'est qu'il parvient à brouiller les pistes en semant de nombreux indices. La psychologie des deux femmes est traitée à merveille, que ce soit dans l'attitude d'Eve qui désire clairement fuir cette vie qu'elle déteste, que dans celle de Kat qui a souffert à la fois de la présence et de l'absence de sa mère. Le film nous présente l'ensemble des violences, psychologiques ou physiques, qui peuvent se produire sous le toit d'une famille et détruire (à retardement) la vie d'une adulte en devenir. Je n'en dirais pas plus pour ne pas spoiler, mais le processus de guérison de Kat est passionnant et cohérent avec son personnage et ce qu'elle a subi. Encore une fois, Shailene Woodley est étonnante.

      Certaines séquences font écho à des films comme American Beauty, que ce soit dans le visuel (image ci-dessus) que dans les thématiques : parents défaillants, crise de la quarantaine, jeunesse qui paie les pots cassés. Le réalisateur en profite pour assaisonner son film de couleurs pimpantes, avec un style visuel qui lui colle à la peau. Parfois, on a droit à ces lumières de néons rouges ou bleues qui ne trompent pas : on est bien dans un film d'Araki. 

     Bref, j'attends quelques jours pour savoir si White Bird m'aura marqué au point de le placer dans mon top 500, mais j'ai le sentiment que c'est le cas. Quoiqu'il en soit, je remercie Sami pour m'avoir fait découvrir ce drame que je vous conseille fortement.