Le Cabinet du docteur Caligari - de Robert Wiene - Critique

      Ce film de 1920 est emblématique dans l'Histoire du cinéma pour plusieurs raisons. Il est l'un des pionniers du cinéma expressionniste allemand, mais il est aussi considéré comme l'un des tous premiers films d'horreur psychologique. Le Cabinet du docteur Caligari dure 1h15 et raconte l'histoire d'un hypnotiseur fou qui se sert d'un somnambule pour commettre des meurtres. Un petit bijou en matière d'ambiance et de décors, magnifié par la restauration récente.

       La restauration 4k date de 2014 et elle est sublime. On a affaire ici à une prouesse de la Fondation Murnau qui a fait un travail exceptionnel en s'appuyant sur diverses copies du film, qui étaient incomplètes ou évidemment usées par le temps. Rien de tout ça ne transparait à l'image lorsqu'on découvre la version restaurée, l'image est impeccable, les teintes fidèles à ce qu'on voyait à l'époque en terme de colorisation, et la musique parfaitement dans l'esprit de ce qu'a pu être l'original à sa sortie. 

      Le Cabinet du docteur Caligari étonne par son scénario très construit, avec notamment un narrateur et même un retournement final (l'un des premiers de l'Histoire) qui a certainement inspiré bien des cinéastes par la suite (spoiler : on pense au twist de Shutter Island). Malgré tout, ce qui impressionne le plus est l'originalité des décors qui apportent au film son atmosphère étrange ou dérangeante. Entièrement peints à la main sur de grandes toiles ou des panneaux de bois, les décors sont saisissants, presque cauchemardesques. Tout est déformé, anguleux, tordu. Encore une fois, on pense aux diverses inspirations que Robert Wiene a pu déclencher, l'exemple évident étant le style de Tim Burton. Portes de travers, sans parallélisme, murs penchés ou obliques, escaliers et ponts en zig-zags, tout traduit la folie et l'angoisse, ce qui vient compléter la thématique de l'asile de fous. Tout ceci prend d'ailleurs tout son sens après le twist final, puisque nous sommes comme plongés dans l'esprit d'un homme mentalement dérangé.

      Si on rajoute à ça des jeux d'ombres typiques de ce cinéma d'horreur, mais aussi une construction narrative étonnante pour l'époque (flashbacks), tout ceci contribue à faire du Cabinet du docteur Caligari un film important du 7e art. Je suis donc ravi de l'avoir découvert, et je vous encourage à sauter le pas si vous ne l'avez toujours pas vu.

     Il est disponible directement sur Youtube, je vous partage le film ci-dessous mais pensez à mettre la qualité sur 1080p car le lecteur intégré a tendance à sélectionner automatiquement autre chose.