Quelques films en vrac #53

Quelques films en vrac #53

      Critique rapide de quelques films vus récemment : j'ai enfin repris le visionnage de nouveaux films et je commence doucement à rattraper mon "retard" concernant mes objectifs du mois dernier. Il me reste plus que les deux films de Lynch pour boucler le mois de février, et j'ai hâte de les découvrir.

 

Perfect days (Wim Wenders - 2023)

Quelques films en vrac #53

     Ce film qui a presque fait l'unanimité en 2023 m'a laissé sur le carreau. Malgré son ton léger tout à fait appréciable, sa photographie parfois magnifique (les plans dans la chambre notamment), et ses acteurs fabuleux, Perfect Days manque de rythme et de propos : je vais oublier le film aussi vite que je l'ai vu. L'aspect répétitif de l'ensemble est à la fois une force et une faiblesse, le principe s'essouffle très vite. J'ai juste eu l'impression de suivre la vie banale d'un type sur fond de musique rock des années 70 histoire de faire cool (j'ai levé les yeux au ciel sur "Perfect Day" de Lou Reed). J'ai davantage vu le film comme une manière de porter un regard négatif sur la nouvelle génération, un peu comme si Wim Wenders venait nous dire, tel un boomer, qu'il vaut mieux lire et profiter de la nature, que les cassettes audio étaient plus cool que Spotify, et que la valeur du travail n'existe plus chez les jeunes (le personnage principal lave les toilettes de manière extrêmement consciencieuse alors que son collègue est le cliché de l'ado débile). Bref, Perfect Days sonne comme le discours moralisateur d'un cinéaste au crépuscule de sa vie, j'en retiendrai surtout les séquences de rêves qui sont, pour le coup, vraiment sublimes en terme d'atmosphère. Pour le reste, j'ai ronflé.

 

Le cercle rouge (Jean-Pierre Melville - 1970)

Quelques films en vrac #53

      Je m'en suis toujours fait une montagne et je craignais d'être déçu, mais non : Le cercle rouge est bien le chef d'œuvre qu'on m'avait décrit. En 2h20 qui passent à une vitesse dingue, j'ai savouré les images de Melville, les moments de silence, les atmosphères douces et sombres. Le casting est exceptionnel, à commencer par André Bourvil que j'adore voir dans des rôles sérieux comme celui-ci, montrant que son talent va bien au-delà des rôles de benêts pour lesquels il est resté célèbre. Alain Delon, évidemment, a la classe ultime avec un style et un personnage qui rappellent celui qu'il avait eu dans Le Samouraï, réalisé quelques années plus tôt par le même réalisateur. J'ai été surpris de voir Gian Maria Volonté dans un film français, j'ignorais même qu'il parlait la langue (je le connaissais uniquement pour ses rôles chez Sergio Leone). En dehors du casting, Le cercle rouge brille pour son ambiance et sa mise en scène magistrale. Chaque plan semble calculé, chaque angle de caméra a un sens, tout comme le montage qui frise souvent le génie. Bien que la fin du film est légèrement spoilée par la citation d'ouverture du film, j'ai adoré suivre cette aventure de malfrats et je vous conseille cette pépite de Melville si vous ne l'avez pas encore vue.

 

Locke (Steven Knight - 2013)

Quelques films en vrac #53

      Ivan Locke est au volant de sa voiture, prêt à vivre un événement qui va bouleverser sa petite vie tranquille. Durant 1h15, il va tenter d'y mettre de l'ordre en enchaînant les coups de téléphone, alors qu'il risque de tout perdre : sa situation confortable, sa famille, son travail. Je suis particulièrement fan de ce genre de cinéma, où tout se passe au même endroit en temps réel. Ici, Tom Hardy tient le film tout seul et il livre une sacrée performance. Son trajet en voiture est palpitant, plein de rebondissements, on ne s'ennuie pas une seconde car le rythme ne baisse jamais. Parfois, l'ensemble paraît un peu exagéré, car Locke n'a quasiment aucun moment de répit : dès qu'une communication se coupe, le téléphone sonne à nouveau. Cependant, malgré ces légères incohérences, Locke est prenant et nous maintient captivés jusqu'à la fin. Un joli film-concept que je vous conseille pour la curiosité.

 

 

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Z
Il est fort possible que Gian Maria Volonte parlait la langue francaise ; par contre c'etait le propre du cinema italien et europeen de cette epoque de tourner souvent sans aucune prise de son directe, et de doubler tous les dialogues en post-production. Ca rendait les productions plus faciles et ca permettait des castings internationaux, comme ici. Jean-Pierre Melville raffolait de ce procede de post-synchronisation, donc il y a aussi de grandes chances que Gian Maria Volonte ne parlait pas le moindre mot de francais, mais que c'etait concretement sans importance. De souvenir ce n'est pas sa voix que l'on entend dans le film, mais celle d'un doubleur.
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S
Salut Zering, <br /> <br /> Merci pour cette info, je n'avais pas poussé la recherche, je me suis contenté d'observer ses lèvres et ça semblait coller à la voix !
R
Je te trouve sévère avec Perfect Days.<br /> La première fois, j'avoue qu'il m'avait laissé à moitié en dehors, mais je l'ai revu, et tout en maintenant certaines réserves, je l'apprécie bien plus après cette deuxième vision.<br /> <br /> Pour moi, s'il me semble indéniable que Wim Wenders est fasciné par la culture "zen", et cette manière de vivre au présent chaque instant, je trouve qu'une partie de la critique a pris trop au premier degré cette histoire d'une personne qui "aime son travail", qui "vit heureux au jour le jour". Parce que le film traite ou voudrait traiter (bon, c'est mon avis...) autant voir même plus des immenses fêlures que le personnage veut masquer derrière sa manière d'être au monde.<br /> Et tout ça éclate un peu dans le dernier plan, qui est un faux plan heureux, puisqu'il dit en même temps la beauté, celle d'une belle voix qui chante une belle mélodie dans un beau plan, et avec un bel acteur à l'écran ; mais aussi et sans doute même de manière plus flagrante l'aliénation et la névrose qui sont refoulées par le personnage.<br /> <br /> Fondamentalement, j'ai eu le sentiment de voir un personnage d'hypersensible qui sortait d'années à reconstruire une vie en paix loin d'une famille riche oppressive, voir son vernis se craqueler et la réalité oppressante du monde l'engloutir. Voir le quotidien d'un homme était une fausse promesse en fait. Enfin, c'est mon impression.
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S
Oui voilà, je crois que t'as trouvé le mot juste : Perfect Days est un peu trop bien-pensant. Je reconnais que la bienveillance est agréable, mais là ça me semblait presque naïf, un peu comme si Wenders inventait l'eau chaude. A retenter.<br /> <br /> J'étais passé à côté de Card Counter parce que les avis étaient beaucoup trop mitigés à l'époque (de mémoire), mais je note merci !
R
Après, c'est vrai qu'il y a un côté un peu saoulant à ce qu'un film devienne une "encyclopédie musicale" haha !<br /> <br /> Le personnage m'a beaucoup fait penser à celui du Card Counter de Paul Schrader, avec Oscar Isaac dans le rôle, je ne sais pas si tu l'as vu.<br /> Bon, le film de Schrader en dévoile plus sur le personnage, et attention, parce que c'est quand même très dur, mais fondamentalement, leur manière de traverser leur vie dans une névrose permanente du contrôle est similaire.<br /> Le film de Wenders est peut-être un peu plus complexe, un peu plus bien-pensant aussi dans son regard bienveillant, alors que le film de Schrader frappe droit dans le lard avec ses allusions politiques !<br /> Du bon ciné américain des années 70 égaré dans les années 2010 !
S
Oui, c'est possible qu'un deuxième visionnage améliorerait mon impression ! Je n'ai pas vraiment passé un mauvais moment d'ailleurs, t'as raison sur le fait que ma critique est dure. C'est surtout un sentiment de frustration je pense, j'aurais aimé savoir ce qui a séparé cette famille, pourquoi l'atmosphère est si tendue entre eux, pourquoi il est si isolé. Je le retenterai dans quelques années.